Soutenez

Lendemain d'élection: examen de conscience au NPD

Justin Tang / La Presse Canadienne Photo: Justin Tang
Lina Dib et Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le plus grand perdant de l’élection partielle de lundi est prêt à travailler sur ses lacunes, mais assure que ni son identité ni son absence au parlement ne sont en cause.

Le chef du NPD Jagmeet Singh a vu son parti récolter un maigre 8,7 pour cent des votes à Chicoutimi-Le Fjord. Au lendemain de l’élection remportée par le conservateur Richard Martel, M. Singh a affronté les journalistes sur la colline parlementaire, leur offrant son analyse.

«On a eu beaucoup de temps où on n’était pas là», a-t-il plaidé, faisant référence aux mois où Thomas Mulcair a mené le bateau néo-démocrate en attendant l’élection d’un nouveau chef. «C’est clair, ces résultats montrent qu’on a beaucoup de travail à faire», a-t-il concédé. Toutefois, le chef du NPD est convaincu que ce n’est pas lui, le problème.

Lorsqu’il a été élu à la tête de son parti l’automne dernier, plusieurs ont douté qu’un sikh pratiquant et s’affichant en turban réussirait à convaincre les Québécois de voter pour lui. En ce dur lendemain de veille, M. Singh ne croit pas que son identité ait eu quoi que ce soit à voir avec le vote des Saguenéens.

«Pas du tout», a-t-il répété six fois, devant l’insistance des journalistes, refusant toutefois d’élaborer sa réflexion sur le sujet.

Son député Alexandre Boulerice lui a donné raison.

«Moi, l’expérience que j’ai eue, (…) c’était beaucoup plus le problème de… « C’est qui ce gars-là? » Il n’est pas connu (…) De mon point de vue, ce n’est pas son identité le problème, c’est plus sa notoriété le problème», a maintenu M. Boulerice, qui emmène son chef célébrer la fête de la Saint-Jean à Montréal, dimanche.

Un siège au Parlement ne serait-il pas utile, donc, à M. Singh afin d’augmenter sa notoriété? Le chef néo-démocrate a servi sa réponse habituelle: c’est une option à laquelle il est ouvert.

En attendant, il est question de séjours prolongés au Québec. «Il est humble, il est réaliste et volontaire pour faire les changements nécessaires pour que ça ne se reproduise plus», a noté M. Boulerice, qui venait de participer à une rencontre des députés québécois avec le chef. «Tout est sur la table. On va regarder l’ensemble de l’organisation du NPD au Québec», a rapporté le lieutenant québécois de M. Singh.

Les autres perdants

En contraste avec l’examen de conscience semi-public des néo-démocrates, les libéraux avaient moins de choses à dire sur leur défaite, eux qui avaient gagné le comté en 2015. Le député libéral Denis Lemieux a démissionné en novembre, citant des raisons familiales.

À son arrivée à son bureau mardi matin, le premier ministre n’a pas voulu répondre au «pourquoi», préférant servir les félicitations d’usage au gagnant et les remerciements habituels à sa candidate défaite Lina Boivin.

«Évidemment, je veux remercier tous les électeurs, tous les candidats, notre candidate Lina Boivin qui a fait un excellent travail. Je veux féliciter Richard Martel aussi», a simplement offert M. Trudeau avant de tourner les talons.

«Les gens ont fait leur choix. Ce qui compte, c’est que nous, on est le gouvernement. On va continuer de travailler pour eux», a commenté son ministre François-Philippe Champagne, avant de rejoindre la réunion du conseil des ministres.

À la sortie de cette même réunion, le ministre Jean-Yves Duclos parlait d’un «certain nombre de facteurs» expliquant la victoire conservatrice, n’en citant qu’un seul, toujours le même. «Le candidat qui a été élu hier était très connu (…) et les gens aiment bien avoir quelqu’un qu’ils peuvent facilement reconnaître», a dit M. Duclos.

Invité à dire si la défaite était symptomatique d’un problème plus généralisé pour la marque libérale, le député montréalais Marc Miller a suggéré qu’il y avait peut-être un fossé entre les comtés ruraux et urbains.

«Je parcours mon comté au centre-ville de Montréal, la cote (libérale) est très haute, et donc, je ne vois pas ça personnellement. Il y a peut-être plus de travail à faire dans les régions à l’extérieur de Montréal… mais l’analyse, je ne l’ai pas faite encore», a dit M. Miller.

Le président du caucus du Québec, Rémi Massé, a parlé d’un «concours de circonstances». Il a assuré que les libéraux «entendent le message» que leur a envoyé «la population de Chicoutimi».

Quel est ce message? «Ils ont soulevé différentes choses, ils ne comprenaient pas encore notre programme au niveau de la légalisation de la marijuana (…)», a-t-il cité en exemple, sans aller jusqu’à dire que cela avait été la fameuse «question à l’urne» pour les électeurs.

Autres leçons à tirer?

Le Bloc québécois et Québec debout refusent de voir dans le résultat de l’élection partielle une indication pour leur avenir.

Rhéal Fortin, d’abord, rappelle que les électeurs de Chicoutimi-Le Fjord ont, dans un passé récent, essayé tous les partis politiques. «On peut bien dire que c’est une course à deux. Moi, ce que je vois, c’est une course à la satisfaction, une course à qui va nous représenter comme du monde», a-t-il argué en mêlée de presse. M. Fortin veut donc y voir un message encourageant pour son parti naissant.

«Je pense que c’est très conjoncturel de la crise qu’il y a eu au Bloc québécois», a, quant à lui, analysé Mario Beaulieu. Selon lui, la candidate bloquiste a été victime des circonstances et ce scénario ne se répétera pas en 2019.

Tour de piste victorieux pour Scheer

Le chef conservateur Andrew Scheer s’est arrêté, pour une rare fois, à l’entrée des Communes afin d’exprimer sa joie devant les caméras, mardi après-midi. «C’est le résultat de six mois de travail à Chicoutimi de Richard Martel, mais également plus d’un an de travail de notre équipe, notre caucus conservateur québécois», s’est-il vanté, tout sourire.

Une fois à l’intérieur de la Chambre, il a ouvert la période des questions avec deux sujets qui préoccupent le gouvernement et les citoyens québécois: la culture à domicile du cannabis et les tarifs américains sur l’aluminium canadien.

Résultats:

Le conservateur Richard Martel 52,7 pour cent

La libérale Lina Boivin 29,5 pour cent

Le néo-démocrate Éric Dubois 8,7 pour cent

La bloquiste Catherine Bouchard-Tremblay 5,6 pour cent

La verte Lynda Youde 3,1 pour cent.

Taux de participation: 36 pour cent

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.