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Un aperçu de l’équipe Trump sur le commerce

President Donald Trump, centre, and Commerce Secretary-designate Wilbur Ross, left, talk to media before a lunch meeting in the Roosevelt Room of the White House in Washington, Thursday, Feb. 2, 2017. Wondering what the Americans might want from Canada in a renegotiation of the North American Free Trade Agreement? Multiple clues might be embedded in a document published by the U.S. government. THE CANADIAN PRESS/AP, Carolyn Kaster Photo: AP/Carolyn Kaster

WASHINGTON — Le président américain Donald Trump promet des changements majeurs à la politique sur le commerce, notamment la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), qui pourrait s’amorcer dès ce printemps. Les responsables canadiens portent leur regard sur des membres clés de l’équipe du président.

Wilbur Ross, désigné par M. Trump pour être secrétaire au Commerce
Les Canadiens devraient avoir à faire souvent avec M. Ross. Le milliardaire de 79 ans sera au coeur des négociations sur l’ALÉNA. M. Ross était assis à côté de M. Trump la semaine dernière alors que le président annonçait ses plans pour une renégociation rapide.

Un Canadien qui connaît déjà M. Ross est Leo Gerard. Le président international du Syndicat des Métallos, né à Sudbury, en Ontario, salue sa contribution au sauvetage de plusieurs aciéries aux États-Unis.

Il se remémore l’achat par M. Ross d’activités agonisantes dans l’Illinois et l’Ohio — qui étaient fermées ou sur le point de l’être, sous la protection contre la faillite, et qui avaient été sabrées par les anciens propriétaires ayant tout abandonné, incluant les prestations de retraite et les assurances collectives.

En 2002, M. Ross est intervenu, et a renversé la situation. Il a restructuré les finances, rétabli la plupart des prestations et congédié environ la moitié des membres de la direction avant d’embaucher des dirigeants plus sympathiques à la cause des travailleurs, se souvient M. Gerard.

Il a même fourni des cartes de crédit à quelques employés.

«Il a quasiment dit à nos membres, « Vous en savez plus que moi sur la fabrication de l’acier. Alors dites-moi ce que nous devons faire pour faire fonctionner cet endroit »», a souligné M. Gerard.

Un collègue a comparé M. Ross à un chirurgien traumatologue: il vous sauvera la vie, mais vous coupera une jambe. M. Gerard rejette cette comparaison. «Nous avions déjà perdu une jambe. Nous avions la crainte de perdre tout le corps… Wilbur (Ross) nous a aidés à sauver tout le corps», a-t-il soutenu.

Certains Canadiens se préparant aux négociations commerciales à venir parlent de M. Ross en des termes respectueux. Il est considéré comme plus pragmatique que certains autres membres de l’équipe de M. Trump. Il n’a pas tenu de propos particulièrement critiques à l’égard du Canada.

Il a proposé d’ajuster la structure fiscale au bénéfice des exportateurs américains. Et il a affirmé aux élus lors de son audience de nomination que d’autres pays devront faire certains compromis: «Je n’ai pas l’intention de me faire tasser.»

Mais dans un document qu’il a co-écrit pour la campagne de M. Trump, il fait à peine mention du Canada. Il fait référence au Mexique à dix reprises, à la Chine 33 fois — et au Canada à une seule reprise, en passant.

«Pour être direct, disons que Wilbur (Ross) connaît la différence entre le Canada et le Mexique. Le Canada n’est pas le problème à l’égard de l’ALÉNA», a dit M. Gerard.

Peter Navarro, directeur du Conseil du commerce national à la Maison-Blanche
Pour une illustration plus vive de l’hostilité à l’égard des ententes modernes de libre-échange, on peut s’attarder au livre et au documentaire de Peter Navarro intitulés «Death By China». Le professeur de l’Université de la Californie a co-écrit avec M. Ross le document sur le commerce de M. Trump, et dirige désormais le nouveau Conseil du commerce national.

Son documentaire sur la Chine montre des images-chocs, comme celle d’un poignard sur une carte géographique des États-Unis avec du sang qui gicle. Le film s’amorce avec la vue de consommateurs fébriles face aux aubaines sur les produits électroniques lors du «vendredi fou». Il migre ensuite vers les villes manufacturières durement frappées, et argue que les biens importés bon marché tuent le coeur économique des États-Unis.

Le documentaire fait entendre des dissidents politiques chinois, des représentants des travailleurs et des hommes d’affaires. Il livre toutes les récriminations imaginables contre la Chine en 79 minutes: les mauvais traitements contre les travailleurs, les faibles normes environnementales, la menace militaire croissante, le vol de secrets commerciaux des entreprises américaines, la manipulation de la devise et la piètre sécurité des produits.

M. Navarro appelle les gens à sacrifier certaines aubaines pour le bien commun: «Lorsqu’un consommateur entre dans un Walmart, la première chose qu’il doit faire est d’être suffisamment conscient pour regarder sur l’étiquette», dit-il.

M. Navarro a aussi critiqué l’Allemagne sur deux fronts: pour avoir supposément étouffé l’euro, et pour avoir utilisé des remboursements de taxes de valeur ajoutée sur les exportations comme subventions dissimulées à Volkswagen, BMW et Porsche.

Robert Lighthizer, désigné par M. Trump comme représentant au Commerce des États-Unis
Robert Lighthizer s’en est pris à la Chine — plusieurs fois, sur plusieurs années. Il a été conseiller auprès du secteur de l’acier aux États-Unis. Il a travaillé pour Bob Dole au Sénat américain et pour Ronald Reagan à titre de représentant adjoint au commerce dans les années 1970 et 1980. Trois décennies plus tard, il fait son entrée dans le cabinet Trump.

Il a détaillé des vues sceptiques à l’égard du libre-échange en 2008 dans un article pour le New York Times intitulé «Grand Old Protectionists».

M. Lighthizer a critiqué le commerce chinois dans une présentation au Congrès américain en 2010, à l’occasion du 10e anniversaire de l’entrée de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a soutenu que les bénéfices promis ne s’étaient pas matérialisés — la Chine demeure non démocratique, elle fait encore fi des droits sur la propriété intellectuelle, et cause la perte d’emplois aux États-Unis.

Ayant été conseiller des aciéries au côté de M. Lighthizer, l’avocat en commerce de Dentons à Washington Alan Wolff a fait valoir que M. Lighthizer, comme la plupart des membres de l’équipe Trump, veut redonner de la vigueur à la classe ouvrière et aux emplois dans le secteur industriel. «La meilleure manière de les décrire est qu’ils ont profondément à coeur la base industrielle aux États-Unis.»

Concernant ce à quoi peut s’attendre le Canada, M. Wolff a fait cette prédiction: plusieurs changements dans l’ALÉNA seront bénéfiques pour le Canada.

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