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Incertitude entourant la suite de la grève des grutiers

Une manifestation de grutiers, le 5 mai 2018 Photo: Graham Hughes / La Presse Canadienne
Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Impossible de savoir si la grève des grutiers se poursuivra mercredi. Les grutiers en grève qui s’étaient réunis dès 5h du matin, mardi, et qui sont sortis de leur réunion juste avant midi, n’ont pas voulu dire si leur grève se poursuivrait, ni de quoi ils avaient discuté.

Il faut dire que comme leur grève est considérée comme illégale par la Commission de la construction du Québec et que celle-ci doit démontrer que les moyens de pression sont «concertés», toute déclaration de la part des grutiers peut alimenter l’enquête en faisant référence à une entente entre eux, une concertation.

Au sortir de la réunion, ils ont donc tous répondu par un «pas de commentaires» poli quand on leur demandait si la grève se poursuivrait.

Le directeur de l’Union des opérateurs grutiers, soit la section locale 791-G de la FTQ-Construciton, Evans Dupuis, a tout au plus rapporté qu’ils étaient «alentour de 200-300» dans la salle. Mais lui non plus n’a pas voulu dire de quoi ils avaient discuté pendant si longtemps.

Les médias n’ont pas pu entrer dans le centre des banquets où se tenait la réunion, dans le quartier Saint-Léonard à Montréal, mais les grutiers étaient certes nombreux, puisque le stationnement était rempli.

D’ailleurs, Jocelyn Dupuis, l’ancien directeur général de la FTQ-Construction, et frère d’Evans Dupuis, est venu leur rendre visite et a échangé pendant de longues minutes avec plusieurs d’entre eux.

Des témoignages

Une vingtaine ou une trentaine de grutiers se tenaient à l’extérieur du centre des banquets pour fumer ou prendre l’air, à différents moments au cours de l’assemblée. La Presse canadienne a pu parler à une demi-douzaine d’entre eux — bien qu’aucun n’ait voulu être identifié.

Leur mécontentement est palpable à la suite des modifications qui ont été apportées à la formation des grutiers. Ce n’est pas seulement la direction du syndicat qui est en colère et qui les enflamme.

Les grutiers interviewés disent craindre pour leur sécurité et celle du public. Ils affirment que les grutiers doivent recevoir «une solide formation générale» — qu’eux ont suivie — et qu’une formation en entreprise n’est pas suffisante pour un métier qui exige de déplacer des tonnes de matériaux ou des nacelles portant d’autres ouvriers de la construction, qui doivent être amenés à 200 pieds de hauteur, dans des conditions parfois difficiles, au-dessus de l’eau ou en milieu densément peuplé, par exemple.

«S’il veut qu’on rentre, le gouvernement, qu’il nous parle», s’est exclamé l’un d’eux.

«C’est pas vrai que c’est parce qu’on veut faire du temps double» en limitant l’accès au métier à des nouveaux grutiers qui n’auront pas à obtenir un Diplôme d’études professionnelles en conduite de grues, s’est exclamé un autre.

Ils soutiennent que les fameux «camions flèche» ou «boom trucks», qui sont particulièrement visés par la nouvelle réglementation, sont même plus dangereux que les plus grandes grues, notamment «à cause de l’empattement et de la longueur de la flèche» qui les rendent moins stables.

Ils affirment également qu’une partie de la réglementation ne s’appliquera pas seulement en cas de pénurie de main-d’oeuvre, soit la possibilité pour un ouvrier dans un autre métier de la construction d’obtenir une carte d’apprenti pour devenir grutier sans avoir suivi la formation de grutier.

Les moyens de pression ont débuté jeudi dernier au chantier du nouveau pont Champlain entre Montréal et la Rive-Sud. Lundi, la grève s’est généralisée à plusieurs chantiers du Québec.

La Commission de la construction du Québec a fait savoir qu’elle avait lancé des enquêtes, tant pour cette grève qu’elle considère comme illégale que pour des cas d’intimidation. Des ouvriers ont en effet affirmé qu’ils étaient entrés au travail, lundi, mais qu’ils avaient été fortement incités à quitter le chantier.

Une grève serait illégale parce que la convention collective qui lie les associations patronales et les syndicats est en vigueur jusqu’en 2021.

De son côté, Mélanie Malenfant, porte-parole de la Commission de la construction, a indiqué mardi que «l’enquête se poursuit» sur ces dossiers. «On suit la situation d’heure en heure; on est tous un peu à la même place; on est tous un peu à se demander ça va être quoi la prochaine étape.»

Philippe Couillard exhorte les grutiers à retourner au travail

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a dit «enjoindre les grutiers à retourner au travail le plus rapidement possible».

«C’est dans leur intérêt. On peut très bien discuter avec eux, surtout s’ils pensent qu’il y a des enjeux de sécurité. Moi, ça m’intéresse d’en savoir plus. Mais avant tout, il faut mettre fin à la grève illégale, je le répète, il y a des conséquences à ça», a dit le premier ministre en mêlée de presse.

Questionné sur la possibilité d’une loi spéciale, M. Couillard a répondu que ce ne serait «probablement pas nécessaire», et que la Commission de la construction du Québec «dispose de pouvoirs importants pour agir».

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