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Les familles qui ont aidé Snowden pressent Ottawa

Giuseppe Valiante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les deux familles qui avaient hébergé le fugitif américain Edward Snowden à Hong Kong demandent au gouvernement canadien de les accueillir au pays pendant les procédures de demande d’asile, ont indiqué lundi leurs avocats.

Me Robert Tibbo, de Hong Kong, plaide que le Canada devrait prendre cette «mesure exceptionnelle» et accueillir ces ressortissants des Philippines et du Sri Lanka, après que le gouvernement de Hong Kong a refusé vendredi dernier d’admettre comme réfugiés les quatre adultes et leurs trois enfants.

Les deux familles auraient aidé Edward Snowden, un informaticien du renseignement américain, à se terrer à Hong Kong pendant deux semaines, en juin 2013, après avoir révélé des documents secrets qui démontraient que le gouvernement américain avait massivement recours à la surveillance électronique dans le monde entier.

Les deux familles avaient été mises en contact avec M. Snowden parce qu’elles partageaient le même avocat — Me Tibbo.

Entouré lundi à Hong Kong des sept demandeurs, l’avocat a plaidé, lors d’une visioconférence, que les deux familles ne disposent que de deux semaines pour faire appel de la décision de Hong Kong, après quoi ils risquent la déportation vers leur pays d’origine, où ils craignent pour leur sécurité.

En attendant, Me Tibbo tente de recueillir 15 000 $ pour payer les honoraires juridiques liés aux procédures d’appel à Hong Kong. L’avocat ne se fait cependant guère d’illusions sur les chances de succès en appel.

Pas contrôlés par l’ONU

«La solution, c’est le Canada», a-t-il plaidé lundi. Car le Canada est l’un des rares pays du monde qui acceptent d’examiner la demande de statut de réfugié d’une personne qui n’a pas fait l’objet d’un contrôle préliminaire des Nations unies. Or, le gouvernement de Hong Kong ne permet pas à l’ONU de «filtrer» les demandeurs dans ce pays.

Michael Simkin, membre à Montréal de l’équipe d’avocats des deux familles, a soutenu lundi que les demandes de statut de réfugié pourraient être traitées «en quelques jours» si le gouvernement canadien le voulait. Qui plus est, Ottawa pourrait très bien, «à titre exceptionnel», accueillir les deux familles pendant que leur demande est examinée, a indiqué Me Simkin en conférence de presse simultanée à Montréal. «Ça s’est déjà fait par le passé, ça pourrait se faire encore.»

Les avocats soutiennent que le gouvernement de Hong Kong a rejeté la demande des deux familles parce qu’il croit que les Philippines et le Sri Lanka sauront les protéger. L’un des demandeurs, Ajith, a soutenu lundi qu’il est certain d’être tué s’il retourne au Sri Lanka.

Par ailleurs, Me Tibbo a déclaré qu’il ne nourrit «aucun regret» d’avoir mis en contact M. Snowden et ces deux familles — «ils ont pris une décision parfaitement éclairée», a-t-il soutenu. Mais l’avocat s’attribue tout de même une «responsabilité morale» et il tente à tout prix de les sortir de là. Les quatre adultes ont d’ailleurs tous indiqué aux journalistes lundi qu’ils ne regrettaient pas leur geste.

Edward Snowden a finalement trouvé refuge en Russie, où il vit en exil depuis 2013. Il a été accusé aux États-Unis d’espionnage et risque une peine maximale de 30 ans de prison.

Note aux lecteurs: Ceci est une version corrigée. La version précédente indiquait que l’avocat Robert Tibbo tentait de récolter 15 000 $ pour payer les honoraires juridiques liés aux procédures d’appel, mais l’argent est plutôt récolté par un organisme sans but lucratif.

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