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Sexologues mal formés aux enjeux LGBT

Photo: Archives Métro

Les critiques d’un collectif d’étudiants et d’ex-étudiants en sexologie à l’UQAM, à l’effet que le baccalauréat fasse peu de place aux minorités sexuelles, sont fondées, admet Joanne Otis, directrice du programme. Ce n’est pas sans conséquence pour la santé sexuelle et psychologique des personnes LGBT.

Mme Otis assure que la refonte majeure en cours pour le baccalauréat en sexologie, le seul au Québec, fera une large place à la diversité sexuelle et culturelle et aux perspectives féministes, ce qui n’est pas le cas présentement.

«[Pour les personnes LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et trans)], l’accès à des services de santé, notamment de sexologie, est un enjeu crucial et majeur, a indiqué à Métro Mme Otis, dont les recherches s’intéressent particulièrement à la santé sexuelle des hommes gais. C’est clair qu’on doit enseigner aux futurs sexologues à adapter leurs pratiques aux spécificités des minorités.»

Il y a deux semaines, les membres du Collectif des minorités rouspéteuses ont publié une lettre dans laquelle ils ont fait état de leurs mauvaises expériences en tant qu’étudiants. «Si on parle de protection, le professeur va parler de condom sur le pénis, mais pas des protections utiles pour les lesbiennes, a mentionné un membre du collectif désirant rester anonyme. Dans un cours sur la dysfonction sexuelle, on va parler des vagins qui ont de la difficulté à tolérer la pénétration. J’ai posé une question par rapport à la pénétration anale et le professeur ne pouvait pas me répondre.» Ils ont aussi relevé des remarques transphobes et homophobes de professeurs et d’étudiants.

«Plusieurs études montrent que les microagressions homophobes ou transphobes perpétuées par les psychologues et les sexologues sont reçues comme de véritables claques en arrière de la tête, surtout dans le contexte où il est sensé s’agir de relation d’aide. » – Marie-Pier Boisvert, directrice générale du Conseil québécois LGBT

Le seul cours abordant les enjeux trans, mais uniquement d’un point de vue pathologique, fait partie des irritants majeurs. «Le contenu du cours va demeurer en partie, mais sous un angle différent. On n’est plus à l’aise avec le titre du cours, qui est Troubles de la genralité et sexualités atypiques», a fait savoir Mme Otis.

Marie-Pier Boisvert, directrice générale du Conseil québécois LGBT, constate qu’il est difficile pour les gens appartenant aux minorités sexuelles de trouver un sexologue en mesure de les aider. «Souvent, ce sont les personnes LGBT qui se retrouvent à devoir faire l’éducation de leur thérapeute, s’est exclamée Mme Boisvert. Plusieurs personnes restent avec leurs problèmes et leur détresse augmente.»

La nouvelle mouture du programme entrera en vigueur en septembre 2017. L’UQAM la prépare en collaboration avec le jeune Ordre professionnel des sexologues du Québec, dont la présidente n’était pas disponible hier pour une entrevue.

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