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Une ado raconte son calvaire en famille d’accueil

Photo: TC Media
Carol Isabel - La Nouvelle Union/TC Media

En marge de l’enquête menée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (DPJ) de la Mauricie et du Centre-du-Québec sur les enfants qui auraient effectivement eu accès à des services «déficients» de la part de la DPJ au cours des quatre dernières années, une jeune adolescente de 15 ans de la région a bien voulu livrer son témoignage bouleversant.

Rachel (nom fictif*) affirme avoir connu de très mauvaises expériences dans des familles d’accueil du territoire, et ce, depuis son premier placement alors qu’elle n’avait que 8 ans.

D’ailleurs, elle confirme avoir formulé deux plaintes à la Sûreté du Québec l’an dernier pour un dossier d’agression sexuelle contre un jeune vivant dans la même famille d’accueil qu’elle, et qui avait 14 ans à l’époque, et une seconde plainte d’attouchements sexuels contre le responsable d’une autre famille d’accueil. La jeune fille souligne que la DPJ avait été mise au courant de ces événements, mais qu’elle n’avait jamais donné suite au moment où ils sont survenus. Elle est maintenant en attente des nouvelles de l’enquêteur, nous dit-elle. «C’est important que ça se sache parce que je ne suis pas la seule à vivre des problèmes avec la DPJ et à subir des sévices dans les familles d’accueil. Je suis demeurée dans 16 familles d’accueil et je dirais qu’au plus, il y en a seulement deux qui ont été bonnes pour moi.»

Rachel dénonce non seulement les épisodes plus intenses dont elle a été victime (sévices physiques et verbaux), mais aussi d’avoir été manipulée par certaines familles qui voulaient l’empêcher de voir sa mère. «Souvent, on me proposait des activités au même moment où j’étais censée rencontrer ma mère.» À trois occasions, elle explique avoir fugué de l’une de ses familles d’accueil. Installée depuis novembre dernier chez une nouvelle famille d’accueil, Rachel explique vivre enfin une meilleure relation chez cette dernière. «Je dois avouer que ça va bien. Il y a quelques petits accrochages normaux du quotidien, mais je ne vis aucune violence et on me permet de voir ma mère», ajoute celle qui fréquente également l’école secondaire.

Assistant à l’entrevue, son frère aîné de 17 ans en a rajouté disant ne conserver pour sa part que de mauvais souvenirs de ses placements en famille d’accueil (il a été placé dans huit familles d’accueil). Il confie lui aussi avoir subi des sévices sexuels et par le même jeune homme que sa sœur. «Est-ce qu’il faut laisser détruire tous les enfants du Québec avant que ça ne se règle?» s’interroge-t-il en pensant à d’autres mauvais traitements physiques et de dénigrement qu’il a subi au cours des années. Il estime de plus que l’aspect confidentialité n’était pas respecté par la DPJ et les responsables de familles d’accueil alors que les autres enfants placés étaient bien souvent au courant de ses problèmes personnels.

Il reproche à la DPJ de ne pas agir sur-le-champ quand elle est mise au fait d’un événement qui est reprochable et de ne pas faire circuler l’information aux parents, de ne pas retourner les appels sur-le-champ quand un jeune a besoin d’aide et de s’assurer d’avoir des règles plus strictes pour le recrutement de familles d’accueil. Même, croit le jeune homme, qu’il soit intéressant que les familles naturelles obtiennent les ressources nécessaires pour éviter le déplacement de leur ou leurs enfants. «J’en aurais tellement à vous raconter que vous ne pourriez tout écrire», de conclure l’adolescent qui est retourné vivre chez sa mère depuis trois ans.

Toute situation doit être portée à l’attention de la DPJ
Par souci de confidentialité, la Direction de la protection de la jeunesse a indiqué qu’elle ne commentera pas la situation rapportée. La responsable des communications, Geneviève Jauron, a cependant tenu à préciser que toute situation allant à l’encontre du développement et de la sécurité des enfants est inacceptable pour la Direction de la protection de la jeunesse.

«800 enfants sont hébergés en familles d’accueil en Mauricie et au Centre-du-Québec et nous nous assurons qu’ils reçoivent des intervenants tous les services dont ils ont besoin selon leur situation. Le soutien et la fréquence des rencontres sont convenus dans le plan d’intervention entre la famille, les enfants et les intervenants selon les besoins des enfants. Ces rencontres peuvent être intensifiées selon la situation de l’enfant et les préoccupations rapportées.» «Par ailleurs, nous nous assurons du contrôle de la qualité des services offerts à tous les enfants hébergés par différentes interventions. Nous réitérons que toute situation de ce type doit être portée à l’attention du Directeur de la protection de la jeunesse qui a pour mandat de s’assurer de la sécurité et du développement des enfants», a-t-elle indiqué en terminant.

*La jeune fille était prête à ce qu’on puisse divulguer son nom dans l’article, mais les lois canadiennes interdisent dans la plupart des cas la publication de l’identité des jeunes victimes et des jeunes témoins.

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