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Trans Mountain: Ottawa envisage l'achat du projet

Patrick Doyle / La Presse Canadienne Photo: Patrick Doyle
Mia Rabson, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, doit annoncer dès mardi les plans du gouvernement avec l’entreprise Kinder Morgan pour s’assurer de la construction du projet controversé d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain.

La Presse canadienne a appris qu’il y a trois options sur la table, dont une impliquant l’achat et la construction de la canalisation par le gouvernement, et sa vente une fois le projet finalisé. Il pourrait s’agir aussi d’un achat sur une base intérimaire, puis une vente à des investisseurs, qui géreraient la construction.

M. Morneau a déjà dévoilé la troisième option: que l’architecte original du projet Kinder Morgan gère la construction, tout en étant indemnisé pour tous dépassements de coûts qui seraient liés à des interférences politiques — comme l’opposition du gouvernement de la Colombie-Britannique au projet.

Le cabinet fédéral a été convoqué mardi matin, deux heures plus tôt que prévu, après quoi M. Morneau doit indiquer laquelle des trois options a été privilégiée par le gouvernement.

L’entreprise Kinder Morgan a donné au gouvernement fédéral jusqu’à jeudi pour la convaincre de faire progresser le projet Trans Mountain en trouvant le moyen de rassurer les investisseurs qui craignent qu’une action en justice du gouvernement de la Colombie-Britannique vienne retarder le projet et augmenter les coûts.

Le premier ministre Justin Trudeau a mis beaucoup de poids politique derrière le projet, faisant valoir à répétition que l’expansion de l’oléoduc est dans l’intérêt supérieur du pays.

Ottawa a plusieurs outils à sa disposition pour mener à terme le projet, un peu comme l’avait fait l’ancien gouvernement conservateur lorsqu’il avait renfloué les coffres de General Motors et Chrysler lors de la crise financière de 2008 et 2009.

Trudeau et Horgan défendent leur point

M. Trudeau a affirmé que le Canada perdait 15 milliards $ par année parce que son pétrole ne peut être exporté ailleurs qu’aux États-Unis. L’élargissement de l’oléoduc permettrait au pays d’avoir accès aux marchés asiatiques, a-t-il ajouté.

Il a aussi plaidé que les politiques canadiennes de lutte contre les changements climatiques dépendent de la capacité du Canada à vendre ses ressources naturelles, alors que le pays commence sa transition vers les énergies vertes.

Le premier ministre a mandaté son ministre des Finances pour qu’il négocie une entente à la mi-avril avec Kinder Morgan, une semaine après que l’entreprise eut mis un terme à toutes les dépenses non essentielles liées au projet d’oléoduc de 7,4 milliards $, jusqu’à ce qu’elle obtienne la certitude que la construction ne sera pas bloquée par le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique.

Le premier ministre britanno-colombien, John Horgan, a sollicité l’avis des tribunaux pour déterminer si les provinces ont le droit d’intervenir sur ce qui peut circuler dans les oléoducs sur leur territoire, pour des raisons environnementales.

L’environnement est de compétence partagée entre les provinces et le fédéral, mais selon la Constitution, le gouvernement fédéral est responsable du transport entre les provinces, ce qui inclut les oléoducs.

M. Horgan prétend que le Canada a la compétence de construire des oléoducs, mais pas de réglementer sur ce qui circule dans ceux-ci. Ses inquiétudes tiennent leur source des quelques recherches scientifiques qui se sont penchées sur les conséquences d’un déversement de bitume dilué et les risques liés à l’augmentation du débit.

Le premier ministre Trudeau rappelle de son côté que le projet a fait l’objet de plusieurs vérifications, dont un processus d’évaluation environnemental approfondi qui a permis de sonder plus de communautés autochtones et d’examiner tous les risques pour l’environnement.

M. Trudeau n’a pas donné d’indices, lundi, sur l’état des pourparlers avec Kinder Morgan, mais il a réitéré que le projet allait absolument être construit.

«Nous continuons de participer à des discussions financières sur les moyens d’arriver à cela», a-t-il déclaré.

Après la sortie de M. Morneau, le 17 mai, le président et chef de la direction de Kinder Morgan, Steve Kean, a dit que l’entreprise et le gouvernement n’étaient pas encore «alignés» et que les négociations ne se feraient pas en public.

La construction est commencée dans certains secteurs du terminal de l’entreprise à Burnaby, où le pétrole de Trans Mountain sera chargé dans les pétroliers pour leur exportation. L’oléoduc attend toujours des approbations pour son tracé et des permis de construction. L’échéance du 31 mai avait été fixée en ayant en tête les limites de la saison de la construction.

Kinder Morgan a déjà dépensé environ 1 milliard $ sur le projet jusqu’à maintenant. Si la construction commençait à temps cet été, il devait être livré en décembre 2020.

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