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Des négociations difficiles sur le bois d'oeuvre

OTTAWA — À quelques mois de la date butoir, il semble fort peu probable que le Canada et les États-Unis réussissent à s’entendre à temps en vue de conclure un nouvel accord sur le bois d’oeuvre.

Lors de son témoignage devant un comité parlementaire, jeudi, à Ottawa, le négociateur en chef du Canada dans le dossier a affirmé qu’un important fossé persistait entre les deux parties sur de nombreux enjeux.

Martin Moen a précisé que les négociations se poursuivaient à un rythme soutenu et qu’elles avaient atteint les plus hautes sphères décisionnelles. Mais malgré ces efforts, la conclusion d’une entente d’ici l’automne représente un véritable défi, a-t-il dit.

Il a ajouté que l’industrie devait se préparer à la possibilité qu’aucun accord ne soit signé et que le dossier se retrouve devant un tribunal commercial.

Dans l’éventualité où le Canada et les États-Unis ne parvenaient pas à s’entendre d’ici le 15 octobre — la date qui marque le premier anniversaire de la fin du précédent accord de neuf ans —, les producteurs américains pourraient demander à Washington d’imposer de nouvelles barrières tarifaires.

Jusqu’à la mi-octobre, les autorités américaines ne peuvent imposer de telles barrières sur les produits canadiens en vertu d’une période de grâce d’une durée de 12 mois.

M. Moen a prévenu que sans un accord, les autorités canadiennes ne sauraient pas comment l’industrie américaine pourrait réagir.

«Bien que les discussions aient été constructives et aient mené à une meilleure compréhension des positions et des préoccupations de chaque partie, le Canada et les États-Unis — je dois être honnête — demeurent très éloignés sur de nombreuses questions», a déclaré M. Moen.

«Il y a d’importants fossés qui devront être surmontés pour qu’un nouvel accord soit conclu, a-t-il poursuivi. Les négociations continuent dans l’optique d’en arriver à une entente d’ici la fin de la période de grâce.»

Le premier ministre Justin Trudeau a déjà discuté directement avec le président américain Barack Obama de la nécessité de signer une nouvelle entente sur le bois d’oeuvre. Les deux hommes d’État se sont d’ailleurs dit qu’ils étaient optimistes à l’idée de voir leurs pays en arriver à un compromis qui mettrait fin à cette dispute commerciale.

Selon le bilan présenté par M. Moen, des représentants canadiens et américains se sont rencontrés à 12 reprises pour discuter de l’enjeu, en plus d’avoir participé à de nombreuses conférences téléphoniques. La prochaine rencontre aura lieu la semaine prochaine, a-t-il mentionné.

M. Moen a expliqué que les négociateurs tentent notamment de trouver le juste équilibre entre l’imposition de tarifs douaniers et de quotas à l’exportation. Cette solution devrait permettre aux exportations canadiennes de se maintenir ou de baisser sous le seuil d’une part de marché qui sera négociée avec les États-Unis.

Celui qui mène les négociations pour le Canada a également mentionné la tenue de pourparlers concernant des exclusions régionales pour les provinces atlantiques, ainsi que des exemptions pour certains secteurs.

Selon M. Moen, ces négociations sont bien différentes puisqu’Ottawa tente d’obtenir une entente en vertu de laquelle les producteurs américains renonceraient à leurs droits leur permettant d’exiger l’imposition de restrictions commerciales à l’égard des producteurs canadiens.

«Malgré cela, nos partenaires canadiens continuent de nous dire très clairement que l’absence d’entente est plus avantageuse qu’une mauvaise entente», a soutenu M. Moen.

Le député conservateur Randy Hoback a déposé jeudi une motion au comité afin, soutient-il, de mettre fin à la confusion qui règne dans l’industrie. Il a proposé de mettre sur pied une table ronde qui aurait pour mandat de développer une position nationale sur la question du bois d’oeuvre.

La ministre du Commerce international Chrystia Freeland siégerait sur cette table ronde en compagnie de représentants de chaque province et de l’industrie.

Mais le comité composé à majorité de députés libéraux a voté contre la motion. Le député libéral Kyle Peterson a fait valoir que cette mesure dupliquerait les instances déjà en place en plus de ralentir le processus de négociation.

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