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Pangnirtung «à la limite de la résilience»

From approximately April 8 to Sept. 5, there is absolutely no night time. This scene near the Arctic ocean, a few hundred feet away from the end of the runway at Canadian Forces Station (CFS) Alert, was photographed at about 11 p.m.. Photo: Getty Images/iStockphoto

PANGNIRTUNG, Nunavut — Tous pensaient que la communauté de Pangnirtung, au Nunavut, se portait enfin mieux.

Le hameau, qui affichait auparavant le plus haut taux de suicide du territoire, n’avait pas été le théâtre d’une telle tragédie depuis plus d’un an. Un groupe communautaire avait élaboré un plan proactif pour protéger les plus jeunes. Les gens respiraient mieux.

Puis est venu le mois de février.

«Nous avons eu 12 tentatives de suicide par des jeunes sur une période d’environ deux semaines», rapporte le conseiller municipal Markus Wilcke.

Entouré de glaciers, de montagnes et de l’océan, le hameau pittoresque de quelque 1400 habitants a connu un dur réveil. Plongé dans la violence, Pangnirtung était à un point de rupture.

Les appels à la police ont grimpé de 50% depuis 2016. Le nombre de voies de fait a triplé. Une série d’incendies criminels a détruit l’autobus scolaire et des logements de grande nécessité à l’automne.

En septembre dernier, un adolescent de 16 ans a déambulé dans la ville, au petit matin, tirant onze coups de feu en l’air à côté de l’école, du centre de santé et du bureau de poste.

En mars, le centre antipoison du Nunavut a reçu 55 appels de Pangnirtung, soit trois fois plus qu’à n’importe quel endroit sur le territoire.

L’alcool coule à flots dans cette communauté dite sèche. La violence conjugale s’ensuit.

«Nous avons atteint la limite de la résilience et des ressources de la communauté, signale Markus Wilcke. On a eu la réaction:  »Il faut faire quelque chose. » Nous sentions que nous étions dans une situation assez désespérée. Nous ne voulons pas que les choses redeviennent comme elles l’étaient.»

La semaine dernière, le conseil municipal du hameau a donc lancé un appel à l’aide du gouvernement du Nunavut, présentant sa demande comme une question de vie ou de mort.

Pangnirtung demande un refuge, des fonds pour des services psychologiques en temps de crise et un soutien aux victimes, un accès plus rapide à des soins avancés en santé mentale et plus d’intervenants de première ligne. La communauté demande aussi à ce que tout aéronef décollant dans sa direction soit contrôlé pour la présence d’alcool ou de drogues.

«Les événements violents sont devenus quotidiens à Pang, peut-on lire dans sa lettre. La contrebande est endémique et hors de contrôle.»

«Si des services d’urgence adéquats ne sont pas immédiatement fournis, de plus en plus de gens à Pangnirtung seront physiquement blessés, émotionnellement traumatisés et d’autres vies seront perdues.»

Nul ne sait ce qui a déclenché les événements de février. Pangnirtung n’est pas sans ressources, avec un aréna et un hall communautaire pour les sports organisés, des clubs pour les jeunes, des aînés actifs dans la communauté. Un parc national adjacent et une usine de traitement de poisson fournissent quelques emplois.

Un groupe bénévole a récemment été mis sur pied pour se pencher sur la qualité de vie et le bien-être dans le hameau.

La députée provinciale de la région, Margaret Nakashuk, soupçonne que les problèmes récents découlent des longues années sans support social.

Pangnirtung — comme la plupart des communautés du Nunavut — n’a aucun programme de traitement de la dépendance, aucun refuge et aucun service en cas de crise. Ses intervenants de première ligne, de la Gendarmerie royale du Canada jusqu’aux professionnels en santé mentale, sont peu nombreux et surchargés.

«Il n’y a rien de local dans notre communauté — ou dans n’importe quelle autre petite communauté du Nunavut», se désole la députée.

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