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Tenter une meilleure cohabitation entre juifs et non-juifs à Outremont

Photo: Collaboration spéciale

Des citoyens et des organismes outremontais mettent en place depuis deux ans des initiatives pour tenter de faire une brèche dans le monde hermétique des hassidim. Des efforts soutenus, dont les résultats se font encore attendre.

«Nous sommes voisins, alors il faut tenter de vivre en harmonie sans clivage culturel ou communautaire, explique Claire-Isabelle Mauffette, la présidente de l’organisme Outremont en famille. Nous tentons d’attirer la communauté hassidique. Jusqu’ici, les résultats sont minces, mais on ne lâche pas.»

«Bien que nous soyons dans une période relative d’accalmie, nous nous questionnons régulièrement sur la question de la cohabitation, explique la mairesse, Marie Cinq-Mars, qui souligne avoir traversé de nombreuses périodes de crise durant les 32 années où elle a habité Outremont.

Elle rappelle qu’à une époque, il y avait un comité de relations intercommunautaires. «Est-ce que l’on devrait le remettre sur pied si ce que l’on désire c’est d’augmenter le dialogue, se questionne-t-elle. Je crois que nous avons plutôt besoin d’une panoplie de petites initiatives initiées par la communauté.»

Initiatives de plus en plus fréquentes
Depuis deux ans, la Foulée des parcs organisée par Outremont Famille offre un parcours de 2 kilomètres avec poussette et propose la marche à pied. «Ce qui s’adresse directement aux mères de la communauté hassidique», précise Mme Mauffette qui souligne que cette option, instaurée il y a deux ans, n’a pas encore eu la popularité escomptée.

De son côté, Raymond Cloutier, le directeur général du Théâtre Outremont a tenté de faire de son théâtre un lieu où tous seraient les bienvenus. Il s’est rapidement rendu compte que de nombreuses règles empêchaient les hassidim de prendre part aux activités.

«Nous avons projeté le film Shekinah, une incursion dans une école pour jeunes filles ultra-orthodoxes, il y avait quelques rabbins, des juifs ultra-orthodoxes et beaucoup de juifs non-orthodoxes, nous avons fait salle comble, raconte-t-il. Mais ça a été assez compliqué et depuis, je n’ai rien pu faire d’autre puisque les hommes et les femmes ne peuvent être assis dans la même salle.»

Créer un pont entre la communauté hassidique d’Outremont et les non-juifs n’est pas chose facile, mais tous les intervenants contactés s’entendent pour dire que les efforts doivent être faits des deux côtés.

««Nous nous sommes habitués à vivre en parallèle, explique Mme Mauffette. Nous devons trouver le point d’intérêt commun entre les différentes communautés de notre arrondissement et focaliser là-dessus.»»

Le spécialiste des religions juives, Julien Bauer, spécifie que le vivre ensemble c’est aussi de savoir où sont les limites des différentes communautés.

«Il faut comprendre qu’aussi ouverte qu’elle désire être, cette communauté est refermée sur elle-même, souligne-t-il. Il ne faut pas interpréter ça comme du mépris.»

Des résultats positifs
Cette année, l’organisatrice de la Fête des voisins de l’avenue Durocher, une autre activité chapeautée par Outremont en famille, a essayé d’attirer l’attention de ses voisins en incluant une phrase en yiddish dans l’invitation envoyée aux résidents de l’avenue.

Durant la soirée, des résidents de tous âges et de toutes nationalités confondues se sont partagés la rue en prenant part à un match d’hockey improvisé.

L’année prochaine les voisins de l’avenue Durocher prévoient organiser un BBQ cachère pour s’assurer que, cette fois-ci, tous puissent aussi partager le repas.

Selon l’enquête nationale auprès des ménages, réalisée par la Fédération CJA, entre 2001 et 2011 Outremont faisait partie des quatre secteurs de l’île de Montréal où la population juive était en croissance. En 2011, les juifs représentaient 20% de la population d’Outremont.

À lire: La boulangerie heimishe Cheskie : lieu de rencontre des différentes communautés d’Outremont.

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