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Dopage des Russes: Bilodeau se vide le coeur

MONTRÉAL — Si la «magouille» dans le sport le désole, mais ne le surprend pas, le double médaillé d’or olympique Alexandre Bilodeau s’avoue très surpris par l’ampleur du système de dopage russe, dont les derniers détails ont été révélés pas plus tard que vendredi.

C’est ce qu’a indiqué ce retraité de la compétition de ski acrobatique en entrevue à La Presse canadienne, avant de prendre le départ à l’événement caritatif des 24h de Tremblant ce week-end.

Médaillé d’or aux derniers Jeux olympiques de Sotchi, Bilodeau se souvient qu’un Russe (Alexandr Smyshlyaev) avait terminé sur la troisième marche du podium dans sa discipline. Il serait bien surpris cependant que ce dernier soit impliqué dans l’échange d’échantillons de contrôle de dopage impliquant les athlètes russes aux Jeux d’hiver de 2014.

En fait, Bilodeau affirme qu’il n’a jamais entendu parler de dopage dans son sport.

Par contre, il a reconnu avoir lui-même constaté une certaine forme de «magouille» aux Jeux de Sotchi. Le jeune homme de 29 ans se rappelle qu’à l’occasion des trois premiers jours des Jeux de Sotchi, les meilleurs athlètes au monde, «tous les numéros 1, 2 et 3 qui n’étaient pas des Russes» ont dû subir des contrôles de dopage aléatoires, à des moments discutables, ce à quoi il n’a pas échappé.

Si les tests antidopage font partie du sport, Alexandre Bilodeau reconnaît avoir vécu beaucoup de frustration à l’occasion de la première journée d’entraînement des Jeux de Sotchi, à tel point qu’il a dû en parler avec son psychologue sportif. Il croit, encore aujourd’hui, que les organisateurs russes tentaient par toutes les stratégies possibles et inimaginables de déstabiliser les autres athlètes.

«J’étais frustré, j’étais dans la salle anti-dopage et l’entrainement commencait dans cinq minutes. Je n’avais même pas mes bottes dans les pieds. Je n’avais même pas envie encore. Je ne pouvais pas commencer à boire de l’eau pour aller aux toilettes tout de suite. Mon échantillon aurait été trop dilué. J’ai ensuite signé des papiers pour avoir un chaperon. Cela prend une bonne demi-heure pour passer dans ce processus», a raconté Bilodeau.

L’athlète natif de Montréal se rappelle d’une procédure de paperasse assez longue où il devait accepter d’avoir un chaperon qui le suivait partout et il lui était interdit de boire de l’eau, pour ne pas trop diluer l’échantillon d’urine réclamé.

Ce n’est que lorsqu’il a déposé une plainte au Comité olympique canadien (COC) qu’Alexandre Bilodeau a appris que plusieurs plaintes similaires avaient été déposées auprès des comités des autres pays, et que l’affaire s’était rendue jusqu’aux oreilles du Comité olympique international (CIO).

En fin de compte, Alexandre Bilodeau n’a manqué que 45 minutes d’entraînement sur deux heures cette journée-là, mais il n’a pu faire la reconnaissance de la piste comme tous les autres athlètes.

Deux ans plus tard, il se souvient de cet épisode à saveur encore amer, malgré sa médaille d’or.

Aujourd’hui, alors que la Russie accepte le plan du CIO de soumettre les échantillons prélevés sur ses athlètes lors des Jeux olympiques de 2012 et de 2014 à de nouveaux tests de dopage, l’athlète québécois est de ceux qui croient qu’il faut faire la lumière sur toute cette affaire.

Cela n’empêche qu’il trouve « très désolant qu’il y ait tant d’argent et de corruption» dans le sport.

À son humble avis, «le sport doit rester sain».

Alexandre Bilodeau s’est confié à La Presse canadienne avant de dévaler les pistes à l’occasion de l’événement caritatif des «24h de Tremblant» qui vient en aide aux enfants malades.

Il y était représenté avec une centaine de collègues de la firme KPMG pour laquelle il travaille maintenant qu’il a terminé ses études en comptabilité. Il est en attente de son titre de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec (CPA), qu’il devrait recevoir dans un an.

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