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Nunavik: l'identité des victimes dévoilée

Photo: Google Maps

AKULIVIK, Qc — Un homme ayant vécu 34 ans dans la communauté inuite québécoise reculée d’Akulivik, où trois personnes ont été poignardées à mort au cours de la fin de semaine, a parlé de l’endroit le plus «effrayant» et des gens les plus «braves» qu’il ait connus.

«Il y a tant de colère à cet endroit», a dit David Qaqutuk, un administrateur au sein de la corporation foncière régionale, lors d’une entrevue avec La Presse canadienne par l’entremise du service de messagerie de Facebook.

«J’ai vu tant de choses survenir pendant mon enfance», a-t-il ajouté, détaillant une série de crimes graves, incluant des viols et des meurtres.

Le bureau du coroner a publié l’identité des victimes du triple meurtre survenu samedi à Akulivik, dans le Grand Nord québécois. Il s’agit d’Eli Qinuajuak, âgé de 32 ans, de Lucassie Anautak, âgé de 36 ans, et de Putulik Anautak, âgé de 12 ans.

Le coroner a aussi identifié le suspect de ce triple meurtre, abattu par des agents du Corps de police régional Kativik: il s’agit d’Illutak Anautak, âgé de 19 ans.

Selon les informations préliminaires du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), le suspect aurait pénétré dans trois résidences pour poignarder cinq personnes, samedi. Trois victimes, dont le garçon de 12 ans, sont mortes. Deux autres personnes ont été grièvement blessées, mais elles étaient considérées comme «hors de danger» dimanche soir.

Le BEI a indiqué que la police avait intercepté le suspect au moment où il s’apprêtait à entrer dans une quatrième résidence, armé d’un couteau. Selon le BEI, la police a tiré une première fois pour empêcher le suspect d’entrer, avant de tirer un coup fatal lorsque l’homme s’est approché des agents.

Le BEI, qui enquête sur la mort du suspect abattu par la police, a indiqué lundi que ses agents avaient maintenant quitté la petite localité inuite. La porte-parole du BEI, Esther Tremblay, a précisé que cette enquête pourrait durer des mois.

De son côté, la Sûreté du Québec, qui mène l’enquête sur les trois meurtres et les deux tentatives de meurtre, a précisé que des agents sont toujours sur place, sans donner plus de détails sur ce drame.

Bien que les autorités n’aient pas établi de liens entre les quatre morts, des résidants de la localité ont indiqué que deux des trois personnes poignardées à mort étaient un oncle et un cousin du suspect, et que la troisième victime était un ami de longue date de l’une de ses tantes.

Une communauté ébranlée

M. Qaqutuk connaissait trois personnes impliquées dans la tragédie, incluant le suspect, qu’il a décrit comme un charmeur en quelque sorte.

Illutak Anautak a vécu des tragédies immenses ces dernières années — incluant le meurtre de sa mère et le suicide d’un frère plus âgé, a dit M. Qaqutuk.

Le doute planait encore sur le motif des attaques, lundi.

M. Qaqutuk a affirmé que la tragédie avait ébranlé la communauté d’un peu plus de 600 habitants située dans le nord-est de la baie d’Hudson.

«Beaucoup de gens de l’extérieur se rendent à Akulivik pour offrir un soutien. Tout le monde est encore sous le choc et tente de faire face à la douleur», a-t-il soutenu.

Le premier ministre Philippe Couillard a indiqué aux journalistes, à Montréal, qu’une cellule de crise avait été déployée pour offrir une aide psychosociale aux résidants d’Akulivik.

«Nous savons que les conditions sociales dans nos communautés nordiques sont très difficiles. Nous serons avec eux et nous les appuierons pour traverser cette horrible tragédie», a dit M. Couillard.

Le ministre québécois responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, a parlé d’un «incident d’une énorme tristesse», disant que ces gestes d’un jeune de 19 ans étaient «probablement incompréhensibles».

«Je ne vais pas tirer des conclusions d’une façon prématurée — les enquêteurs font leur travail —, mais on est très conscients des enjeux dans les communautés», a dit le ministre en entrevue avec La Presse canadienne.

M. Kelley a aussi souligné la mise en place d’une équipe de crise, avec «des travailleurs sociaux et d’autres ressources envoyées à Akulivik».

«Ça, c’est vraiment dans l’optique de gestion de crise, mais il y a des choses plus profondes sur lesquelles nous devrons travailler ensemble. Je crois que la clé du succès est vraiment que les solutions doivent venir du Nord vers le Sud. (…) Il est très important pour nous de travailler avec les Inuits, trouver des solutions durables aux enjeux qui existent dans les communautés», a ajouté M. Kelley, évoquant la construction de logements déjà en branle, l’accès aux programmes pour les personnes qui souffrent de dépendances et la réussite scolaire.

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