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Les policiers au cœur de la guerre de l’image

Photo: Les productions Flow/collaboration spéciale

L’omniprésence des caméras bouleverse déjà et bouleversera encore dans les années à venir le travail des policiers, affirme Charles Gervais, réalisateur du documentaire Police sous surveillance, qui sera diffusé lundi soir.

Le documentaire s’ouvre sur les images tristement célèbres de l’intervention musclée, survenue en octobre 2012, de l’agente du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Stéfanie Trudeau, alias matricule 728. Selon M. Gervais, ce sont ces images, où on voit l’agente étrangler Serge Lavoie, qui ont mené à son inculpation pour voies de fait, le mois dernier.

«Il ne serait rien arrivé s’il n’y avait pas eu les six plans de caméra de l’intervention, avance-t-il. Ça parle, ces images-là. C’est une intervention-clé. On sent que les images ont eu un pouvoir, ça a même amené un policier à être déclaré coupable au criminel. C’est assez inusité.»

S’il y voit quelque chose de positif, le réalisateur s’inquiète toutefois des dérapages qui peuvent survenir quand des images circulent sur les médias sociaux sans contexte. Les internautes ne cherchent souvent pas à savoir ce qui a mené à la violence, selon lui.

«Ce qui m’intéressait, c’est le nouveau rapport de force qu’ont apporté ces caméras citoyennes. Elles permettent aux citoyens de se protéger, de pouvoir accumuler de la preuve si jamais ils se retrouvent en procès. Mais il y a un autre côté à ça: dans les médias sociaux, les policiers sont toujours coupables», prévient celui qui qualifie de «lynchage» le traitement réservé à certains policiers filmés en train de procéder à une arrestation jugée trop violente par les internautes.

«On a l’impression que c’est un peu un retour en arrière en matière de justice. On est revenus à une espèce de justice moyenâgeuse où, dès qu’il y a une apparence de culpabilité, on se met à lancer des roches», dit-il, en rajoutant que cela s’applique aussi à d’autres personnalités publiques sur le web.

«Ça parle, ces images-là. […] Dans le cas de matricule 728, ce sont les images qui ont permis au juge de trancher.» – Charles Gervais, réalisateur du documentaire Police sous surveillance

Le documentaire aborde le concept des caméras corporelles pour policiers, une idée que tous accueillent favorablement, selon M. Gervais. Ce dernier a d’ailleurs passé une soirée en patrouille avec des agents du service de police de Toronto, qui expérimente depuis près d’un an les caméras corporelles. «Partout où on les a essayées, les résultats sont les mêmes. On a vu que ça peut prévenir les dérapages, assure-t-il. Ça risque de changer la donne.»

Documentaire
Police sous surveillance
Sur les ondes d’ICI RDI, le 14 mars à 20 h

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