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Produire de l’électricité maison

Photo: Collaboration spéciale

Le Québec compte 112 citoyens, commerçants et fermiers qui produisent de l’électricité, selon les chiffres d’Hydro-Québec. La province devrait-elle s’inspirer de l’Ontario, qui favorise bien plus l’autoproduction citoyenne? Les avis sont partagés.

Sur le toit de son triplex de Rosemont, Martin Desmarais dispose de 12 panneaux solaires, et, depuis cet été, d’une éolienne. «Aujourd’hui, la journée est ensoleillée, mais sans vent. Je devrais produire environ 15 kWh d’électricité. La partie inutilisée va être mesurée et créditée par Hydro-Québec. Mais comme demain, il fera mauvais, ce gain va s’annuler», raconte le preneur de son rosemontois.

S’il a décidé d’installer pour 12000$ de matériel sur son toit, c’est par curiosité et pour diminuer sa facture d’électricité. Martin Desmarais a également planté dans son sous-sol des fruits et légumes et il dispose d’un bac de pisciculture, où grandissent près de 50 tilapias.

Au Québec, il a bénéficié de 2000$ de rabais grâce au programme ÉcoRénov, et Hydro-Québec lui crédite les quantités excédentaires d’électricité produite au coût du marché (7,3¢/kWh).

«Comme le coût de l’électricité est assez bas au Québec, je doute de pouvoir rentabiliser mon matériel un jour. C’est plus pour l’expérience, car dès que tu mets la main à la pâte, tu te rends plus compte de l’importance de cette richesse et tu la gaspilles moins», raconte le Rosemontois.

Si Martin Desmarais vivait en Ontario, il aurait été bien plus encouragé financièrement à devenir producteur d’électricité. Là-bas, on lui aurait racheté ses surplus à un tarif cinq fois supérieur (391¢/kWh) et on lui aurait signé un chèque (au lieu de lui faire un crédit comme Hydro-Québec).

Éric Carrière, un enseignant d’Ottawa est de ceux-là.

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En mai 2014, il a installé 40 panneaux solaires sur le toit de sa maison ainsi qu’un onduleur permettant de transformer l’électricité produite en courant alternatif. Le tout pour un total de 27700$ (32000$ s’il ne s’était pas occupé lui-même de l’installation).

En 2015, Hydro-Ottawa lui a reconnu une production équivalente à 4030$, ce qui signifie qu’il aura rentabilisé son installation en moins de sept ans. «C’est un investissement rentable aussi bien pour la province que pour les individus», explique le fondateur du blogue ToutElectrique.ca.

M. Carrière, qui roule en Volt électrique depuis 2012, croit que, «à l’exemple de l’Ontario, le Québec et les autres provinces devraient augmenter les subventions à l’achat de véhicules électriques [8000$ actuellement] et faire en sorte que les citoyens aient aussi leurs propres panneaux électriques afin de s’engager encore plus rapidement dans la voie de la décarbonisation de l’économie».

Selon Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’Énergie de HEC Montréal, «le Québec ne devrait absolument pas suivre l’exemple de l’Ontario, à moins qu’on désire dépenser de l’argent inutilement». Il souligne qu’en Ontario, l’électricité est principalement d’origine nucléaire et gazière, alors que le Québec compte sur de l’électricité plus verte, «qui est en outre produite en surplus».

Preuve selon lui que le programme microFIT (voir boîte en chiffre) est loin d’être la panacée, l’Ontario a fait une bien meilleure affaire ce mois-ci en signant une entente de livraison avec Hydro-Québec de 2 milliards de kWh par an à un coût du kWh environ six fois inférieur que dans le cadre de microFIT.

Une éolienne municipale

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En mai 2017, le parc Philippe Laheurte, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, devrait être éclairé grâce à une éolienne conçue par 12 finissants en génie mécanique de Polytechnique Montréal.

Avec un budget de 27000$, en partie financé par l’arrondissement, et qui reste à boucler, les étudiants vont fabriquer de nouvelles pales pour l’éolienne du parc. Installée en 2009 par un entrepreneur privé, cette dernière n’avait pas fait long feu. Il ne reste plus aujourd’hui que le mât et les câbles de soutien.

«On va préparer pour l’arrondissement une éolienne clés en main faite pour les milieux urbains. Il y aura notamment des capteurs pour prévenir les risques de bris, mais aussi pour recueillir des données et mesurer son efficacité», explique Étienne Sakr, l’étudiant qui pilote le projet.

Les éoliennes classiques à trois pales produisent plus d’énergie, mais sont aussi plus bruyantes. Les étudiants planchent donc sur un système hybride d’éolienne à axe vertical. Elle n’aurait pas besoin d’être démarrée et serait capable de prendre 30% de l’énergie du vent sans dépasser les 40 dB, soit le bruit d’une conversation.

«L’éolien et le solaire sont définitivement les énergies de l’avenir. Le vent et la lumière appartiennent à tous, alors cela a du sens que les citoyens soient capables un jour de produire eux-mêmes leur électricité», clame le jeune homme. L’arrondissement de Saint-Laurent ne cache d’ailleurs pas sa volonté d’acquérir une certaine autonomie dans ce domaine.

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