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Fritz Sénéchal, un Haïtien effrayé: «Rentrer au pays, c’est mourir»

Âgé de 72 ans, Fritz Sénéchal refuse de rentrer à Haïti. Persécuté avant d'arriver au Québec en 2008, il attend toujours ses papiers de résident permanent. Photo: Romain Schué / TC Média

Arrivé à Montréal après avoir subi de nombreuses persécutions et avoir craint pour sa vie, Fritz Sénéchal attend toujours sa résidence permanente. Âgé de 72 ans, il refuse d’imaginer un retour à Haïti. Retour probable depuis la levée du moratoire sur la suspension des renvois depuis le 1er décembre 2014.

«Rentrer au pays, pour moi, c’est mourir, clame-t-il, casquette vissée sur la tête. Ce serait terrible. Que pourrais-je bien y faire ? À mon âge, comment pourrais-je vivre là-bas ? J’en perds mon sommeil, je vis dans le stress en permanence.»

Un stress qui trouve son origine en 2004, après le coup d’État et la chute du président Jean-Bertrand Aristide. Comptable à Haïti, M. Sénéchal n’hésite pas à se montrer critique envers l’ex-dirigeant du pays qui garde alors de nombreux soutiens locaux.

«Je ne cautionnais pas certains actes et je partageais mes opinions. Mais des fanatiques m’ont agressé, m’ont roué de coups à plusieurs reprises. J’avais peur pour ma vie», explique-t-il en montrant une trace de ces passages à tabac sur son crâne.

Il abandonne les siens pour leur propre sécurité
Marié et père de quatre enfants, M. Sénéchal préfère abandonner les siens, pour leur propre sécurité, et filer vers les États-Unis en octobre 2007 puis au Canada en février 2008. Après un passage par Longueuil, il s’installe à Rivière-des-Prairies, à la recherche d’un travail.

«Malheureusement, mon diplôme n’a pas été reconnu, regrette-t-il. J’ai malgré tout trouvé quelques occupations, mais depuis trois ans, je n’ai plus rien. J’avais obtenu un permis de travail temporaire, mais après son expiration, je n’avais plus d’argent pour le renouveler. Ensuite, tout s’est enchaîné: les loyers en retard, les factures impayées et un déménagement.»

Logé chez des amis, Fritz Sénéchal vit sans la moindre ressource financière, se contentant de l’aide de ses proches et voisins pour les besoins quotidiens. Seules de nombreuses heures de bénévolat occupent ses incertaines journées, la faute à son statut de sans-papier et à la levée d’un moratoire suspendant les renvois.

«Je n’aurais aucun moyen pour vivre ou survivre là-bas»
«J’ai fait ma demande de résidence en mai, j’attends toujours une réponse. Mais j’ai peur d’appeler un bureau d’immigration, peur d’entendre une mauvaise nouvelle puis de recevoir un avis d’expulsion.»

Une décision qu’il redoute, même si sa famille vit toujours à Haïti. «Je n’aurais aucun moyen pour vivre ou survivre là-bas. Cette situation est difficile, elle réveille des moments compliqués. Je suis venu ici car le Canada était une terre d’accueil. J’espère que cela ne changera pas.»

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