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Freeland explique pourquoi le Canada a voté contre l’enquête sur Gaza

Chrystia Freeland, Minister of Foreign Affairs, participates in a question and answer session at a Winnipeg Chamber of Commerce luncheon in Winnipeg, Wednesday, April 4, 2018. The federal government isn't saying whether it has authorized the export of any Canadian-made weapons to Ukraine, where government troops and Russian-backed separatists are fighting.THE CANADIAN PRESS/John Woods Photo: John Woods / La Presse canadienne
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Si Ottawa a dit non à une résolution onusienne sur la création d’une enquête concernant de possibles violations du droit humanitaire à Gaza, c’est parce que la résolution était «biaisée» et qu’elle visait à «isoler» Israël.

C’est ce qu’a plaidé la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, lorsque la prise de position canadienne a été remise en question — avec une approche diamétralement opposée — par les conservateurs et les néo-démocrates en Chambre, mardi.

Au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, vendredi dernier, le Canada s’est opposé à l’envoi d’une équipe d’experts internationaux pour enquêter sur les violences qui ont fait une soixantaine de morts palestiniens, le 14 mai dernier, à la frontière entre la bande de Gaza et l’État hébreu.

Deux jours auparavant, Justin Trudeau déclarait pourtant dans un communiqué que le gouvernement canadien exigeait une investigation «afin d’éclaircir les faits», soutenant que «l’emploi présumé d’une force excessive et de munitions réelles» était «inexcusable».

Intriguée, la députée néo-démocrate Hélène Laverdière profité de la période des questions en Chambre pour demander à la ministre Freeland de fournir des éclaircissements sur le décalage entre la requête du premier ministre et la prise de position subséquente à Genève.

La diplomate en chef du Canada lui a répondu que l’opposition à Genève était conforme «à la politique du gouvernement, qui est de ne pas appuyer des résolutions qui isolent injustement Israël», et qu’Ottawa n’avait donc «pas appuyé une résolution clairement biaisée» du Conseil.

Vers la fin de la séance en Chambre, ce fut au tour du chef conservateur, Andrew Scheer, d’interpeller le gouvernement. Il l’a fait avec un angle d’attaque différent, en reprenant les doléances qu’il avait exprimées mercredi passé au sujet du communiqué de Justin Trudeau.

«Les émeutes ayant mené à ces morts ont été délibérément orchestrées par le groupe terroriste Hamas. (…) Est-ce que le premier ministre va s’excuser pour sa déclaration mal formulée et se joindre à moi pour condamner le rôle qu’a joué le Hamas?», a-t-il demandé.

La riposte est venue de la ministre Freeland. Elle a offert une réponse similaire à la précédente, mentionnant toutefois à son interlocuteur qu’Ottawa veut faire la lumière «sur les gestes posés par toutes les parties (…) incluant les informations sur l’incitation par le Hamas».

La résolution onusienne a été adoptée par 29 des 47 membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, vendredi dernier. N’étant pas un État membre de cet organe, le Canada n’avait pas le droit de vote, mais il a manifesté son désaccord.

La résolution adoptée condamne «l’usage de la force disproportionnée et indiscriminée par les forces d’occupation israéliennes contre les civils palestiniens» et autorise la mise en place d’une commission d’enquête chargée de se pencher sur le carnage à Gaza.

Deux États membres, les États-Unis et l’Australie, ont voté contre, tandis que 14 nations ont enregistré une abstention.

Médecin canadien atteint par balle

Les violences à la frontière ont connu leur paroxysme le jour de l’inauguration de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem. Un médecin canadien qui se trouvait dans la bande de Gaza, Tarek Loubani, a été blessé par balle alors qu’il tentait d’offrir des secours.

Le premier ministre Trudeau en a discuté au téléphone avec son homologue israélien Benjamin Nétanyahou.

«J’ai exprimé le fait que quand un Canadien se fait tirer par des militaires d’un autre pays, on va avoir des grosses questions, et on s’attend à ce qu’il y ait des réponses», a-t-il relaté en mêlée de presse à son entrée à la période des questions, mardi.

Les Israéliens «ont dit qu’ils prennent très au sérieux cet enjeu, et ils vont faire un suivi et une enquête», a-t-il ajouté.

Les réponses ne sont «pas encore venues», selon ce qu’a dit un peu plus tard Omar Alghabra, secrétaire parlementaire aux Affaires étrangères.

Le docteur Loubani n’a pas attendu les réponses avant de quitter Gaza. Il a écrit lundi sur Twitter qu’il se trouvait au Royaume-Uni pour participer à une conférence.

Au passage, il a remercié la ministre, son secrétaire parlementaire, ainsi que le personnel consulaire canadien qui a fait «un excellent travail» pour lui faire traverser la frontière en toute sécurité.

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