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Un aîné sur quatre s’est vu prescrire 10 médicaments ou plus en 2016, dit l’ICIS

Photo: Jean Chevrette/TC Média

MONTRÉAL — Une personne âgée sur quatre au Canada s’est vu prescrire 10 catégories de médicaments ou plus en 2016, selon un nouveau rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), qui note que la situation n’a guère changé au pays depuis 2011.

Le Québec se situe en haut de la moyenne, puisque 33 pour cent de la population d’aînés de la province s’était fait prescrire 10 catégories de médicaments ou plus la même année.

Or les personnes de 65 ans et plus à qui l’on a prescrit 10 médicaments ou plus au cours de l’année étudiée couraient cinq fois plus de risques d’être hospitalisées en raison d’une réaction indésirable aux médicaments que celles qui utilisaient moins de médicaments prescrits.

Une «catégorie de médicaments» réfère à un groupe de médicaments ayant des composantes chimiques semblables et qui sont utilisés pour traiter des maladies semblables. Par exemple, les opioïdes sont une catégorie de médicaments pour traiter la gestion de la douleur.

Christina Lawand, chercheuse principale à l’ICIS, précise qu’une personne peut devoir prendre plus d’un médicament pour une même maladie et peut de plus cumuler différents problèmes de santé, de sorte que les médicaments à prendre, eux aussi, s’accumulent.

«Plus on vieillit, plus on a un risque d’avoir des maladies chroniques, et on sait que plusieurs personnes âgées n’ont pas seulement une ou deux, mais plusieurs maladies chroniques. Prenons par exemple l’insuffisance cardiaque: juste pour traiter cette maladie, il y a peut-être trois ou quatre catégories de médicaments que l’on doit prendre. En plus, peut-être qu’on va avoir des problèmes d’estomac, donc on va prendre une autre catégorie de médicaments, et peut-être qu’on souffre aussi de diabète, donc on parle d’une autre catégorie de médicaments. Alors comme vous voyez, plus on a de maladies chroniques, plus on peut avoir de médicaments à prendre», a-t-elle expliqué à La Presse canadienne en entrevue téléphonique.

Le problème vient du fait qu’une consommation élevée de médicaments peut être accompagnée d’effets secondaires néfastes — comme des troubles de mémoire, des problèmes cognitifs, des risques de chute ou d’infection — et peut même, dans certains cas, être liée à des hospitalisations.

Selon le rapport, le nombre de médicaments prescrits aux personnes âgées était en effet le principal facteur en cause dans les hospitalisations liées à des réactions indésirables aux médicaments. Ainsi, les personnes âgées qui se sont vu prescrire de 10 à 14 catégories de médicaments risquaient cinq fois plus d’être hospitalisées pour des réactions indésirables que celles à qui l’on avait prescrit d’une à quatre catégories de médicaments.

«Plus on prend de médicaments, plus il y a un risque d’interaction entre les médicaments et plus on a un risque d’avoir des effets indésirables ou néfastes liés à ces médicaments», a résumé Mme Lawand, soulignant tout de même qu’il peut y avoir des cas où la prise de plusieurs catégories de médicaments est tout à fait appropriée.

La recherche a par ailleurs permis de constater que les aînés à faibles revenus et ceux résidant dans des régions rurales ou éloignées ont utilisé plus de médicaments.

«En ce qui concerne le revenu, on sait, malheureusement, qu’au Canada, plus on est pauvre, plus on risque d’avoir des problèmes de santé. Donc ça pourrait expliquer en partie (le fait) que ceux qui sont à faibles revenus ont plus de maladies, plus de maladies chroniques, et donc doivent prendre plus de médicaments», a souligné Mme Lawand.

La bonne nouvelle, a ajouté la chercheuse, est que certains médicaments ayant été la cible de campagnes de prévention et de sensibilisation dans les dernières années, comme les benzodiazépines (des somnifères) et les antipsychotiques, ont vu leur nombre de prescriptions baisser depuis 2011 dans les centres de soins de longue durée.

«Même si les initiatives visant à réduire l’utilisation de médicaments potentiellement inappropriés font effectivement baisser l’utilisation des antipsychotiques et des benzodiazépines, les Canadiens âgés consomment encore beaucoup de médicaments, conclut le vice-président des programmes de l’ICIS, Brent Diverty, par communiqué. Il faut que les personnes âgées et leur famille parlent régulièrement de leurs médicaments avec leur médecin ou leur pharmacien.»

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