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Mouvement des femmes: un «prisme communiste»

Jann Van Horne / La Presse Canadienne Photo: Jann Van Horne
Jim Bronskill, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) étaient si occupés à chercher des communistes infiltrés dans le mouvement naissant de libération des femmes qu’ils ont pratiquement fait fi d’une révolution sociale légitime ayant transformé la vie de millions de personnes, affirme un nouvel ouvrage.

«Just Watch Us» s’attarde aux données empoussiérées sous la guerre froide du service de renseignement de la GRC pour décrire comment les espions de la police fédérale et leurs informateurs ont surveillé les rencontres, rassemblements et discours de femmes combattant pour l’égalité des sexes, l’équité salariale et l’accès à l’avortement.

Ce livre est le fruit d’années de recherches par Christabelle Sethna, professeure d’études féministes à l’Université d’Ottawa, et par Steve Hewitt, du département d’histoire à l’Université de Birmingham.

La branche du renseignement de la GRC a surveillé de près diverses personnes et plusieurs groupes dans pratiquement toutes les sphères de la société, amassant des centaines de milliers de dossiers secrets qui reflètent une préoccupation immense envers la subversion communiste.

Par conséquent, les agents de la GRC ont perçu les causes défendues par la nouvelle gauche alimentée par la jeunesse, incluant celles du mouvement des femmes, dans un «prisme» communiste, arguent les auteurs.

Il ne s’agissait pas d’une vendetta contre les femmes ou le féminisme qui a amené la GRC à une certaine obsession sur le phénomène, mais des «liens réels et imaginés» avec l’extrême-gauche, particulièrement les trotskistes qui gravitaient entre la gauche traditionnelle et la nouvelle en appui à diverses causes.

Mme Sethna et M. Hewitt ont parcouru des milliers de pages de dossiers du renseignement déclassifiés — dont plusieurs encore largement caviardées — pour examiner les intérêts de la GRC en ce qui a trait aux causes défendues par les femmes.

La police fédérale a ouvert un dossier général appelé «Women’s Liberation Groups — Canada», le 13 mai 1969.

Les agents de la GRC ont notamment fait une collecte imposante de notes, de brochures, de documents de prises de position et de procès-verbaux recueillis dans des événements à travers le pays. Ils ont suivi sans relâche une «caravane sur l’avortement» en 1970, un théâtre militant ayant fait état de Vancouver à Ottawa des problèmes d’accès aux services d’avortement légal.

Note aux lecteurs: Dans une version précédente, La Presse canadienne rapportait erronément que Mme Stehna était professeure agrégée à l’Université d’Ottawa. En réalité, elle est professeure.

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