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La prison pour Carole Morinville

Photo: Félix O.J. Fournier/TC Media

L’ex-conseillère financière de L’Île-des-Sœurs, Carole Morinville, passera les 42 prochains mois derrière les barreaux pour avoir fraudé une soixantaine de clients, dont la comédienne Karine Vanasse, pour plus de 3,5 M$.

La juge Louise Villemure s’est rangée du côté de la Couronne qui réclamait une peine de quatre ans. Elle n’a pas cru aux remords de l’accusée, déclarant qu’elle n’aurait probablement jamais cessé son stratagème si elle ne s’était pas fait prendre à l’automne 2010.

Après un long procès reporté à plusieurs reprises, Carole Morinville a plaidé coupable en décembre à des accusations de fraude et de fabrication de faux documents.

Dans son rendu de la sentence, vendredi matin, au palais de justice de Montréal, la juge a soutenu que «les remords de Mme Morinville semblent en grande partie découler des conséquences personnelles qu’elle subit depuis son arrestation.»

Facteurs aggravants
Parmi les facteurs aggravants, l’absence de passé judiciaire a également été prise en compte.

«lle s’est justement servie de cette réputation sans taches pour flouer ses victimes, des personnes vulnérables. Les témoignages de celles-ci dressent un portrait sombre de Mme Morinville», a précisé la juge Villemure.

Lors des représentations sur sentence, en février, quatre victimes avaient dépeint leur conseillère financière comme une amie. L’une d’entre elles considérait même Carole Morinville comme une deuxième mère. Une autre a sérieusement songé au suicide après avoir perdu la totalité de ses économies.

«Elles sont très satisfaites du résultat. Elles pourront finalement tourner la page de cette histoire, a commenté la procureure de la Couronne, Geneviève Côté, au nom des victimes. C’est un bon jugement pour ce type de procès. Cela va créer un effet dissuasif pour des conseillers financiers qui seraient tentés par ce genre d’activités.»

La peine n’est pas accompagnée d’une ordonnance de dédommagement, la juge Villemure stipulant que le but de la justice n’est pas de faire vivre la condamnée dans la misère.

«Le tribunal doit tenir compte du fait que Mme Morinville a déclaré faillite et ne fait plus que 40 000 $ par année, ce qui ne serait suffisant pour rembourser les victimes.»

La juge Villemure n’a pas retenu le plaidoyer de l’avocat de la défense, Daniel Lighter, en faveur d’une peine de deux ans ferme. Il a refusé de commenter la sentence. On ignore si la cause sera portée en appel.

Vie de luxe
La fraude de Carole Morinville s’est étendue de 2005 à 2010, période où elle s’octroyait un train de vie princier. Mariage à 30 000$, voyage dans le sud à 8 000$ alors qu’elle faisait l’objet d’une enquête, Carole Morinville ne se privait de rien pendant que ses clients croyaient, à tort, leurs économies en sûreté.

«Cet argent a permis à l’accusée de vivre une vie somptueuse. N’eût été l’intervention de l’Autorité des marchés financiers (AMF), elle aurait continué à vivre ainsi», a tranché la juge Villemure.

Dès octobre 2011, la quinquagénaire avait été reconnue coupable de quatre infractions par la Chambre de la sécurité financière, qui l’avait radiée en 2012. On lui reprochait notamment d’avoir offert un placement non autorisé en vertu de sa certification et de s’être placée en conflit d’intérêts en proposant des investissements dans sa compagnie.

En juin 2013, la Cour supérieure avait condamné Mme Morinville à verser 1,66 M$ à l’AMF pour rembourser la moitié de ses victimes.

Les autres auront toujours la possibilité de poursuivre Mme Morinville au civil pour récupérer une partie de leur argent.

 

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