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Colère après le transfert du centre de jour de RDP: «Personne ne respecte les aînés»

Denise Fortin, directrice générale adjointe du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, tente de rassurer les personnes âgées Photo: Romain Schué / TC Média

Alors que le centre de jour du CLSC de RDP ferme ses portes jeudi 4 février, de nombreux aînés dénoncent avec virulence leur transfert au centre d’hébergement Pierre-Joseph-Triest dans le quartier de Mercier-Est.

Rassemblés mardi dans une petite salle du CLSC de Rivière-des-Prairies, qui accueille chaque semaine près de 110 aînés dans son centre de jour, une trentaine d’usagers ne mâchent pas leurs mots. Deux jours avant l’arrêt programmé de l’établissement qui offre repas, activités sociales et physiques aux personnes âgées principalement en perte d’autonomie, ils veulent faire entendre leur voix, ferme et unanime.

«On ne va pas s’en aller, on va rester ici. On ne déménagera pas !» clame Dominique assis dans son fauteuil roulant. «On aime notre quartier et ce lieu, c’est notre deuxième maison, défend Suzanne. On veut nous enlever tous nos plaisirs.»

«On se sent abandonnés»
Face à Denise Fortin, directrice générale adjointe du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, ils ne décolèrent pas. Pêle-mêle, ils reprochent à cette dernière une communication tardive – «nous l’avons su cette semaine», expliquent certains – et surtout, un temps de trajet allongé pour rejoindre le centre d’hébergement Pierre-Joseph-Triest situé à près de 8 km de l’établissement actuel.

«Nous sommes face au pied du mur et débrouille toi pour le grimper», se plaint Joseph, qui, comme d’autres de ses partenaires, refuse de rejoindre l’arrondissement de Mercier-Est.

«On nous a promis un trajet qui n’excédera pas plus de 17 minutes supplémentaires, explique Josée. Mais c’est un temps de transport en voiture. L’autobus adapté, après discussions avec des chauffeurs, va prendre plus d’une heure car il faut chercher chaque usager. Certains, qui venaient en auto, vont prendre à présent le bus. Il y aura plein de retards. Et je ne parle pas des trous dans les chaussées qui nous procurent déjà des maux de tête et de dos.»

Suzanne complète: «Personne ne respecte les aînés. On paye des taxes mais on supprime nos services. On se sent abandonnés, certains vont tomber en dépression.»

Josée, sa fille et Suzanne n'acceptent pas ce transfert à Mercier-Est
Josée, sa fille et Suzanne n’acceptent pas ce transfert à Mercier-Est

Le CIUSSS confiant
Sans «nier les difficultés» qu’engendre un tel changement pour le quotidien de ces usagers, Julie Desrochers, directrice adjointe du CIUSSS au service à la clientèle, se montre rassurante.

«On va tous les appeler, tenter d’éliminer les problèmes. Notre expérience nous montre que ce transfert se passera bien. Certains ne viendront plus, mais cela aurait déjà été le cas à RDP. La perte d’autonomie entraîne un manque d’assiduité. On fera le nécessaire et on promet à ces aînés qu’ils retrouveront les mêmes intervenants et leur même groupe. Ils ne seront pas déracinés.»

Une pétition avec 1200 signatures
Alors que Denise Fortin évoque des locaux plus grands dans Mercier-Est, mieux éclairés, plus accessibles et d’une meilleure qualité, Josée soupire.

«On est tous stressés, chagrinés. On a déjà coupé dans nos sorties annuelles par manque de budget et ici, on jase, on rit, on s’amuse, on danse. C’est un vrai bol d’air pour tous. J’ai vraiment mal au cœur car de nombreuses personnes âgées ne partiront pas et resteront chez elles. Le gouvernement est-il vraiment prêt à laisser les aînés de côté ?»

Le centre d’hébergement Pierre-Joseph-Triest accueillera dès mardi 9 février les usagers du centre de jour de RDP.

Denis Fortin, directrice générale adjointe du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, tente de rassurer les personnes âgées
Denis Fortin, directrice générale adjointe du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, tente de rassurer les personnes âgées

Les élus partagés

Présents tous deux lors de cette rencontre, Marc Tanguay, député provincial, et Giovanni Rapanà, conseiller de la Ville à RDP-PAT, ont des avis divergeant au sujet du transfert de ce centre de jour.

«À titre personnel, je suis contre, affirme M. Rapanà. Certains fréquentent cet endroit depuis 30 ans, on ne peut pas les déplacer. C’est vraiment dommage pour cette population très vulnérable. Je soutiens leur démarche, je pense qu’il y a d’autres alternatives. J’aimerais que l’on trouve une solution pour avoir un autre centre de jour à Rivière-des-Prairies.»

S’il avoue des «inconvénients» suite à ce déménagement, Marc Tanguay se montre plus ouvert. «Ce qui me préoccupe, c’est la qualité des services. Si ce transfert peut bonifier les offres aux citoyens de RDP, c’est peut-être la voix de l’avenir.»

«Je comprends la résistance au changement, poursuit l’élu de Québec. Les services sont très appréciés à RDP et il faut que ceux-ci soient d’une qualité supérieure en cas de changement. Fermer ce centre ne me fait pas plaisir, mais avec la population vieillissante, les citoyens seront certainement mieux accueillis à Mercier-Est.»

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