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Quelles ressources pour les hommes victimes d’agressions sexuelles?

symbolic picture of violence at home Photo: Getty Images/iStockphoto

La récente vague de dénonciations d’agressions sexuelles, durant laquelle certains hommes se sont manifestés, pourrait-elle inciter les victimes masculines à utiliser davantage les ressources à leur disposition?

«On constate une plus forte demande au niveau de la ligne téléphonique et des premières demandes d’aide», note Noé Fillau, intervenant au Centre de ressources et d’intervention pour hommes abusés sexuellement dans leur enfance (CRIPHASE).

Le CRIPHASE est le seul organisme montréalais d’aide dédié uniquement aux victimes masculines, mais son mandat se limite aux agressions subies pendant l’enfance.

«On songe à élargir notre mission afin d’accompagner les hommes de tous âges, mais on a peu de ressources, poursuit M. Fillau. Si une victime à l’âge adulte se présente, on va quand même l’accompagner, évidemment. On est la seule ressource, on ne peut pas se permettre de mettre ces personnes à la porte. Ce serait même dangereux de ne pas le faire.»

Les hommes agressés peuvent également s’adresser au Centre d’aide aux victimes d’agressions sexuelles de Montréal (CVASM), qui gère une ligne téléphonique d’écoute et de références pour l’ensemble de la province.

«On entend encore que les agressions sexuelles chez les hommes n’existent pas ou alors que la victime a aimé ça. Tant chez les hommes que chez les femmes, il y a une propension à l’isolement chez les victimes. Il y a un sentiment de honte, de culpabilité. Malheureusement, ce tabou est encore plus fort chez les hommes» – Noé Fillaud, intervenant au CRIPHASE.

La plupart des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de la province travaillent seulement avec des femmes, mais certains commencent à traiter une clientèle masculine.

«De manière générale, on manque de ressources pour les victimes d’agressions sexuelles, homme ou femme, mais c’est vrai il n’y pas beaucoup de ressources spécifiquement pour les hommes», a estimé Deby Trent, directrice du CVASM. Cela dit, on a toujours reçu des appels d’hommes et nous sommes tout à fait disposés à les aider.»

Les hommes représentent environ 20% des victimes d’agressions sexuelles, qui se produisent majoritairement durant leur enfance.

Environ un homme sur 10 a vécu au moins un incident d’agression sexuelle, avant l’âge de 18 ans, selon le CRIPHASE. Les victimes masculines attendent en moyenne de 35 à 40 ans avant d’aller chercher de l’aide. Ce délai varie de 13 à 15 ans chez les femmes.

Comme dans le reste du réseau de la santé, où les hommes de 18 à 64 ans consultent deux fois moins que les femmes, les stéréotypes associés à une certaine virilité masculine compliquent le processus de guérison.

«Encore aujourd’hui, on a toujours de la difficulté à rejoindre les hommes, peu importe la problématique. Pour plusieurs, ce n’est pas facile de demander de l’aide, parce que c’est associé à un aveu de faiblesse», juge Raymond Villeneuve, président du Regroupement des organismes pour hommes de l’île de Montréal (ROHIM).

«Les hommes ont beaucoup de difficulté à aller chercher de l’aide en général, et c’est encore pire au niveau des agressions sexuelles, estime Noé Fillaud. La socialisation masculine est un frein. On a encore la vision d’un homme fort, qui règle ses problèmes lui-même, qui ne pleure pas. Aller chercher de l’aide signifie encore se montrer vulnérable pour certains. C’est contraire aux valeurs que la société inculque aux hommes.»

Au Québec, seulement 10% des cas d’agression sexuelle sont déclarés à la police, selon les CALACS.

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