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Québec s'attaque au remboursement de la dette

Quebec Premier Philippe Couillard speaks during a news conference marking the end of a pre-session government caucus meeting, Thursday, February 1, 2018 at the legislature in Quebec City. Quebec Finance Minister Carlos Leitao, left, looks on. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: THE CANADIAN PRESS
Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le dernier budget du gouvernement Couillard, pour le présent mandat, sera déposé le mardi 27 mars et mettra l’accent notamment sur le remboursement de la dette du Québec.

Le premier ministre Philippe Couillard et le ministre des Finances, Carlos Leitao, ont annoncé leurs couleurs, en point de presse, mercredi matin, disant vouloir lancer un message clair aux agences de notation de crédit: le Québec est bien déterminé à réduire le poids de sa lourde dette.

Le gouvernement se servira donc du Fonds des générations, créé en 2006, pour rembourser 10 milliards $ de sa dette au cours des cinq prochaines années, à raison de 2 milliards $ par année, dès l’année financière 2018-2019.

M. Couillard n’a pas caché qu’il avait choisi de devancer l’annonce sur la dette, et de l’isoler de la présentation du budget, dans le but de livrer un message fort aux créanciers du Québec.

«On veut que les agences de notation, les agences de crédit entendent cette mesure de façon isolée dans l’espace médiatique, plutôt que perdue dans un budget», a commenté le premier ministre.

Québec calcule que la réduction anticipée en paiements d’intérêts sur la dette, grâce au processus de remboursement mis en place, pourra atteindre 1 milliard $ d’ici cinq ans, somme qui pourra être réallouée au financement des services publics, au premier chef en santé et en éducation.

La dette brute du Québec atteint 203 milliards $, soit 51,9 pour cent du PIB. Depuis une douzaine d’années, le gouvernement cherche à réduire le ratio dette/PIB, jugé trop élevé en termes d’intérêts à verser annuellement. On prévoit que dès l’an prochain, grâce aux mesures annoncées, ce ratio sera inférieur à 50 pour cent et ramené à 45 pour cent dès 2022-2023, au lieu de 2025-2026, selon le scénario prévu initialement lors de la création du fonds.

Les paiements d’intérêts sur la dette que Québec doit verser annuellement sont évalués à quelque 10 milliards $.

En parallèle, le gouvernement s’engage à continuer à alimenter le Fonds des générations, qui connaîtra cependant une croissance plus lente dans les prochaines années. Québec prévoit y verser cette année 2,5 milliards $, et l’an prochain 3 milliards $.

La cagnotte accumulée dans ce fonds depuis 2006 atteint quelque 13 milliards $.

La loi permet au gouvernement de puiser dans le Fonds des générations, mais uniquement pour rembourser la dette.

Le premier ministre a dit observer de «l’incertitude» sur les marchés financiers présentement, ce qui pourrait annoncer la fin d’un cycle économique et une hausse des taux d’intérêt, voire une récession.

«Je constate que les taux d’intérêt vont augmenter», a commenté de son côté le ministre des Finances, Carlos Leitao, disant espérer une hausse modeste et à long terme.

Le ministre a ouvert un peu son jeu pour donner un aperçu des grandes orientations de son budget, sa dernière chance de séduire les contribuables avant l’échéance électorale du 1er octobre.

Il s’agira de son cinquième budget, le quatrième équilibré.

Il a dit vouloir à cette occasion redonner «du temps de qualité» aux familles, améliorer le niveau vie des Québécois, réinvestir en santé et en éducation, de même qu’annoncer des investissements en transport.

Malmené dans les sondages, désormais en deuxième position dans les intentions de vote derrière la CAQ de François Legault, le gouvernement libéral profitera sûrement de l’occasion pour annoncer des mesures susceptibles d’accroître sa popularité.

En plus du remboursement de la dette, le premier ministre a dit que les contribuables pouvaient espérer «plein d’autres mesures-phares dans le budget».

Le Fonds des générations est financé notamment grâce aux redevances versées par Hydro-Québec et des producteurs privés d’hydroélectricité.

Réactions

Le porte-parole en finances de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Bonnardel, a réagi en approuvant le choix de gouvernement de s’attaquer au remboursement de la dette.

Cependant, il a dit craindre de voir le gouvernement piger abondamment dans le Fonds des générations pour offrir des «bonbons électoraux» aux contribuables. «J’ai peur qu’on vide le compte de banque» en cette fin de mandat, après des années de compressions budgétaires, a-t-il fait valoir.

Le chef de la CAQ, François Legault, juge lui aussi que c’est une bonne idée de puiser dans le Fonds des générations pour rembourser la dette.

La vice-cheffe du Parti québécois (PQ), Véronique Hivon, a déploré le fait que la nouvelle ait été annoncée des semaines avant le dépôt du budget et qu’elle ait fait l’objet de fuites dans les médias, «un exemple supplémentaire de cynisme», selon elle.

«Je pense que les Québécois ne sont pas dupes et je pense qu’ils en ont soupé de ce type de manière de faire les choses», a-t-elle fait valoir.

Chez Québec solidaire, on juge que le gouvernement libéral s’inspire des méthodes caquistes, en matière budgétaire.

«Prendre des fonds publics pour rembourser la dette de manière aussi massive que ça, moi, je trouve que ça ressemble beaucoup aux promesses électorales caquistes. Donc, de toute évidence, le gouvernement libéral reprend les méthodes de la CAQ parce qu’il est en panique, parce qu’il descend dans les sondages», selon le député solidaire de Gouin, Gabriel Nadeau-Dubois.

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