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Un budget pour la classe moyenne et l'égalité

Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le gouvernement de Justin Trudeau continue de stimuler l’économie et de remettre de l’argent à la classe moyenne dans son budget axé sur l’égalité entre les sexes.

Une stratégie qui surprend alors que le taux de croissance de l’économie canadienne fait l’envie des autres pays du G7 et que le taux de chômage est à son niveau le plus bas en 40 ans.

«Nous continuons avec notre approche parce que nous savons qu’une chose très importante est d’avoir une bonne situation pour les familles canadiennes», s’est défendu le ministre des Finances, Bill Morneau, lors du huis clos organisé pour les médias.

Son troisième budget est écrit à l’encre rouge comme les précédents et aucun retour à l’équilibre budgétaire n’est prévu au cours des prochains exercices.

Le déficit projeté pour l’année 2018-2019 atteindra 18,1 milliards $ en incluant un fonds de prévoyance de 3 milliards $. Le gouvernement prévoit une diminution graduelle de ses déficits jusqu’en 2022-2023, année où le solde négatif diminuera à 12,3 milliards $.

La dette fédérale en fonction du produit intérieur brut (PIB) demeure légèrement au-delà des 30 pour cent en 2018-2019 pour se situer à 30,4 pour cent et diminuera jusqu’en 2022-2023.

Égalité entre les sexes

Parmi les nouveautés, le ministre Morneau veut promouvoir la participation des femmes sur le marché du travail. Il promet donc de s’attaquer au dossier de l’équité salariale, une mesure dont l’impact pourrait se chiffrer à 150 milliards $ dans l’économie canadienne d’ici 2026.

Il prévoit 3 milliards $ sur cinq ans pour la création d’une base de données en ligne qui dévoilerait les écarts salariaux existants chez les employeurs sous juridiction fédérale comme les banques, les médias et les entreprises de transport interprovincial. Une mesure dont le but est de promouvoir les meilleures pratiques en la matière.

Il offre également un congé parental partagé aux nouveaux parents comme celui du Québec, une mesure qui coûtera 1,2 milliard $ sur cinq ans.

Le budget Morneau continue de soutenir l’innovation et la science avec un investissement, qualifié d’historique par le ministre des Finances, de 1,7 milliard $ sur cinq ans pour les chercheurs et 1,3 milliard $ sur cinq ans pour leurs laboratoires et leurs équipements.

«Ce sont des investissements qui sont en général axés sur la croissance à long terme, axés sur la participation des femmes à l’économie, ce qui est très important parce que c’est un problème au Canada comme dans plein de pays», note l’économiste en chef de la Banque Scotia, Jean-François Perreault.

Le gouvernement continue de redonner de l’argent aux familles et aux gens à faible revenu en indexant son Allocation canadienne pour enfants et en créant l’Allocation canadienne pour le travail, une mesure qui vise à élargir le nombre de prestataires de ce crédit d’impôt remboursable autrefois nommé Prestation fiscale pour le revenu de travail.

Un objectif louable d’un point de vue social, mais qui laisse peu de marge de manoeuvre au gouvernement en cas de ralentissement économique, signale Jean-François Perreault.

«D’un point de vue conjoncturel, l’économie n’a pas besoin de soutien additionnel en ce moment, explique-t-il. Ce que ça peut faire, si la croissance s’accélère, est que la Banque du Canada augmente les taux d’intérêt plus rapidement qu’elle ne l’aurait fait autrement à court terme.»

Nouveaux revenus

Dans la colonne des revenus, la réforme fiscale du ministre Morneau sur les revenus passifs des entreprises ajoutera 43 millions $ aux coffres de l’État en 2018-2019, un montant qui devrait se multiplier au cours des prochains exercices budgétaires et totaliser 2,3 milliards $ en cinq ans.

Sans aller jusqu’à imposer la taxe de vente sur les géants du Web comme Netflix, le ministre Morneau change son discours et affirme vouloir trouver un modèle d’imposition pour le secteur numérique international en accordant 15,1 millions $ sur cinq ans à Statistique Canada pour étudier la question.

«Ça, c’est la façon de pelleter par en avant, a ironisé la chef du Bloc québécois, Martine Ouellet. (…) Lorsqu’on dit on va faire des études, alors que les mesures sont déjà connues, ça veut dire qu’ils n’ont aucune intention de les mettre en place parce qu’ils pourraient les mettre en application du jour au lendemain.»

La lutte contre l’évasion et l’évitement fiscal chère au Bloc québécois et au Nouveau Parti démocratique (NPD) ne générera pas de grosses rentrées d’argent. Le fisc prévoit récupérer 354 millions $ sur cinq ans, mais il dépensera 90,6 millions $ au cours de la même période pour y parvenir.

Le Parti conservateur n’a pas tardé à souligner que le gouvernement vit à crédit et qu’il ne prévoit rien en cas d’échec de la renégociation de l’ALÉNA.

«La réalité est que les prochaines générations vont devoir payer la dette que Justin Trudeau augmente aujourd’hui, a-t-il dénoncé. Ce n’est pas juste.»

«Ça c’est la faute du gouvernement qui n’a pas saisi l’occasion de mettre en oeuvre un programme pour s’attaquer aux paradis fiscaux et aux échappatoires», a fait pour sa part fait remarquer le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh.

Le ministre Morneau n’a toutefois pas hésité à emprunter l’une des propositions néo-démocrates pour la création d’un programme national d’assurance-médicaments qui pourrait s’inspirer de celui du Québec. Le gouvernement lance ainsi un comité consultatif pour étudier la question en prévision de la prochaine élection. Le rapport est prévu au printemps 2019, a indiqué la ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor.

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