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Irma: regard de scientifiques sur la météo extrême

The Associated Press Photo:
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’ouragan Irma démontre qu’on ne peut dissocier les événements de météo extrême du réchauffement climatique, selon le milieu scientifique.

Sans aller jusqu’à dire que les changements climatiques sont la cause directe d’événements comme la catastrophe qui frappe présentement les Antilles et qui menace la Floride, les experts soulignent qu’ils ont une influence majeure sur leur nature et qu’Irma en est une illustration éloquente.

Le Centre canadien science et média, un organisme indépendant qui soutient la diffusion et la vulgarisation de l’information scientifique, a publié jeudi une série des citations tirées de sa veille médiatique en lien avec le gigantesque ouragan.

Climatoscepticisme et science
«Il n’y a aucune controverse scientifique légitime sur le fait que la combustion d’énergies fossiles augmente la pollution de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. En nous lançant dans cette expérience industrielle centenaire sur la planète, nous avons appris que la météo extrême qui a le plus d’impact est liée au réchauffement global.

«Je n’ai qu’une chose à demander au gouvernement américain et à tous les politiciens qui nient le changement climatique à travers le monde: vous êtes-vous interrogés sur ce que signifient les ouragans, la fonte des glaciers, le réchauffement des océans et la montée du niveau de la mer pour la sécurité des endroits qui vous sont chers, comme Mar-a-Lago? (Le complexe de villégiature de Floride qui appartient au président Donald Trump).

«En clair, le climat de la planète Terre est complètement déréglé et nous savons exactement ce qui en est la cause: présentement, l’accélération des changements climatiques est déterminée par les politiques gouvernementales des États-Unis et d’autres pays. Nous ne pouvons pas renverser la vapeur en quelques années ou même une décennie, mais nous pouvons l’aggraver en quelques années ou une décennie.»

— Le docteur Jeffrey Kargel, chercheur au département d’hydrologie et de sciences atmosphériques à l’université de l’Arizona.

Ouragans: plus tôt, plus d’espace pour grandir
«L’ouragan Irma est le plus puissant depuis plus de 10 ans et s’est formé plus loin à l’est que d’habitude.

«Bien que les ouragans individuels ne soient pas causés par les changements climatiques, ils sont aggravés par une plus grande chaleur de surface dans les tropiques, ce qui procure la force motrice aux ouragans. Il faut aussi noter que la saison des ouragans s’est amorcée plus tôt cette année avec Arlène en avril plutôt qu’au début de juin.»

— Le professeur Kevin Horsburgh, directeur du groupe de recherche sur la physique marine et du climat océanique au National Oceanography Centre (Royaume-Uni).

Une accumulation d’effets aggravants
«Il est important de noter que les changements climatiques ont déjà entraîné une augmentation du niveau de la mer.

«Toute marée déferlante survient donc en sus du niveau initial, ce qui cause des inondations côtières encore plus sévères. Le changement climatique fait également augmenter les quantités de pluie dans une tempête, ce qui aggrave les inondations d’eau douce. Et le réchauffement augmente la probabilité qu’une tempête atteigne une intensité extrêmement élevée.»

— Le docteur Chris Holloway, expert en tempêtes tropicales à l’université de Reading (Angleterre)

Un 2e ouragan de catégorie 5?
«L’occurrence de deux ouragans de catégorie 5 dans la même saison n’est jamais survenue depuis que l’on tient des statistiques.

«La possibilité de voir José (l’ouragan qui suit Irma dans l’Atlantique) atteindre la catégorie 5 demeure hypothétique; avec le passage d’Irma, il n’y a plus autant d »énergie’ pour permettre à José de s’intensifier, mais les conditions sont similaires.

«Les projections de changement climatique indiquent que nous aurons moins de cyclones dans l’avenir, mais qu’ils seront plus intenses.»

— Le docteur Adrian Champion, chercheur en systèmes climatiques de l’université d’Exeter (Angleterre).

Faire payer les responsables?
«Nous devons commencer à nous demander: combien de temps pouvons-nous nous attendre à ce que les contribuables et ceux qui se trouvent dans la trajectoire des ouragans assument la totalité de la facture pour les changements climatiques?

«(Nos recherches) démontrent que près de 30 pour cent de l’augmentation globale du niveau de la mer entre 1880 et 2010 peut être attribué à des produits vendus par 90 grandes sociétés. Il est temps de se demander s’il est normal d’exempter des compagnies qui vendent des produits causant les émissions de gaz à effet de serre de toute responsabilité quant aux conséquences de leurs activités. Comme nous l’avons découvert en 2008, donner carte blanche aux entreprises pour qu’elles engrangent des profits privés pendant que la société assume le risque se termine mal pour tout le monde.»

— Myles Allen, professeur de science des géosystèmes, université Oxford (Angleterre).

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