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Mondialisation et populismes

People wait outside a school where electoral posters show centrist candidate Emmanuel Macron, left, and a defaced poster of far-right candidate Marine Le Pen, Wednesday May 3, 2017 in Marseille, southern France. Pro-European progressive Emmanuel Macron and far-right Marine Le Pen are facing off today in their only direct debate before Sunday's presidential runoff election. (AP Photo/Claude Paris) Photo: Claude Paris/Associated Press

Voilà, sans grande surprise, Emmanuel Macron est élu nouveau président de la République française, à 39 ans, c’est le plus jeune président de l’histoire de la France. Les Français ont fait le choix de la raison. À contrecœur pour certains d’entre eux, certainement, mais le résultat est là: Marine a perdu. La démocratie a gagné, pour le moment.

Tout au long de cette élection française inhabituelle, nous avons assisté, ébahis, à la déconfiture totale des courants historiques de la politique classique. La gauche et la droite, concepts français qui datent de la révolution et qui ont façonné l’univers politique mondial des décennies durant, semblent désormais archaïques et désuètes. Nous observons un changement de paradigme: l’offre politique ne se définit plus en termes d’axes de choix économiques et sociaux clairs. L’idéologie est morte: on ne vote plus selon des options et des visions doctrinales de libre marché ou de solidarité sociale, de conservatisme sociétal ou de libertés individuelles.

Dans son discours de concession, Marine Le Pen dresse la table du nouveau débat dichotomique: «patriotes contre mondialistes». C’est bien de cela qu’il s’agit: d’un côté, un nationalisme conservateur, traditionaliste, identitaire, protectionniste, populiste, fermé sur soi et franchement antimondialiste. De l’autre, un libéralisme débridé, ouvert, libre-échangiste, corporatiste, élitiste et clairement mondialiste.

Les élections présidentielles françaises affirment la tendance mondiale de déconfiture des paradigmes politiques classiques, la défaite de la gauche et la montée des populismes nationalistes. «Patriotes contre mondialistes», disait Mme Le Pen. Elle n’a peut-être pas tort.

La France n’est pas une exception. Il s’agit là d’une vague universelle qui est en train de façonner le paysage politique global, surtout en Occident. L’élection de Donald Trump, le Brexit, le FPO autrichien, la montée des partis nationalistes en Europe… Ce sont là des exemples qui illustrent la nouvelle tendance dans le monde politique.

À la fin des années 1990, quand les effets négatifs de la mondialisation galopante ont commencé à alarmer les populations, la gauche classique était bien placée pour devenir le porte-étendard des laissés-pour-compte de la mondialisation. Elle ne l’a pas fait. Une autre gauche, alternative, a essayé de prendre le relais, comme à Seattle en 1999 ou à Québec en 2001. Elle a échoué. Le libéralisme avait gagné la bataille, l’histoire était finie, c’est ce qu’on avait cru. Les années 2000 ont été celles du triomphe incontesté du libre marché… jusqu’à la crise de 2008. La gauche, vaincue et déconfite, n’arrivait plus à se battre. C’était trop tard. Et puisque la politique a horreur du vide, les populistes nationalistes ont repris le flambeau, ils se sont fait catapulter en porte-étendards des victimes de la mondialisation.

Voilà où nous en sommes. Et ce n’est à mon avis que le début. Les effets négatifs de la mondialisation et de la libéralisation sauvage des économies globalisées ne fera qu’accentuer le sentiment d’injustice qu’éprouvent les laissés-pour-compte. Si on y ajoute l’accélération des avancées technologiques, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle, les effets des changements climatiques, les conflits et les guerres et leur lot de souffrances, et le terrorisme mondialisé, tout ça me fait penser que les populismes ont malheureusement un bel avenir devant eux.

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