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Des parents musulmans s’opposent à l’éducation sexuelle

Les cours d’éducation sexuelle obligatoires que s’apprête à imposer dans les écoles le ministère de l’Éducation soulèvent de nombreuses inquiétudes dans la communauté musulmane d’Ahuntsic-Cartierville. Des parents de l’école Louisbourg veulent soustraire leurs enfants à ces cours qui seront généralisés en 2017.

«Beaucoup de parents sont venus me demander comment ils pouvaient soustraire leurs enfants ce ces cours, prévient Yousra Abassi, présidente du conseil d’établissement de l’école Louisbourg, de Cartierville. Ils ne savent pas comment faire, mais ils ont parlé de lettres à adresser aux autorités.» Mme Abassi ne cache pas que ce sont des parents de confession musulmane.

L’établissement est situé dans un arrondissement dont plus du tiers de la population immigrante est originaire de pays dits musulmans.

«La majorité des parents de mon école sont contre l’éducation sexuelle en classe», observe Mme Abassi.

Les cours d’éducation sexuelle devraient être généralisés en 2017. Actuellement un projet pilote, d’une période de deux ans, a débuté dans une quinzaine d’écoles. Il s’adresse à 8200 élèves. Si les écoles participantes sont volontaires, les élèves sont obligés d’assister à ces cours.

«Personnellement, je trouve qu’imposer une éducation sexuelle unique aux citoyens touche à la vie privée», souligne Samer Elniz, directeur du centre communautaire Laurentien, un centre islamique et une mosquée situés à Cartierville. Il indique toutefois, qu’il s’exprime en son nom personnel et veut maintenir son centre communautaire loin de ce débat.

Arguments
Mme Abassi se dit elle-même favorable à ce genre de cours. «Il y a des parents qui considèrent que cet enseignement est utile alors que les enfants sont exposés à ce genre d’information sans contrôle.»

Elle est soutenue par Marie-Paule Desaulniers, professeure associée au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières, auteure notamment de «l’Éducation sexuelle – fondements théoriques pour l’intervention». Pour elle le cours obligatoire est une nécessité.

«Certaines enfants ne reçoivent aucune information à ce sujet et n’ont pas d’autre occasion de poser leurs questions. D’autres n’ont qu’internet et les sites pornographiques pour se renseigner; l’école apporte un contrepoids à cette forme d’exploitation sexuelle», assure-t-elle.

Résistances d’hier et d’aujourd’hui
Ce n’est pas la première fois que le Québec instaure des cours d’éducation sexuelle. Après avoir été en vigueur durant quelques années, ils ont été abolis en 2001.

Les résistances ne sont pas nouvelles. Pour Mme Desaulniers, face aux refus exprimés par certains parents pour des raisons culturelles, il faut dialoguer.

«Il faut ménager les parents en leur expliquant le contenu et les intentions de ce programme, en répondant à leurs questions, en les rassurant si nécessaire, indique-t-elle. En aucun cas l’école ne devrait dispenser ces enfants –ou d’autres pour d’autres raisons– de l’éducation sexuelle. Tous les enfants en ont besoin.»

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