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Trudeau séduit une foule gagnée d'avance à Davos

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

DAVOS, Suisse — Justin Trudeau n’a pas fait courir les foules autant qu’il y a deux ans au Forum économique mondial (FEM), mais son discours axé sur l’égalité hommes-femmes et le progressisme a été fort bien reçu, mardi, à Davos.

Pendant son allocution, le premier ministre canadien a exhorté les dirigeants politiques et économiques à toujours garder en tête ceux qui ne seront probablement jamais assis à leur place dans une salle d’un centre de ski huppé des Alpes suisses.

Il a fait valoir que la mondialisation était vouée à un sombre destin si les riches et les puissants de la planète acceptaient qu’elle s’opère en excluant ceux qui travaillent fort pour joindre les deux bouts.

«Ces personnes sont celles pour qui nous travaillons. Ce sont ces personnes qui doivent être notre priorité. Si nous ne faisons rien, et si nous continuons à faire comme si de rien n’était, le système s’effondrera, et nous échouerons tous», a-t-il lâché.

Le premier ministre s’est réjoui au passage que le Canada et 10 autres pays eurent conclu leurs négociations sur une nouvelle mouture du Partenariat transpacifique (PTP) quelques heures auparavant à Tokyo.

«Grâce à nos efforts continus, nous avons un accord ambitieux et progressiste pour tous les Canadiens», a-t-il claironné.

Puis, Justin Trudeau est passé au chapitre féministe de son discours — probablement celui qui a été le plus applaudi — plaidant que la présence des femmes sur le marché du travail était un moteur de croissance économique.

Il a notamment cité une étude du Peterson Institute for International Economics ayant conclu que de faire passer de zéro à 30 pour cent le nombre de femmes en position de leadership se traduisait par un bond de 15 pour cent de la rentabilité.

«Embaucher, promouvoir et retenir plus de femmes se traduit non seulement par une augmentation de vos profits, mais aussi par une plus grande diversité d’idées», a-t-il fait valoir.

Au fil de son plaidoyer d’environ 25 minutes, le premier ministre a évoqué les mouvements «#moiaussi» et «Time’s up» afin d’ajouter encore davantage de poids à ses arguments.

Cette vague qui a déferlé ces derniers mois, a-t-il argué, démontre que «nous devons avoir une discussion sur les droits des femmes, sur l’égalité et sur la dynamique du pouvoir entre les genres».

Justin Trudeau a par ailleurs profité de l’occasion pour annoncer que la philanthrope Melinda Gates et l’ambassadrice du Canada en France, Isabelle Hudon, coprésideraient le Conseil consultatif pour l’égalité des sexes du G7.

Il a aussi rappelé que la question de l’égalité entre les hommes et les femmes serait un aspect fondamental de la présidence canadienne du groupe des sept, qui culminera avec la tenue du sommet dans la région de Charlevoix en juin prochain.

Tous les dirigeants du G7, à l’exception du premier ministre japonais Shinzo Abe, participent au forum qui se tient dans la petite ville helvète nichée au coeur des Alpes.

Pour l’instant, le programme du premier ministre Trudeau ne prévoit aucune rencontre avec l’un de ses homologues du G7.

Il a cependant eu mardi midi un tête-à-tête avec le premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, qui s’est dit impatient de l’accueillir en visite officielle dans son pays, en février.

C’est au dirigeant indien qu’avait été confié le soin de lancer le 48e FEM, rendez-vous de l’élite multilatéraliste et libre-échangiste. Et dans son discours d’ouverture, il a mis en garde contre «les forces protectionnistes qui s’élèvent contre la mondialisation».

Le dirigeant indien n’a pas fait référence directement au président américain Donald Trump. Mais la table est mise pour le discours du protectionniste de la Maison-Blanche, qui doit s’adresser vendredi aux participants du FEM.

Brasser des affaires au FEM

Justin Trudeau a passé une bonne partie de sa première journée au FEM à courtiser des patrons de multinationales afin de tenter de les convaincre de mettre leurs billes dans l’économie canadienne.

Il l’a amorcée avec une rencontre bilatérale avec le président et chef de la direction de Thomson Reuters, James Smith, se félicitant du fait que l’entreprise médiatique ait décidé de miser sur le Canada.

«Ça a été une conversation, plusieurs conversations, il y a deux ans avec lui, qui ont amené Thomson Reuters à déménager à Toronto, à investir au Canada», a-t-il dit avant le début de la rencontre.

«On est en train de continuer à travailler avec eux pour agrandir leur investissement (…), et on est en très contents de vous avoir», a poursuivi Justin Trudeau.

Le premier ministre remettra ça mercredi. Et il donnera le coup d’envoi à la journée avec une table ronde économique Canada-États-Unis sous le signe de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Une rencontre qui revêt une importance particulière alors que se tient la sixième — et ardue — ronde de pourparlers de l’autre côté de l’océan, à Montréal, pour la semaine.

Car si Justin Trudeau a pu revendiquer une victoire dans le dossier du PTP à Davos, mardi, on ignore quand il pourra le faire pour le traité commercial que Donald Trump a plus d’une fois menacé de déchirer.

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