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La bière La G7 servie dans Charlevoix

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz

BAIE-SAINT-PAUL, Qc — Des brasseurs dans la région de Charlevoix ont mis les ingrédients du G7 dans une pinte en créant une bière spécialement pour les chefs d’État et de gouvernement.

Pour souligner le 44e sommet annuel du G7, qui se tiendra les 8 et 9 juin dans la région, la Microbrasserie Charlevoix bien connue a marié des ingrédients particuliers des sept pays membres dans une véritable lager internationale.

Même la teneur en alcool est un reflet du sommet: à sept pour cent, La G7 est une bière avec du caractère.

Le créateur, Nicolas Marrant, a indiqué qu’avant de faire une «simple recette», il y était «allé pour un concept», voulant «à la base harmoniser sept ingrédients».

«Je suis originaire de France, je suis un passionné de la région de Charlevoix. Avant d’être Québécois, je dis toujours que je suis Charlevoisien. À travers le G7, on va avoir un événement incroyable qui va nous mettre sur la carte mondiale», a-t-il fait valoir en entrevue à Baie-Saint-Paul.

Nicolas Marrant s’est installé au Québec en 2001, après avoir pris conscience d’une renaissance de la microbrasserie dans la province.

Les dirigeants politiques du Canada, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la France, de l’Allemagne, du Japon et des États-Unis doivent être accueillis pour le sommet au Fairmont Le Manoir Richelieu à La Malbaie, qui sert déjà La G7 depuis quelques mois.

L’ingrédient de base est l’orge canadienne à deux rangs, appuyée par une orge maltée du Royaume-Uni. Des pâtes italiennes orzo donnent une saveur fruitée d’une manière comparable à l’apport du blé dans la bière blanche.

La recette inclut trois autres types de houblon: le houblon américain Summit, qui injecte une note aigre; le houblon français strisselspalt, au goût floral; et le houblon japonais sorachi ace, qui est ajouté à la toute fin, non cuit, pour contribuer une saveur d’agrumes.

Enfin, la bière est fermentée dans de la levure allemande.

La Russie était membre de ce club exclusif à l’époque où on l’appelait le G8, mais elle en a été expulsée en 2014 après l’annexation musclée de la Crimée par Vladimir Poutine. Quand on lui demande si un huitième ingrédient secret a été ajouté pour la Russie, le président et fondateur de la brasserie, Frédérick Tremblay, est catégorique: «Non».

Puis, recyclant possiblement une blague, il soulève un verre portant le logo de La G7 et rempli de cette bière et dit: «Mais elle accompagne bien la poutine!»

La microbrasserie de M. Tremblay, qui célèbre son 20e anniversaire, compte parmi les plus anciennes de la province, où l’industrie de la bière a connu une croissance phénoménale depuis plusieurs années.

Entre 2002 et 2017, le nombre de brasseries au Québec est passé de 87 à 190, soit un bond de près de 120 pour cent, selon l’association des microbrasseurs de la province.

L’activité est surtout populaire loin des grands centres: 60 pour cent des brasseurs de la province sont installés dans des villes qui comptent moins de 100 000 habitants.

Les brasseurs artisanaux du Québec inventent pour leurs produits des noms et des recettes novateurs, ainsi que des étiquettes particulièrement colorées, qui témoignent de leur région d’origine.

La montée en flèche de la bière artisanale au Québec a contraint les grands joueurs à s’adapter.

À la fin de 2017, la division artisanale de Molson Coors a acheté Le Trou du Diable, un brasseur de Shawinigan qui a créé la bière «Shawinigan Handshake», une expression popularisée par l’ancien premier ministre Jean Chrétien quand il a pris le manifestant Bill Clennett à la gorge en 1996.

On retrouve sur l’étiquette une caricature de M. Chrétien — qui est originaire de Shawinigan — avec une main autour de la gorge du commentateur Don Cherry.

Les brasseurs de Charlevoix font partie d’une communauté plus large de producteurs d’aliments et de restaurateurs locaux qui ont créé ce qu’on appelle «la route des saveurs».

Les touristes qui explorent les montagnes et les rivières de la région peuvent également en découvrir les cidreries, les fromagers et les chocolatiers, en plus de visiter des élevages de canards ou des producteurs d’autres viandes biologiques.

La route mène aussi à plusieurs restaurants des villages de Charlevoix dont les mets incluent des produits locaux.

M. Tremblay explique que la création de sa microbrasserie lui a servi d’excuse pour quitter Montréal avec sa femme.

«Mon épouse et moi (avons) quitté Montréal pour revenir dans ma région d’origine, Charlevoix, pour créer un produit qui allait faire partie de la route des saveurs, a-t-il dit. On trouvait qu’il y avait une opportunité de venir se mêler à ça.»

L’attitude de M. Tremblay reflète celle des autres artisans alimentaires qui s’entraident et redonnent à leur région.

Il a volontairement renoncé à des parts de marché à travers le pays, et même internationalement, pour s’assurer que les Québécois disposeront toujours de son produit.

«Nous voulions nous assurer que tous nos clients de Charlevoix et du Québec y auraient accès, a-t-il expliqué. Parfois, quand tu commences à exporter, tu peux causer une pénurie de tes bières, et ce n’est pas ce que nous voulions.»

La G7 sera vendue dans Charlevoix, à Québec et en différents endroits à travers la province.

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