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Marche blanche pour un registre public des délinquants sexuels

Photo: Josie Desmarais/Métro

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées lundi afin de militer pour la diffusion au grand public d’un registre des délinquants sexuels au Québec. Une mesure controversée refusée par les gouvernements libéraux provinciaux depuis plusieurs années.

Les manifestants ont bravé le mauvais temps dans le cadre d’une «marche blanche», une expression qui fait référence au mouvement de protestation de parents de victimes du pédophile belge Marc Dutroux, au cours duquel plus de 350 000 personnes avaient manifesté à Bruxelles, en 1996.

Partis du parc Jeanne-Mance, les marcheurs se sont rendus lundi jusqu’au parc Émilie-Gamelin, escortés notamment par des motards militants contre les abus sexuels envers les enfants.

À l’origine de ce rassemblement: Sophie Dupont, créatrice du mouvement de Protection des enfants contre les agressions sexuelles (PECAS). En 2004, un membre de sa famille a été victime d’une agression sexuelle par un délinquant récidiviste. Selon elle, la publication du registre des délinquants sexuels aurait pu éviter ce genre de drame. «En 2007, j’ai déposé une pétition de 68 300 signatures à l’Assemblée nationale pour la publication de ce registre que détient la police, explique-t-elle. Étant donné l’inaction des politiques, j’ai créé en 2009 un groupe Facebook recensant des délinquants sexuels.» Un groupe qui compte près de 42 000 membres et recensant aujourd’hui environ 800 délinquants dénoncés par les utilisateurs.

Quand on la questionne sur des problèmes de stigmatisation que la publication d’un tel registre pourrait engendrer, Sophie Dupont n’est pas d’accord. «Il est temps d’agir de manière préventive. Au Québec, il y a une augmentation des crimes sexuels de 5% chaque année et 54% des crimes sexuels au Canada se déroulent dans notre province.»

Soutien essentiel au mouvement, le sénateur de La Salle, Pierre-Hugues Boisvenu, dont la fille a été assassinée par un récidiviste, explique que la priorité est d’obtenir la publication d’un registre des délinquants sexuels à haut risque. «La Cour suprême a approuvé en 2006 la publication des registres des criminels sexuels à haut risque, détaille-t-il, soit des personnes pouvant récidiver dans les 12 mois à venir, selon la justice. Ils représenteraient 20% des délinquants sexuels.» Plusieurs provinces canadiennes ont adopté ce système dès sa validation par la cour il y a 11 ans, mais depuis plusieurs années, les gouvernements provinciaux refusent la publication de ce registre pour ne pas entraver la réhabilitation des criminels.

Pour André Spénard, député de la Coalition avenir Québec et soutien politique du mouvement «depuis ses débuts», le but de cette revendication est de créer un outil de prévention. «Le gouvernement craint une chasse aux sorcières, mais nous ne comptons pas donner d’adresses ou de numéros de téléphones. Nous voulons juste prévenir la population.»

Pour l’instant, Québec n’a pas commenté sur la manifestation.

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