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Dire «une trampoline» n’est pas une faute

Children At Montessori School Having Fun On Outdoor Trampoline Photo: Getty Images/iStockphoto

MONTRÉAL — L’Office québécois de la langue française (OQLF) a tranché: on ne fait pas erreur si on monte sur LE trampoline et qu’on tombe ensuite de LA trampoline.

L’appareil en question peut en effet sauter d’un genre à l’autre sans offusquer l’autorité linguistique de la province qui estime que «les deux genres sont possibles».

Dans une longue mise à jour sur le sujet, l’Office dresse l’historique de l’usage du mot pour conclure que, «même si l’emploi du féminin n’est pas consigné dans les principaux dictionnaires usuels du français, il n’y a pas lieu de le considérer comme fautif».

L’Office explique que le mot trampoline est une francisation du nom italien trampolino, qui est masculin en italien, mais qu’il a été introduit en français au début des années 1960 en se basant sur l’emprunt anglais «trampoline», où il a un genre neutre. Curieusement, on lui a donné le genre féminin au Québec et, en Europe, le genre masculin.

L’OQLF estime que le Québec a opté pour le féminin possiblement par analogie avec la quasi-totalité des noms qui se termine en -ine (adrénaline, discipline, figurine, etc.) et ajoute au passage que deux autres mots empruntés à l’italien et qui sont masculins dans cette langue — crinolino et mandolino — ont subi le même changement de genre en devenant crinoline et mandoline en français.

L’organisme ne cache pas sa perplexité face à l’adoption de genres différents de part et d’autre de l’Atlantique, qu’il constate chez d’autres mots empruntés à l’anglais, notamment gang et job qui, dans la langue courante, sont féminins au Québec et masculins en Europe.

Bien que l’usage du masculin est de plus en plus courant au Québec, l’Office souligne que «le féminin demeure tout de même très présent dans l’usage au Québec et tout à fait légitime, et pas uniquement dans la langue orale», puisqu’on le retrouve dans les journaux et dans la littérature de certains commerçants et fabricants de trampolines.

Ainsi, la liberté de choix est totale, selon l’organisme: «il revient aux locuteurs et aux locutrices d’opter pour l’usage qui leur convient et qui leur semble le plus adapté au contexte dans lequel le mot est utilisé».

Une valse-hésitation historique

La mise à jour raconte que le mot trampoline a fait son entrée dans les dictionnaires du français au début des années 1980 et que, dès ce moment, on a pu constater une incertitude assez répandue quant à son genre.

D’ailleurs, les recherches de l’OQLF démontrent que les ouvrages de référence québécois ont initialement choisi le genre féminin, mais que certains d’entre eux, «après n’avoir donné que le féminin dans les années 1980 et 1990, ne relèvent aujourd’hui que le masculin, alors que d’autres mentionnent la possibilité d’utiliser les deux genres, indiquant que le féminin est caractéristique de l’usage québécois».

En Europe, où trampoline est généralement de genre masculin, personne ne semble davantage en avoir une assurance absolue.

Ainsi, l’Office souligne que l’analyse de différents ouvrages de référence, dont certains publiés par un même éditeur, offre des constats qu’il qualifie d’étonnants: «Par exemple, attestant d’abord le mot au masculin dans l’un de ses dictionnaires, un éditeur opte ensuite pour le féminin avant de revenir définitivement au masculin quelques années plus tard» et soulève le cas d’un autre éditeur qui, «dans deux types de produits (dictionnaires usuels et dictionnaires à nomenclature étendue), donne à trampoline des genres différents.»

Selon les auteurs de la note, «le changement de genre observé dans l’usage au Québec résulte sans doute d’une influence des médias» surtout à la suite de la reconnaissance du (ou de la) trampoline comme discipline olympique aux Jeux de Sydney, en 2000.

Le mot est alors apparu plus fréquemment dans les médias qui, devant traiter la nouvelle discipline olympique «dans un contexte international, ont adopté davantage le masculin, genre répandu ailleurs dans la francophonie».

Dès lors, «le féminin n’a cessé de perdre du terrain dans les médias québécois, devenant plus marginal, et le masculin est aujourd’hui bien implanté, en particulier dans la langue écrite.»

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