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La générosité électorale pourrait faire mal

Ugo Giguère, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — À l’approche de la campagne électorale québécoise, les partis politiques aiguisent leurs crayons pour offrir toutes sortes de promesses aux électeurs, mais un nouveau rapport de l’Institut du Québec suggère que la modération a meilleur goût.

Dans un nouveau rapport devant être publié jeudi, intitulé «Dix ans après la récession: les finances sont en ordre, mais…», la directrice générale de l’IDQ Mia Homsy, qui a coécrit l’étude avec Sonny Scarfone, recommande de ne pas financer les promesses électorales à même la réserve budgétaire.

La démarche de la chercheuse vise à évaluer la santé financière du Québec si la province doit faire face à une nouvelle récession plus tôt que tard.

Premier constat, dix ans après la récession de 2008, les finances publiques sont en ordre, mais restent vulnérables. Une nouvelle récession pourrait coûter entre 10 et 15 milliards de dollars et il faut donc s’assurer d’avoir la marge de manoeuvre pour y faire face. Le Québec pourrait encaisser un déficit de deux milliards de dollars dès la première année d’une crise.

«Ce qu’on a réalisé, c’est qu’on retomberait dans une spirale budgétaire et pour retrouver l’équilibre, on n’a pas le choix de donner un coup de barre. Donc, soit une compression des dépenses, soit une hausse du fardeau fiscal», prévient l’économiste.

Les économistes ont d’ailleurs tiré des leçons depuis 2008 au sujet des fameuses politiques de restrictions budgétaires en période de crise. «On a appris que couper quand ça va mal, ça fait plus mal que de contrôler tes dépenses quand ça va bien», note la directrice de l’institut.

Pour minimiser l’impact, l’IDQ rappelle qu’il y a des gestes qu’on peut poser dès maintenant. Le premier étant de limiter la croissance des dépenses au niveau de celle des revenus. Ce qui n’est actuellement pas le cas dans le budget 2018.Définir l’image mise en avant

Les auteurs Mia Homsy et Sonny Scarfone proposent ensuite aux élus de réduire encore le poids de la dette et surtout de ne pas piger dans les surplus. De l’avis de la chercheuse, les surplus ne doivent surtout pas être utilisés en période de croissance économique, mais plutôt servir de réserve pour les années difficiles.

«Les surplus qu’on est capable de dégager pour le moment, il faut résister à la tentation de les dépenser. Donc, il faut les prendre et rembourser la dette. Il ne faut pas juste les laisser dans la réserve de stabilisation parce que ce serait trop tentant pour les partis politiques de promettre des choses en se disant qu’on a l’argent. On ne l’a pas vraiment cet argent-là. Il va servir à se donner une marge de manoeuvre quand l’économie ira moins bien», résume la détentrice d’une maîtrise en sciences de la gestion.

D’après Mme Homsy, la réserve de stabilisation va probablement dépasser les six milliards de dollars au terme de l’année en cours. Une zone d’abondance à laquelle la province n’est pas habituée et elle craint que les politiciens ne soient tentés d’offrir des baisses d’impôts.

«C’est maintenant qu’il faut économiser et surtout pas dépenser plus parce qu’on a plus d’argent», insiste-t-elle. Elle suggère plutôt de plafonner la réserve à deux milliards $ et d’appliquer le reste au remboursement de la dette.

Si les chercheurs mettent en garde de ne pas piger dans la réserve, Mia Homsy précise toutefois que ces deux milliards peuvent servir à des interventions d’urgence pour des imprévus et des interventions à court terme.

L’Institut du Québec a été créé dans le cadre d’une collaboration entre HEC Montréal et le Conference Board du Canada. L’organisme de recherche vise à proposer des solutions aux enjeux économiques auxquels le Québec doit faire face.

C’est l’ex-ministre des Finances libéral Raymond Bachand qui préside l’IDQ. La directrice générale Mia Homsy était auparavant directrice de cabinet adjointe de M. Bachand au sein du gouvernement.

Malgré la proximité apparente entre l’IDQ et le Parti libéral, Mme Homsy assure que les conclusions de l’étude ne servent pas le gouvernement. «Au contraire! On dit que la réserve ne doit pas être utilisée pour financer des hausses de dépenses, en ce moment, alors que c’est un peu la stratégie que le gouvernement a choisie. On dit, « il faut que ça arrête ». Si c’est leur intention d’utiliser encore la réserve, ce n’est pas une bonne idée parce que les citoyens vont en payer le prix», défend la chercheuse.

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