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Drogues au volant: un sénateur veut serrer la vis

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Redoutant que la légalisation de la marijuana ne fasse bondir le nombre cas de conduite avec facultés affaiblies, le sénateur Claude Carignan veut offrir plus d’outils aux policiers afin de les dépister plus rigoureusement.

Le leader de l’opposition officielle à la chambre haute, qui est personnellement opposé à la légalisation de la substance, déposera mardi un projet de loi visant à doter les patrouilleurs routiers d’appareils de détection de drogues dans l’organisme.

L’implantation de ce type de contrôle en bordure de route ferait en sorte qu’un nombre plus restreint de contrevenants passeraient entre les mailles du filet, a plaidé le sénateur Carignan en conférence de presse à Ottawa, lundi matin.

En vertu du système actuel, si un patrouilleur routier a des motifs de croire qu’un conducteur est intoxiqué, il l’arrête et l’emmène au poste. Là, le suspect est soumis à des tests plus approfondis administrés par un agent évaluateur en reconnaissance de drogue (AERD).

Mais en raison de la rareté de ces spécialistes et des délais potentiels d’administration des épreuves, ce système est inadéquat, a signalé M. Carignan.

«Plusieurs conducteurs ayant consommé de la drogue contournent les évaluations effectuées sur les côtés des routes ou encore en raison de l’absence d’experts en reconnaissance de drogue ou des délais pour se rendre au poste de police», a-t-il affirmé.

Le sénateur a souligné que problème était particulièrement criant chez les jeunes conducteurs — notamment chez ceux qui sont qui sont assujettis à une politique de tolérance zéro en matière de consommation d’alcool.

«On a constaté que beaucoup de jeunes conducteurs évitaient de prendre de l’alcool et prenaient de la drogue avant de conduire sachant qu’il est plus difficile de détecter (la présence de drogue)», a-t-il expliqué.

En 2013, au Canada, 97 pour cent des accidents liés à la conduite avec facultés affaiblies étaient dus à la consommation d’alcool, contre trois pour cent seulement à la consommation de stupéfiants, selon les données du gouvernement fédéral.

Mais ces statistiques ne reflètent pas tout à fait la réalité, ont prévenu les fonctionnaires du ministère de la Justice dans un mémorandum daté de janvier dernier destiné à la ministre Jody Wilson-Raybould.

«Les experts croient (…) que les cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue sont sous-déclarés puisqu’il est plus difficile pour les policiers de les dépister», ont-ils écrit dans cette note.

Les libéraux ont mis sur pied un groupe de travail chargé de leur fournir des conseils sur la conception d’un cadre législatif. Le rapport du groupe est attendu en novembre.

Le secrétaire parlementaire de la ministre de la Justice, Bill Blair, qui pilote le dossier de la légalisation du cannabis, a réitéré lundi qu’il était pleinement conscient de la nécessité de serrer la vis.

«C’est déjà un problème au moment où on se parle», a soutenu en mêlée de presse l’ancien chef de police de la ville de Toronto.

«Il est très difficile de détecter la conduite avec facultés affaiblies par la marijuana et d’autres substances, c’est une préoccupation très légitime», a ajouté M. Blair.

Le secrétaire parlementaire promet un cadre législatif musclé et compte offrir aux forces de l’ordre et au système de justice des outils afin de «détecter, contrer et poursuivre ceux qui commettent ce crime».

Les libéraux doivent déposer au printemps 2017 un projet de loi pour légaliser le cannabis.

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