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Mise à niveau des lampadaires: la Ville devrait éviter les ampoules blanches

Photo: Steve Caron/TC Media

La Ville a prévu dépenser 110 M$ pour moderniser son parc existant de 110 000 lampadaires en y installant des luminaires (tête du lampadaire et ampoule) fonctionnant avec des ampoules DEL. Selon plusieurs élus et chercheurs, la Ville devra éviter d’utiliser des ampoules blanches, qui pourraient causer des problèmes de santé.

Selon le professeur et chercheur en physique du cégep de Sherbrooke, Martin Aubé, «les éclairages à DEL blancs produisent trois fois plus de pollution lumineuse. Cette lumière blanche (bleutée) perturbe le cycle du sommeil et donc la production de mélatonine», dit-il.

«Le document intitulé Projet de mise à niveau de l’éclairage de rue à Montréal est truffé de fausses informations et va à l’encontre des données scientifiques», ajoute le chercheur.

Selon l’American Medical Association, une faible quantité de lumière bleue ou blanche perturbe la sécrétion de la mélatonine, ce qui peut chez l’humain favoriser le cancer du sein, l’obésité, la dépression, le diabète et les problèmes reproductifs.

Ces interrogations rejoignent celles de plusieurs élus. Selon le conseiller de François-Perrault, Sylvain Ouellet, ce type d’éclairage «pourrait même nuire à la biodiversité des parcs montréalais, alors que Montréal héberge le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies.»

M. Aubé recommande plutôt les ampoules DEL ambrées «qui ont les mêmes qualités en matière d’économie d’énergie et ont deux fois moins d’impact en matière de pollution lumineuse que les ampoules traditionnelles au sodium. C’est 25 % plus cher, mais c’est parce qu’elles sont produites à très petite échelle», dit-il.

La Ville répond qu’elle privilégie actuellement le blanc neutre (couleur de la lune) à 4000K de température couleur, qui émet moins de lumière bleue.

«Les luminaires à température de couleur plus basse ne sont pas assez efficaces pour le moment pour répondre aux normes en matière d’éclairage de rue», précise Geneviève Dubé, porte-parole de la Ville.

Cette dernière précise que «les études qui se sont penchées sur la question des risques sont majoritairement liées à une exposition sur une longue période et à de très fortes puissances, par exemple les travailleurs de nuit en usine.»

Les futurs lampadaires n’auront pas les niveaux d’intensité et ces temps d’exposition seront plus courts, donc ils ne seront pas problématiques, affirme l’administration municipale.

M. Aubé rétorque que les données citées par la Ville proviennent du Light Research Center, qui est financé par l’industrie, et ne sont donc pas très crédibles. Il précise que des études récentes montrent que même la lumière de la lune, de 0,3 lux, peut perturber le sommeil.

Sa collègue Johanne Roby, spécialiste de la pollution lumineuse, juge «irresponsable» la position actuelle de la Ville de Montréal.

Mandatée par l’administration municipale, la Direction de la santé publique (DSP) rendra un avis sur le sujet.

Par courriel, la DSP a indiqué qu’elle considère «faible l’exposition de la population à cette source de lumière provenant des lampadaires» et elle n’en déconseille pas l’installation par les municipalités si l’intensité est prise en considération, de même que la direction du faisceau de lumière.

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