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Leitao hausse les rentes et les cotisations au RRQ

Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Québec a finalement annoncé, jeudi, qu’il bonifiait les rentes versées aux retraités par le Régime des rentes du Québec — une importante mesure de lutte contre la pauvreté.

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a déposé son projet de loi à cet effet jeudi. En vertu de celui-ci, on ajoutera au régime de base un nouveau régime, à compter de 2019. La rente de retraite passera d’un taux de remplacement du revenu de 25 pour cent à 33,33 pour cent.

Pour y parvenir, il faudra hausser les cotisations graduellement pour atteindre 2 pour cent par année.

Le maximum des gains admissibles, soit le salaire maximal sur lequel est calculé la cotisation du travailleur au RRQ, sera haussé de 14 pour cent.

À titre d’exemple, pour des revenus de travail moyens de 40 000 $, la rente de retraite annuelle totale atteindra 13 320 $, soit une rente supplémentaire de 3320 $.

Des mesures ont été prises pour que la hausse des cotisations n’affecte pas trop les travailleurs qui ont un faible salaire. Ainsi, le gouvernement fédéral a déjà bonifié la Prestation fiscale pour rente de travail (PFRT) qui vise justement à soutenir les bas salariés, a noté le ministre Leitao.

«L’impact net sur le portefeuille ne sera pas problématique», a-t-il assuré.

Il a aussi souligné qu’il y aura également augmentation de la rente d’invalidité et de la rente au conjoint survivant.

Comme les autres provinces

Jusqu’ici, Québec avait refusé de signer l’entente de Vancouver, conclue en juin 2016 par les autres provinces, qui permettait de hausser progressivement les cotisations au Régime de pensions du Canada — l’équivalent du Régime des rentes du Québec — afin de verser des rentes plus généreuses aux retraités.

Sans cette bonification annoncée aujourd’hui, un retraité du Québec aurait touché des rentes moindres qu’un retraité de l’Ontario ou du Manitoba.

Le ministre Leitao a justifié son changement de cap par le fait que la consultation publique qui a eu cours au Québec en janvier dernier l’avait convaincu qu’il existait un large consensus face à une telle réforme. De plus, il a souligné que la Prestation fiscale pour rente de travail avait été rehaussée, permettant ainsi de compenser, pour les bas salariés, la hausse des cotisations au RRQ.

Des satisfaits

L’annonce a été saluée par ceux qui représentent les travailleurs et les jeunes, mais pas par les organisations patronales.

La FTQ avait lancé sa campagne pour faire bonifier le RRQ lors de la Fête du travail en 2009. Elle avait formé une coalition d’une centaine d’organisations, même avec des jeunes et des étudiants, pour obtenir de telles modifications, au bénéfice des retraités les plus pauvres.

«C’est une excellente nouvelle pour les Québécois, les Québécoises et surtout pour les gens les plus mal pris de la société. Il faut se rappeler qu’il y a 6 travailleurs sur 10 au Québec qui n’ont aucun régime de retraite. Donc souvent, ces gens-là arrivent à la retraite et le reste de leur existence se vit dans la pauvreté», a commenté au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux.

La FTQ avait même fait faire un sondage auprès de la population, qui démontrait un fort appui populaire en faveur d’une telle hausse. «Finalement, le gouvernement entend le bon sens. Il va légiférer dans le sens que la population souhaite. C’est une hausse qui n’est pas négligeable pour les gens qui n’ont pas de régime de retraite», a ajouté M. Cadieux.

La CSN et la CSQ, qui avaient aussi fait campagne pour cette cause, se sont réjouies de la bonification «qui contribuera à améliorer la retraite de l’ensemble des Québécois».

Le groupe Force jeunesse a aussi félicité le gouvernement. La bonification annoncée «représente un gain important pour les jeunes qui font actuellement leur entrée sur le marché du travail, la classe moyenne et les personnes à faible revenu ou en situation d’emploi atypique», a commenté sa présidente, Sophie Tremblay.

Des préoccupés

Le son de cloche est tout autre à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, qui craint les répercussions sur les petites entreprises. «Si on peut s’entendre qu’il est souhaitable que les Québécois bénéficient d’une retraite décente, cette proposition obligera les ménages à épargner plus dans un un seul véhicule qui n’est peut-être pas le meilleur pour eux», a commenté la vice-présidente principale, Martine Hébert.

La FCEI rappelle que ces hausses de cotisations s’ajoutent à la hausse du salaire minimum et à celle de l’assurance-emploi. «En bout de ligne, les employeurs se retrouvent avec des hausses de cotisations importantes sur leur masse salariale qui leur enlève de la marge de manoeuvre dont ils ont besoin pour bonifier les salaires, les heures travaillées», a commenté Mme Hébert.

À la Fédération des Chambres de commerce du Québec aussi, le pdg Stéphane Forget s’est dit «préoccupé» pour la compétitivité des entreprises québécoises, compte tenu du fait que les taxes sur la masse salariale y sont plus élevées que dans les autres provinces.

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– Pour un revenu de travail de 20 000 $ la rente de retraite annuelle totale sera de 6660 $, soit une rente supplémentaire de 1660 $

– Pour un revenu de travail de 40 000 $, la rente de retraite annuelle totale sera de 13 320 $, soit une rente supplémentaire de 3320 $

– Pour un revenu de travail de 80 000 $, la rente de retraite annuelle totale sera de 20 268 $, soit une rente supplémentaire de 6948 $

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