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Tournée des lieux les plus hantés de l’Université McGill

Photo: Yves Provencher/Métro

Au cœur du centre-ville de Montréal, McGill est une des universités les plus anciennes du Canada… et, selon le professeur d’histoire et dramaturge Donovan King, c’est aussi une des institutions les plus hantées. Dans le cadre des promenades Jane du Centre d’écologie urbaine de Montréal, M. King organise dimanche une tournée des lieux mystérieux du campus. L’événement affiche complet, mais Métro a pu faire avec lui le tour de l’histoire folklorique du «McGill hanté».

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Carte du campus de l’Université McGill et des édifices visités par Métro (en vert). À gauche, la maison Duggan. En bas, le Cercle universitaire (Faculty club). En haut à droite, la bibliothèque Schulich de sciences et d’ingénierie.

La maison Duggan

ACTU - McGill - Maison Duggan1

Ce bâtiment, qui appartient aujourd’hui à la Faculté d’éducation, a été construit à partir de pierres provenant des ruines du château de Simon McTavish, le voisin et ami du fondateur de l’université, James McGill.

«L’histoire de McTavish, un des fantômes les plus célèbres de Montréal, est une de mes  préférées. Selon moi, c’est l’équivalent montréalais de la légende de Sleepy Hollow», affirme M. King.

Écossais d’origine, comme son ami McGill, McTavish arrive à Montréal en 1775 et devient rapidement un des hommes les plus riches du Canada. Arrogant, intransigeant de nature, il exige qu’on l’appelle «le Marquis». Il sera le seigneur de Terrebonne jusqu’à sa mort.

À 43 ans, il épouse la jeune Marie-Marguerite Chaboillez, fille d’un riche marchand local, qui n’a alors que 18 ans. Il l’emmène d’abord vivre à Londres, mais elle a la nostalgie de son pays natal. Pour la consoler, McTavish lui promet qu’il lui construira un château sur le mont Royal.

Inspiré des demeures des barons écossais, l’imposant château est visible, durant sa construction, à partir du Vieux-Port.

En 1804, alors qu’il supervise les dernières étapes de la construction, McTavish prend froid. Travailleur invétéré, il ignore les conseils de son médecin, qui lui suggère de rester au lit. Son rhume dégénère en pneumonie, et il meurt subitement, avant même d’avoir pu voir son château complété. Il est enterré dans un mausolée sur le mont Royal.

McGill - Maison Duggan

«Tout le monde a été choqué par sa mort, parce que le château était presque terminé. C’était comme de voir son rêve éclater en mille miettes», illustre M. King.

Sa jeune femme se remarie rapidement avec un officier britannique et quitte le Canada. Le château est abandonné, inachevé. Au fil des années, il se transforme en ruines.

«Dès l’ouverture de l’Université McGill en 1821, les rumeurs courent qu’il y a un château hanté sur le campus», affirme M. King. Certains prétendent qu’on peut voir le fantôme de McTavish danser sur le toit des ruines du château la nuit. D’autres entendent des bruits inexplicables qui semblent provenir du bâtiment.

Friands de ces histoires effrayantes, les membres du club de raquette de l’université organisent régulièrement, à l’époque, des expéditions nocturnes vers le mausolée de McTavish, juché sur la montagne. Un soir, ils décident d’y pénétrer.

«C’était la goutte qui a fait déborder le vase! À partir de ce moment-là, dit-on, on a pu voir McTavish, par les nuits de pleine lune, glisser sur le mont Royal – pas en toboggan ni en traîneau, mais dans son propre cercueil!» s’exclame M. King.

McTavishGravure du 19e siècle montrant Simon McTavish dans son cercueil (à gauche) lors d’une course de toboggan avec un malheureux champion montréalais.

La légende a même inspiré un conte de l’écrivain britannique E. C. Bockus, qui met en vedette une course de toboggan entre un champion métis de la glisse et un Simon McTavish squelettique dans son cercueil.

Selon la rumeur, McTavish hanterait aujourd’hui la maison Duggan, puisqu’on a utilisé les pierres de son château pour la construire.

Cercle universitaire de McGill (Faculty Club)

ACTU - McGill - Faculty club

Sis sur la rue McTavish («la deuxième rue la plus hantée à Montréal, après la rue Saint-Paul», affirme M. King), cet édifice abrite le Faculty Club (Cercle universitaire), normalement réservé aux professeurs.

Le bâtiment, construit en 1866, était à l’origine la luxueuse résidence du baron d’origine allemande Alfred Baumgarten, magnat du sucre et propriétaire, entre autres, d’une des premières piscines intérieures et du premier éclairage électrique de la ville. Mis au ban de la société en raison du sentiment anti-allemand qui naît durant la Première Guerre mondiale, Baumgarten meurt «brisé» en 1919.

Par la suite, les gens qui travaillent dans la demeure du défunt observent des événements bizarres : portes qui claquent sans raison, ascenseurs qui bougent de leur propre gré et boules de billard qui se déplacent «comme si une partie de billard avait cours entre des personnes qu’on ne peut pas voir», relate M. King.

Des appels mystérieux au Département des ressources humaines de l’université sont supposément effectués à l’aide du téléphone du Faculty Club, tard la nuit, alors que personne ne se trouve sur les lieux…

Un mystère résolu
ACTU - McGill - Chats

On n’aurait aucun mal à attribuer les mystérieuses empreintes de chat qu’on peut observer dans les briques du mur nord du bâtiment à des félins démoniaques, mais M. King a une explication plus simple à offrir: à l’époque, on faisait sécher les briques au soleil, et des chats en auraient profité pour se balader sur la pierre chaude.

La bibliothèque Schulich de sciences et d’ingénierie

ACTU - McGill - bibliothèque Schulich2

Selon M. King, l’ancien édifice de physique Macdonald, construit en 1893, est maudit depuis 1945. «Sur le campus, on entend des rumeurs selon lesquelles un sort aurait été jeté sur le bâtiment. On prétend que dame Nature veut le détruire, raconte-t-il, ajoutant que l’édifice subit perpétuellement des réparations. Il a été entièrement rénové en 1982, et pourtant il tombe encore en ruines.»

C’est que le père de la physique nucléaire, Ernest Rutherford, y avait aménagé son laboratoire, et c’est là qu’il a découvert les principes qui ont mené à la fission de l’atome, et, par conséquent, à la bombe atomique. «La nature est tellement fâchée de ce qu’on a découvert ici qu’elle veut effacer toute trace du bâtiment», ajoute M. King.

Selon la rumeur, un journaliste du quotidien The Gazette aurait trouvé le successeur du professeur Rutherford, J. S. Foster, dans un état catatonique dans le sous-sol du bâtiment, le jour où a éclaté la première bombe atomique, le 6 août 1945. «Le professeur frappait nerveusement une table du poing. Il avait un regard vague et se parlait à lui-même comme un homme fou: “Tout ça a commencé ici, dans ce bâtiment… », répétait-il», raconte M. King.

Le reporter aurait alors pris ses jambes à son cou.

Les promenades Jane
Du 1er au 3 mai, le Centre d’écologie urbaine de Montréal offre toute une série de promenades pour mieux découvrir les quartiers de Montréal.

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