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Ottawa financera la voie de contournement

Photo: La Presse Canadienne
Mylène Crête et Ugo Giguère, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Ottawa est prêt à investir «un montant substantiel» pour que soit aménagée une voie de contournement à Lac-Mégantic, a confirmé le ministre des Transports, Marc Garneau, dans une déclaration mardi après-midi. Il demande au gouvernement de Philippe Couillard et aux municipalités de la région de contribuer eux aussi.

M. Garneau, qui est présentement en voyage en Israël, ne s’est pas avancé sur la somme que le gouvernement fédéral serait prêt à fournir en raison du partage des coûts entre les différents ordres de gouvernements, qui n’a pas encore été déterminé. Le tracé de cette voie de contournement reste également à être finalisé.

La mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin, a accueilli la nouvelle avec émotion et avec une pensée pour tous les Méganticois, a-t-elle confié en point de presse à Montréal, où elle était de passage, mardi, pour donner une conférence sur la relance de sa municipalité.

Elle se réjouit de voir le gouvernement fédéral «prendre son leadership dans le dossier» et s’attend à ce que Québec emboîte rapidement le pas.

Julie Morin affirme avoir discuté avec le premier ministre du Québec Philippe Couillard samedi soir dernier et elle entretient «beaucoup d’espoir» que les deux niveaux de gouvernement s’engagent pour financer la voie de contournement, dont les quelque 12 kilomètres pourraient coûter autour de 130 millions $.

L’annonce du ministre Garneau a donné l’assurance à Lac-Mégantic qu’elle peut aller de l’avant avec la voie de contournement. Il reste maintenant à déterminer le tracé et à entreprendre le chantier, ce qui devrait mener à l’inauguration des rails vers 2021-2022, au plus tôt.

Le cinquième anniversaire de ce déraillement de train qui a coûté la vie à 47 personnes aura lieu en juillet. Le ministre Marc Garneau a exprimé le souhait d’annoncer les détails pour la construction de la voie de contournement avant cette date et demande aux élus provinciaux et municipaux de collaborer pour «compléter ce projet dans les plus brefs délais».

Autour de la table, il faudra aussi inviter les maires de Nantes et de Frontenac, les premiers à qui Julie Morin a parlé après avoir reçu le coup de fil d’Ottawa.

«Ils seront automatiquement impliqués dans le projet si on sort le train du centre-ville de Lac-Mégantic. Il faut qu’on travaille ensemble pour trouver un tracé qui aura l’impact le moins grand sur leurs communautés. On a à cœur la MRC du Granite et on ne veut pas pelleter le problème dans la cour du voisin», a précisé la mairesse.

Pressions citoyennes

Trois ex-employés de l’entreprise ferroviaire MMA, Thomas Harding, Richard Labrie et Jean Demaître, ont été déclarés non coupables, vendredi, des accusations de négligence criminelle qui pesaient contre eux.

Le prononcé du verdict a relancé le débat entourant la construction de cette voie de contournement pour éviter que les trains ne passent à travers le centre-ville de Lac-Mégantic. Selon Marc Garneau, il ne s’agit pas uniquement d’un projet d’infrastructure ferroviaire, mais également d’un chantier de reconstruction sociale.

«La tragédie du 6 juillet restera à jamais gravée dans la mémoire de l’ensemble des Canadiens. Je veux donc que les Méganticois sachent que le gouvernement du Canada les a entendus et que nous sommes derrière eux», a écrit le ministre Garneau dans sa déclaration.

Il reste que près de cinq ans après la tragédie, bien des citoyens avaient perdu espoir de voir la voie de contournement se concrétiser, selon la mairesse Julie Morin.

«Il y a tellement de gens qui n’y croyaient plus. Moi, j’ai envie de leur dire: on a eu tout intérêt à y croire et on devra toujours demeurer mobilisé», a déclaré celle qui a été élue en novembre dernier.

La tragédie avait été causée par un train de 72 wagons transportant du pétrole brut qui était garé pour la nuit en haut d’une pente. Il s’était mis en branle de lui-même, prenant de la vitesse et déraillant au petit matin du 6 juillet 2013. Il a explosé et enflammé le centre-ville de Lac-Mégantic, tuant 47 personnes sur son passage.

Vivre avec la peur

Comme l’a rappelé le ministre Garneau, 2018 va marquer le cinquième anniversaire du drame de Lac-Mégantic. Cette année marquera aussi le quatrième anniversaire du retour des trains de matières dangereuses au sommet de la pente de Nantes et au coeur du centre-ville de Lac-Mégantic. Exactement les mêmes conditions que lorsque le train a déraillé dans la nuit en juillet 2013.

«La seule condition qui a changé, c’est que les convois sont conduits à deux personnes au lieu d’une seule. Il n’en demeure pas moins que les trains de matières dangereuses circulent quatre à cinq fois par semaine au centre-ville en pleine nuit», témoigne le porte-parole de la coalition des citoyens et des organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic, Robert Bellefleur.

«Plusieurs citoyens vous diraient qu’ils ne dorment pas en paix», reconnaît pour sa part la mairesse Julie Morin.

La coalition citoyenne considère que les matières qui circulent aujourd’hui au centre-ville rendent la situation «dix fois plus dangereuse» que lorsque le pétrole s’est enflammé en juillet 2013.

«Si c’était du gaz propane, de l’acide sulfurique, du chlorate de sodium? On se souvient de Bhopal en Inde, ce pourrait être le même type de tragédie», craint Robert Bellefleur.

Celui-ci accueille la déclaration du ministre Marc Garneau comme une bonne nouvelle après une attente «longue et pénible», mais continue d’espérer des engagements plus précis de tous les ordres de gouvernement.

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