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Budget Leitão: préparation électorale

Quebec Premier Philippe Couillard, right, chats with Quebec Finance Minister Carlos Leitao moments before presenting the budget speech, Tuesday, March 28, 2017 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: THE CANADIAN PRESS

L’une des premières choses que tout étudiant en sciences politiques apprend est la suivante: la mémoire de l’électorat est une faculté qui oublie, rapidement, et pour toujours. Voilà le premier réflexe qui m’est venu à l’esprit à l’analyse du dernier budget du gouvernement québécois, présenté mardi et qualifié par son ministre des Finances de «budget de l’espoir».

De retour au pouvoir après un (fort) bref séjour sur les banquettes de l’Opposition, les libéraux devaient, au début même de leur mandat, faire de l’austérité budgétaire l’un de leurs principaux chevaux de bataille. Au nom de cette même austérité (d’autres préfèrent le terme «rigueur») survint une multitude de coupes mettant à mal divers secteurs stratégiques, l’éducation et la santé au premier chef.

Plusieurs avaient alors aisément prédit ce qui, sans trop de surprise, est confirmé aujourd’hui même: des réinvestissements massifs seraient éventuellement effectués en période pré-électorale. Le scénario était, à vrai dire, un peu tracé d’avance. Un discours semi-alarmiste sur l’état des finances publiques, les coupes qui s’ensuivent et, puisque tout va soudainement beaucoup mieux, on ré-injecte peu de temps avant les élections. Formule éprouvée, autant classique que gagnante.

Au-delà du cynisme que peut susciter la stratégie employée, il n’en demeure pas moins qu’à cette vitesse, le gouvernement Couillard sera bientôt reconnu comme le champion incontesté de l’économie et des finances publiques. Une bien mauvaise nouvelle pour les partis d’opposition.

Parce qu’il y a fort à parier que c’est ce que l’électorat québécois retiendra, prochainement. Le gouvernement Couillard sera, aux yeux de plusieurs, vu comme le champion de l’économie, des finances publiques. Et vous savez quoi? Il aura peut-être raison. En fait, si l’on fait abstraction de cette manoeuvre des plus prévisibles, reste que sur le fond, effectivement, l’économie québécoise se veut actuellement en pleine santé. Un taux de chômage des plus bas, une croissance soutenue, l’absence de déficit, et ce, pour un troisième budget d’affilé.

Mieux encore: malgré une hausse substantielle des dépenses (4,2% autant en santé qu’en éducation), un surplus budgétaire quasi-gargantuesque, de l’ordre de 2,5G$, est dégagé d’emblée, avant d’être sitôt redirigé au Fonds des générations.

C’est ainsi que le poids de la dette brute du Québec, en pourcentage du PIB, ne cesse de diminuer: elle s’établit actuellement à 52,7%, une baisse lente, mais constante.

Si les faits sont effectivement têtus, comme le veut l’adage, les partis d’opposition, on pense notamment au PQ et à la CAQ, auront une côte appréciable à remonter avant de convaincre la population qu’ils feraient, économiquement parlant, mieux que le gouvernement sortant. Surtout qu’il reste encore, rappelons-nous, pratiquement 18 mois de jamboree pré-électoral…

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Bref aparté pour souligner une mesure quelque peu inopinée: afin de venir en aide aux médias écrits, le gouvernement annonce une aide de 36M$ sur cinq ans aux médias écrits, notamment pour soutenir la transformation numérique et la réduction des frais liés au recyclage des publications papier. Ceci fait suite en un sens, aux requêtes du nouveau consortium créé afin de «sauver» l’industrie. Difficile, à mon sens, d’être contre ce type de mesure. Les médias écrits, depuis l’avènement d’un certain web, en prennent systématiquement plein la tronche, année après année. Au point de réduire, substantiellement, le nombre de journalistes affectés à la nouvelle, la vraie. L’enquête, par exemple. Celle qui est autant fondamentale qu’impérative à la démocratie, à l’État de droit.

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