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Greenpeace corrige le scénario catastrophe de TransCanada

Long industrial pipe angle shot Photo: Getty Images/iStockphoto

Le scénario du pire cas de déversement possible du pipeline Énergie Est serait plus important de 70% que celui évalué par TransCanada, a appris Greenpeace lors des consultations publiques.

Pour tenter de rassurer les citoyens au sujet de son projet de méga pipeline devant traverser 800 plans d’eau au Québec, TransCanada a effectué des simulations du pire cas de déversement à différents points, le long du tracé. Pour celui de la rivière des Outaouais, qui pourrait toucher 26 prises d’eau potable dans la région de Montréal en moins de 12 heures, la société albertaine a retenu dans son pire scénario un déversement de 10 000 barils.

Mais, à la suite à une question acheminée par Greenpeace lors des audiences du Bureau d’audiences publiques pour l’environnement (BAPE), TransCanada a répondu par écrit que le pire scénario de déversement dans la rivière des Outaouais serait plutôt de 17 727 barils.

Dans sa réponse TransCanada justifie son choix en écrivant s’être basée sur les statistiques d’une décennie de l’organisme Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration (PHMSA). «Ces statistiques indiquent que 99,5% des volumes déversés lors d’incident sont inférieurs à 10 000 barils. Ce volume a donc été retenu par Énergie Est pour les simulations au Québec et ailleurs», indique l’entreprise qui ajoute qu’un déversement de 17 727 barils a une probabilité de survenir une fois tous les 737 475 ans et qu’un déversement de 10 000 barils arriverait dans une fourchette située entre 1000 et 10 000 ans.

Autre interrogation soulevée par Greenpeace: pour calculer la vitesse de dispersion de la nappe de pétrole dans le cas du pire scénario, TransCanada utilise dans ses calculs le débit moyen du mois d’avril au barrage du Carillon, soit 3510 m3/s. «Or, dans la semaine du 04 avril au 10 avril 2016, le débit moyen de la rivière des Outaouais au Carillon était de 5190 m3/s», souligne Greenpeace, c’est bien plus que les données présentées par TransCanada.

Selon Patrick Bonin de Greenpeace Canada, ces différences de chiffres sont «une autre preuve que TransCanada tente de présenter le projet comme moins risqué qu’il ne l’est vraiment». Avec une débit de l’eau plus élevé et des quantités déversées plus importantes, ce sont tous les besoins en équipement et la rapidité de déploiement qui changent, même certains nouveaux secteurs pourraient être affectés», dit-il.

De son côté, TransCanada rappelle que «le système hydrographique de la grande région de Montréal demeure un environnement complexe», mais que son approche reste «valide, peu importe le modèle utilisé». L’entreprise conclut qu’en cas de déversement les résultats dépendent avant tout du respect du plan d’intervention et de sa mise en application rapide.

Greenpeace rappelle, dans son mémoire qui n’a pas encore été rendu public, que TransCanada a été épinglée à plusieurs reprises notamment pour des lacunes dans ses pratiques de sécurité. En outre, les systèmes de détection sont incapables de déceler des fuites en dessous de 1,5% du flux, ce qui peut s’avérer problématique sachant qu’Énergie est serait le plus gros pipeline en Amérique du Nord avec une capacité de transport de 1,1 million de litres par jour. Finalement Greenpeace mentionne des données de PHMSA indiquant que les pipelines construits ces dix dernières années ont un taux d’incident 2,5 fois plus élevé que la moyenne des pipelines construits depuis 1920.

Le processus de consultation publique a été annulé et sera repris cet automne sous une forme différente. Les groupes environnementaux qui avaient préparé un mémoire ont  commencé à les rendre publics graduellement.

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