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«Ce n’est pas possible pour Vancouver de se développer en misant sur la voiture»

Photo: Josie Desmarais/Métro

Vancouver est déjà la ville la plus verte au Canada, mais elle veut plus. D’ici 2050, elle veut être dépendante uniquement des énergies renouvelables. Exit les carburants fossiles. Les transports représentent un des secteurs d’activité que la Ville veut transformer. Métro a discuté de sa stratégie avec son directeur des transports, Lon LaClaire, qui était hier de passage à Montréal.

Comment la Ville pense-t-elle s’y prendre pour cesser d’utiliser du pétrole dans les transports?

Nous avons adopté notre plan de transport en 2012, ce qui nous a aidés à décider de la direction qu’on voulait prendre. Le plus grand changement, pour nous, c’est que les voitures, le transport en commun et les transports actifs génèrent chacun un tiers des déplacements en 2040. Notre réseau de transport en commun fonctionne déjà avec l’énergie électrique, même nos bus. Pour les voitures, notre plan, c’est qu’elles doivent fonctionner avec de l’énergie renouvelable. Il n’y a pas beaucoup de voitures électriques qui se vendent, mais Vancouver est peut-être l’endroit où il y a le plus de propriétaires. Les gros camions, ce sera tout un défi de les faire fonctionner avec de l’électricité. Il faudra donc se rabattre sur du biocarburant.

Et la voiture autonome, sera-t-elle dans les rues de Vancouver en 2050?

Oui. Et même probablement avant. Avec la voiture autonome, notre objectif est encore plus atteignable, juste par le fait que les conducteurs, s’ils pèsent trop sur l’accélérateur, ils épuisent plus rapidement les piles. Si la conduite est gérée par un ordinateur, qui modulera mieux les accélérations, la performance des piles sera meilleure.

Avez-vous réfléchi à la possibilité que le pétrole soit encore nécessaire en 2050? Le cas échéant, qu’allez-vous faire?
Nos analyses nous disent que nous n’aurons pas besoin des carburants fossiles en 2050. Quand nous travaillions sur nos plans, certains disaient que c’était pour l’environnement, que c’était parce que la ville se développait rapidement ou que ce n’est pas tout le monde qui peut conduire. Toutes ces raisons sont à l’origine de nos plans. Si l’environnement n’était pas un enjeu, nous le ferions quand même. Ce n’est pas possible pour Vancouver de se développer en misant sur la voiture. Nous accueillons 35 000 nouveaux résidants par années. Nous sommes entourés par des montagnes. Notre réseau routier est déjà tout construit. Nous n’avons pas construit de routes à Vancouver depuis 1997.

L’été dernier, lors d’un référendum, les Vancouvérois ont refusé dans une proportion de 61,68 % une augmentation de 0,5 % de la taxe de vente provinciale pour financer les projets de transport en commun, qui nécéssitent 7,5 G$ sur 10 ans. Comment allez-vous trouver l’argent?
Le maire doit trouver dans son budget actuel les revenus nécessaires à la réalisation du plan. Ça ne passera pas par un référendum. Ce qui va probablement être regardé, c’est la taxe foncière, la taxe sur le développement immobilier et les tarifs de transport en commun. Il y a aussi le programme Mobility Pricing, qui fait payer les automobilistes selon leur utilisation des routes. Il y a déjà des péages sur des ponts, mais il y en a d’autres qui s’en viennent.

Avez-vous considéré la taxe kilométrique?

C’est une option. Elle pourrait être imposée selon le kilométrage, l’heure du déplacement et la localisation. C’est à travailler, mais ça va prendre des années avant que ça se fasse, alors que le besoin de financement est immédiat. La source doit être trouvée dès cette année. Alors, la Ville devra trouver dans ses sources actuelles de financement.

Même après le référendum, est-ce que les habitants de Vancouver appuient la direction environnementale que prend l’administration municipale?

Absolument. Le soutien est très élevé. Je crois que 97% sont d’accord qu’on dépense de l’argent dans le transport en commun. Quand on leur demande s’ils sont d’accord avec l’instauration d’une nouvelle taxe, ils disent non. Ils pensent que c’est au gouvernement d’établir ses priorités.

«Une des choses que [Montréal et Vancouver] ont en commun, c’est qu’elles ont déjà une source d’énergie renouvelable : l’hydroélectricité. C’est donc beaucoup plus facile [de mettre fin à notre dépendance au pétrole]. Nous pouvons nous concentrer sur le transport. Montréal est destinée au succès, mais pour Vancouver, ça sera plus facile.» – Lon LaClaire, directeur des transports de Vancouver

Est-ce que la Ville de Vancouver a une idée de l’ampleur des investissements qui devront être faits d’ici 2050 pour qu’elle n’ait plus besoin du pétrole?
Non. Les 7,5 G$, c’est juste pour les 10 prochaines années. C’est difficile de faire des projections au-delà de 10 ans. Nous venons juste de mettre à jour les projections que nous avons faites avant le référendum. La situation a tellement changé en l’espace de deux ans, à cause entre autres du dollar canadien, des taux d’intérêt et du prix de l’essence. Ce que nous pensons recevoir du gouvernement fédéral pourrait aussi réduire le financement que nous devons trouver localement. Nous avons mis à jour les chiffres et nous avons besoin de la moitié moins d’argent. C’est la même liste de 34 projets majeurs et ils ne changeront pas parce qu’ils découlent de demandes de la population, qui réclame plus de services.

Parmi ces 34 projets, lequel est le projet est le important?

C’est une ligne de métro sur la rue Broadway. Elle pourrait desservir l’Université de la Colombie-Britannique et un quartier des affaires. Ça fait dix ans qu’elle est attendue. Les lignes de bus y sont les plus achalandées en Amérique du Nord. Les bus articulés y passent à toutes les deux minutes. Des centaines de personnes ne peuvent y embarquer. C’est un vrai problème. Nous ne pouvons pas ajouter des bus. Il y a 100 000 personnes par jour qui utilisent ces circuits. C’est difficile pour moi de voir comment on peut développer le réseau sans passer par cette ligne de métro, qui serait centrale. Il y a tellement de lignes qui convergent dans ce quartier.

Dans quelle mesure le climat aide-t-il Vancouver à réaliser ses plans?
Le climat est d’une grande aide pour le chauffage des immeubles, pour les transports collectifs et actifs et pour l’entretien des routes et des véhicules.

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