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Aéroport Trudeau: des files d’attente à prévoir pour le temps des Fêtes?

passengers in a queue at the airport. Photo: Getty Images/iStockphoto
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les voyageurs qui débarqueront à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal pour le temps des Fêtes pourraient revivre le même scénario que ceux qui s’y étaient posés à la fin de l’été, prévient le syndicat des agents frontaliers.

«C’est sûr que s’il y a les niveaux d’achalandage qu’il y a eu cet été, on ne pourra pas répondre dans des délais acceptables. Ça risque de remonter encore une fois à deux heures d’attente», redoute le président national du Syndicat des douanes et de l’immigration, Jean-Pierre Fortin.

«La recette est parfaite pour que ce soit encore engorgé dans le temps des Fêtes qui s’en vient», enchaîne-t-il d’un ton sans appel.

Car les agents frontaliers ne sont tout simplement pas assez nombreux pour composer avec l’afflux croissant de passagers qui convergent vers la métropole — selon le leader syndical, quelque 1050 postes ont été abolis au pays il y a environ quatre ans, alors que l’achalandage explosait.

«Je n’ai jamais vu un niveau de sous-emploi comme on a maintenant», tranche M. Fortin.

«Pour être capable de répondre à la demande pendant ces périodes d’engorgement-là, d’avoir des agents dans chacune des guérites et suffisamment d’agents qui fouillent les bagages, je dirais qu’il manque une cinquantaine d’agents au moins, sinon une soixantaine (à Montréal)», évalue-t-il.

Le nombre d’agents aux douanes jugé insuffisant par le syndicat n’est pas le seul facteur à l’origine des délais moyens de deux heures observés en septembre à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. Des problèmes entourant la configuration de l’espace et les plages horaires des vols internationaux ont aussi pu y contribuer.

Si le gouvernement fédéral a raison de se pencher sur l’ensemble des facteurs pour diagnostiquer correctement le problème afin le corriger, il a tort de ne pas bouger immédiatement sur le front de l’embauche de personnel, estime Jean-Pierre Fortin.

«Moi, ce que je suis en mesure de vous dire, c’est qu’il n’y a pas eu de nouvelles embauches. Il n’y a même pas eu d’annonce que des embauches vont être faites dans un avenir proche. Pour former un agent des services frontaliers, on parle d’au moins 18 semaines», expose-t-il.

L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) n’a pu confirmer, vendredi, si de nouveaux douaniers pourraient bientôt arriver en renfort à Montréal. Mais il semble assez clair, selon les informations fournies sur les mesures prévues pour les Fêtes, que cela n’est pas dans les cartons.

«Nous demandons aux voyageurs de faire preuve de patience lorsqu’ils se déplacent pendant des périodes très occupées de l’année, comme en décembre pour les Fêtes», a écrit dans un courriel la conseillère aux communications de l’agence fédérale, Judith Gadbois-St-Cyr.

L’ASFC «affectera toutes les ressources disponibles pour s’assurer que les voyageurs sont traités rapidement» — par exemple, les agents seront invités à faire des heures supplémentaires, et on offrira aux employés-étudiants davantage d’heures de travail, a-t-elle ajouté.

Rien dans tout cela n’est rassurant, car ces mesures palliatives avaient déjà été appliquées l’été dernier, relate le camp syndical. «C’est exactement comme l’été passé. Tout ça était en place l’été passé, mais ça a engorgé quand même», soutient Jean-Pierre Fortin.

La lenteur du gouvernement à poser des gestes concrets est dénoncée par l’opposition à Ottawa. «Ça n’a pas de bon sens! Ça dure depuis cet été», lâche le député bloquiste Xavier Barsalou-Duval, faisant remarquer au passage que ces files d’attente interminables nuisent à l’image de la ville.

«Si les gens partent d’ici avec une mauvaise impression, qu’ils ont attendu des heures avant de pouvoir passer, ils ne reviendront peut-être plus. C’est des gens de moins qui vont venir dépenser ici», expose l’élu.

Selon le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, «tous les guichets étaient ouverts et les employés des douanes travaillaient à pleine capacité» dans l’après-midi et la soirée du 7 septembre, lorsque le quotidien La Presse a consacré un article aux délais d’attente observés ce jour-là.

Est-ce à dire qu’il serait finalement peu utile d’embaucher de nouveaux douaniers avant que la configuration de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau ne soit revue?

Le député néo-démocrate Matthew Dubé plaide qu’il faut «prendre le syndicat au mot quand ils nous disent qu’il y a un manque d’employés» puisque «ce sont eux qui sont sur le terrain et qui sont au courant des besoins».

La situation actuelle est «malheureuse» pour les agents frontaliers, regrette-t-il à l’autre bout du fil. «Dans le fond, ce sont les agents qui paient le prix, c’est eux qui paraissent mal», fait valoir M. Dubé.

Le bureau du ministre Goodale n’a pas souhaité offrir davantage de commentaires sur ce dossier, préférant s’en remettre aux informations fournies par l’ASFC.

L’agence fédérale a de son côté tenu à signaler qu’elle comptait mettre en oeuvre «plus tard cet automne» une initiative sur les correspondances entre les vols internationaux et les vols intérieurs.

«Cela permettra aux passagers de certains vols internationaux arrivant à Montréal de prendre leur vol de correspondance vers une autre destination canadienne sans avoir à ramasser leurs bagages, lesquels seraient automatiquement transférés sans compromettre la sécurité», a expliqué Mme Gabdois-St-Cyr.

«L’ASFC et Aéroports de Montréal (ADM) collaborent sur plusieurs fronts pour réduire les temps d’attente à la frontière. Plusieurs rencontres ont eu lieu entre les deux organismes, et d’autres sont prévues pour trouver de nouvelles solutions», a-t-elle indiqué.

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