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Violence conjugale: comité mis sur pied

Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Québec cherche à décortiquer les mécanismes de la violence conjugale, dont les femmes font trop souvent les frais au prix de leur vie.

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a annoncé mardi avoir mis sur pied un comité chargé de faire la lumière sur les circonstances entourant les actes de violence conjugale ayant entraîné le décès de la victime.

Le comité, qui sera présidé par la coroner en chef du Québec, Catherine Rudel-Tessier, débutera ses travaux en 2018.

Elle devra notamment tenir à jour une base de données détaillées sur les victimes et leurs agresseurs.

Un rapport devra être produit annuellement.

En 2014, il y a eu au Québec 11 victimes d’homicide conjugal et dans tous les cas la victime était une femme.

Mme Rudel-Tessier devra étudier les circonstances ayant mené aux décès reliés à la violence conjugale, dans le but de déterminer les différents facteurs de risque et de mieux comprendre les mécanismes à l’origine du cycle de la violence qui s’installe dans un couple.

Le ministre Coiteux souhaite que des actions préventives puissent être mises en place et que des protocoles d’intervention plus efficaces puissent être imaginés, à partir des travaux de ce comité multipartite.

«La culture des rapports hommes-femmes doit changer», a résumé le ministre Coiteux à ce propos.

Les recommandations de la coroner «nous permettront de développer de nouveaux outils et d’améliorer nos méthodes de travail», a-t-il dit espérer.

Outre la coroner Rudel-Tessier, le comité réunira des représentants de plusieurs instances, dont le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), la Sûreté du Québec (SQ), l’Institut national de santé publique du Québec, le Conseil du statut de la femme, le Regroupement des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale et le ministère de la Sécurité publique.

En point de presse, M. Coiteux a dit qu’il était important de profiter de l’expertise «de tout le monde, pas seulement des services de police ou de la Sécurité publique, mais aussi de ces organisations qui aident les femmes, en particulier».

La décision gouvernementale a été fort bien accueillie.

La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, un groupe qui revendiquait une telle initiative depuis des années, a salué l’annonce effectuée mardi par le ministre Coiteux.

«De tels comités ont fait leurs preuves dans l’amélioration des pratiques policières, l’intervention en contexte de violence conjugale et la prévention des homicides conjugaux et intrafamiliaux», a commenté la directrice générale de la fédération, Manon Monastesse, par voie de communiqué.

«Il est nécessaire de travailler en transparence et en collégialité», selon elle.

La Fédération représente 36 maisons d’hébergement dans l’ensemble du Québec, qui accueillent chaque année près de 3000 femmes et leurs 1500 enfants.

Ces maisons manquent de ressources et doivent refuser entre 6000 et 10 000 demandes d’hébergement annuellement, faute de places disponibles.

Quant à lui, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale se dit persuadé de la pertinence du comité pour prévenir d’autres drames.

Les décès résultant de la violence conjugale pourraient être évités, selon la coordonnatrice des dossiers politiques au Regroupement, Louise Riendeau, grâce à «une meilleure coordination des ressources et des intervenants socio-judiciaires».

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