Santé: la Saskatchewan s'entend avec Ottawa
REGINA — La Saskatchewan a conclu une entente avec Ottawa sur les transferts en matière de santé, malgré ses appréhensions initiales sur les sommes versées par le gouvernement fédéral et sur ses «fonds dédiés».
Ottawa avait annoncé lundi la conclusion d’ententes semblables avec les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le Yukon. Le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse avaient par ailleurs conclu juste avant Noël des ententes de financement en santé avec le gouvernement fédéral, quelques jours après l’échec des négociations entre Ottawa, les provinces et les territoires.
L’entente conclue avec le gouvernement du Parti saskatchewanais prévoit des transferts fédéraux additionnels de 348,8 millions $ sur 10 ans, une somme qui devra être consacrée aux soins à domicile et en santé mentale — notamment pour les jeunes. Cette entente fixe par ailleurs la hausse annuelle des transferts à 3,0 pour cent ou au taux de croissance moyen du PIB sur trois ans — en adoptant le chiffre le plus élevé.
Cette hausse annuelle des transferts fédéraux en matière de santé était fixée à 6,0 pour cent depuis 2004.
Le ministre de la Santé de la Saskatchewan, Jim Reiter, a laissé entendre que la province n’avait pas eu vraiment d’autre choix que de signer l’entente proposée par Ottawa.
«Le gouvernement fédéral a clairement fait comprendre qu’il n’y aura pas de rencontre des premiers ministres sur cet enjeu et qu’il n’allait pas déroger de ces sommes», a-t-il dit.
«Il y a des problèmes significatifs en matière de santé mentale et de soins à domicile dans (notre) province et nous avons cru qu’il était temps de nous mettre au travail.»
Juste avant Noël, les provinces et territoires ont rejeté l’offre du gouvernement libéral de Justin Trudeau qui prévoyait une hausse annuelle de 3,5 pour cent des transferts fédéraux, assortie d’un «fonds dédié» de 11,5 milliards $ sur 10 ans pour la santé mentale et les soins à domicile. Les provinces et territoires réclamaient une hausse annuelle de 5,2 pour cent, et rejetaient le principe des «fonds dédiés» — qualifiés d’ingérence fédérale dans un champ de compétence provinciale.
Le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, avait alors qualifié de «fédéralisme prédateur» l’offre du gouvernement Trudeau.
Des ententes à la pièce
Depuis l’échec des négociations, le 19 décembre, Ottawa n’a jamais repris les discussions multilatérales, préférant conclure des ententes à la pièce avec les provinces et territoires. En plus de la Saskatchewan, les provinces de l’Atlantique — sauf l’Île-du-Prince-Édouard — et les trois territoires se sont entendus avec le gouvernement fédéral.
Interrogé sur les nouvelles ententes annoncées lundi et mardi, le ministre Barrette a réitéré que le gouvernement fédéral «essaie de briser le front commun de la majorité de la population du Canada».
«On met beaucoup « l’emphase » sur le côté numérique des provinces (…) alors que 85 pour cent du Canada» est représenté par des gouvernements qui demandent à Ottawa de revenir à la table, a-t-il plaidé en point de presse mardi, à Québec. Selon le ministre Barrette, le gouvernement Trudeau essaie de «désinvestir en santé».
«Le gouvernement d’Ottawa, les députés (fédéraux) du Québec, manifestement», ne s’intéressent pas aux citoyens, selon lui.
Le ministre Reiter a de son côté fait valoir que le front uni des provinces et des territoires était tombé «bien avant» mardi.
L’entente entérinée par la Saskatchewan pourrait être améliorée si d’autres provinces ou territoires réussissent à obtenir un accord plus avantageux avec Ottawa.
La Coalition canadienne de la santé s’est dite déçue que la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, ait renoncé à parvenir à une entente bilatérale sur les transferts en santé.
«Cela va absolument nuire aux patients qui ne peuvent se permettre de payer (pour les soins de santé)», a dit la coordonnatrice nationale de la coalition, Adrienne Silnicki.