Soutenez

Pourquoi des Canadiens rejoignent #DeleteFacebook

La Presse canadienne Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne
Adina Bresge, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Bon nombre de Canadiens font la promesse de supprimer leur page Facebook dans le cadre d’un mouvement populaire sur internet qui encourage les gens à se déconnecter du réseau social de manière permanente.

Cette campagne propulsée par le mot-clic #DeleteFacebook s’est mise en branle en réaction aux inquiétudes croissantes des utilisateurs que l’entreprise partage leurs informations personnelles bien au-delà de leur cercle d’amis.

Des experts en protection des renseignements personnels soutiennent que beaucoup de Canadiens prennent d’assaut les autres plateformes de médias sociaux pour propager le mot-clic #DeleteFacebook dans la foulée des nouvelles révélations concernant la collecte de données à des fins politiques.

Un analyste de données canadien, Christopher Wylie, a accusé une firme de profilage d’électeurs d’avoir obtenu de façon inappropriée des informations privées publiées sur Facebook par 50 millions d’utilisateurs dans le but d’aider la campagne présidentielle de Donald Trump et le camp pour le Brexit au Royaume-Uni.

L’ex-commissaire à la protection de la vie privée de l’Ontario, Ann Cavoukian, estime qu’une brèche de cette ampleur est «impensable» pour bien des Canadiens qui accumulent depuis longtemps les frustrations envers l’apparente insouciance de Facebook à protéger les données de ses utilisateurs d’utilisations possiblement malveillantes.

«Les gens sont très inquiets et ils ont l’impression d’avoir perdu le contrôle, et ces révélations viennent de le confirmer», a commenté Ann Cavoukian, une spécialiste en résidence au centre d’excellence Privacy by Design de l’Université Ryerson à Toronto.

«On vient d’atteindre un point où l’on se dit, « Assez, c’est assez. Je sors d’ici »», a-t-elle ajouté.

Selon Mme Cavoukian, le dévoilement de la technique de collecte de données représente un signal de prise de conscience pour les citoyens qui craignent que des tactiques similaires viennent manipuler l’élection fédérale canadienne de 2019. Les gens se sentent interpellés à agir et à se tenir debout pour protéger les institutions démocratiques du pays.

«Personne ne veut vivre sous ce genre d’influence obscure, poursuit Ann Cavoukian. Vous n’avez aucune idée des transformations majeures qui résultent de ces pratiques. Vous êtes manipulé.»

Le professeur de marketing de l’Université de Toronto, David Soberman, rappelle qu’il y a eu une prise de conscience grandissante face à l’utilisation des médias sociaux par des stratèges politiques pour renverser la tendance lors d’élections.

David Soberman croit que l’exploitation de données chez Facebook résonne fortement non seulement parce qu’elle a rompu le lien de confiance envers le protocole de confidentialité de l’entreprise, mais aussi parce qu’elle aurait eu un impact concret sur l’élection du président américain Donald Trump. Sa campagne à la présidence est liée directement à la firme d’analyse de données visée par le scandale.

Dans un monde de plus en plus interconnecté, explique le professeur Soberman, ce qui se produit dans un environnement donné peut très bien annoncer ce qui va se produire dans une autre. Les Canadiens n’ont qu’à regarder chez leurs voisins du sud pour comprendre que la manipulation des médias sociaux peut avoir de sérieuses conséquences politiques.

«Facebook est en voie de passer du monde de l’innovation à un monde qui s’approche de l’utilité publique, analyse-t-il. Facebook apporte beaucoup de valeur à beaucoup de gens… mais quand vous avez une entreprise de très très grande valeur et que vous êtes menacé, vous devez trouver un moyen d’agir pour protéger cette valeur.»

Mike Smit, professeur associé à l’école de gestion des technologies de l’information de l’Université Dalhousie, souligne que la plupart des utilisateurs sont au courant des risques associés au partage de leurs informations personnelles sur Facebook, mais que leurs réserves sont supplantées par la gratification d’être connecté.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.