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Guerres d'enchères immobilières à Montréal

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz
Ross Marowits, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le marché de l’immobilier en plein essor à Montréal a engendré des guerres d’enchères, un phénomène courant au cours des dernières années sur les marchés frénétiques de Toronto et de Vancouver, mais un phénomène rare dans la deuxième plus grande ville du Canada.

Un mélange d’un haut taux d’occupation, d’une économie québécoise solide et d’un afflux d’acheteurs étrangers a fait en sorte que les prix des propriétés dans le Grand Montréal ont dépassé la moyenne nationale pour la première fois en sept ans.

Contrairement aux performances mitigées des marchés de Toronto et de Vancouver, qui ont tendance à dominer les manchettes, le marché montréalais est sur une trajectoire solidement à la hausse.

La Chambre immobilière du Grand Montréal a déclaré que les ventes de propriétés avaient augmenté en juillet pour un 41e mois consécutif, atteignant un sommet de huit ans pour le mois. Le prix médian des maisons unifamiliales a augmenté de 6 pour cent par rapport au même mois de l’an dernier à 336 250 $, ce qui demeure beaucoup moins élevé qu’à Toronto, le plus grand marché canadien, où le prix moyen des maisons était de 782 129 $ en juillet.

La situation de guerre des enchères — dans laquelle l’intérêt pour une propriété est si fort que les vendeurs peuvent solliciter des prix supérieurs au prix demandé de plusieurs acheteurs et choisir la meilleure offre — est particulièrement forte dans l’ouest de l’île de Montréal, où près du quart des maisons ont été vendues à un niveau supérieur au prix affiché au deuxième trimestre, selon Royal LePage.

Les vendeurs sur l’île de Montréal ont reçu des offres d’environ 15 000 $ ou 3,5 pour cent de plus que le prix demandé, a indiqué Dominic St-Pierre, directeur principal de Royal LePage au Québec.

«La situation va probablement s’aggraver avant de s’améliorer, la demande est toujours forte et l’inventaire continue de baisser et il va probablement continuer de baisser durant six à neuf mois avant de se stabiliser», at-il soutenu.

La perspective de nouvelles hausses des taux d’intérêt, de nouvelles inscriptions et de la construction de nouvelles habitations finira par équilibrer le marché et allégera la pression sur les acheteurs, a-t-il ajouté.

Il faut remonter à dix ans pour un tel marché des vendeurs à Montréal, avant la crise financière.

Pour les acheteurs, la guerre aux enchères peut être un processus extrêmement stressant et coûteux, mais pour les vendeurs, cela présente d’énormes occasions de gagner de l’argent.

Elena Trigiani et son mari, Thomas Poirier, ont récemment été forcés de payer 15 pour cent de plus afin d’avoir le dessus sur six autres soumissionnaires.

«Le prix en toute honnêteté a été établi à cause d’une guerre d’enchères», a confié la future mère de 29 ans.

La maison de deux étages à Pointe-Claire, une banlieue insulaire, a été vendue 60 000 $ au-dessus du prix demandé de 400 000 $.

Le couple s’est préparé à la bataille après avoir vu beaucoup d’amis rater une occasion en hésitant à trop accentuer leur offre.

«Nous savions que nous devions pouvoir réagir rapidement si nous trouvions la maison recherchée, et c’est ce que nous avons fait», a-t-elle indiqué.

Vendeurs, Megan Mallette-Di Liello et Patrick Vena ont profité des avantages de l’autre versant en recevant 20 000 $ supplémentaires lorsqu’ils ont vendu leur maison inscrite à 735 000 $ à Beaconsfield, à proximité.

Les parents de deux jeunes enfants savaient, grâce à leurs amis, qu’il y avait une possibilité de multiples offres, mais ils ne voulaient pas trop s’emballer.

«Nous sommes vraiment satisfaits. Nous ne nous attendions pas à cela», a-t-elle déclaré.

Mme Di Liello avait entendu parler de vendeurs qui s’étaient délibérément inscrits à bas prix pour créer une guerre d’enchères.

«Ce n’était pas notre intention. Nous estimions que ce que nous avions affiché était juste, et nous avons été surpris d’obtenir plus», a-t-elle confié.

Bien que le marché immobilier montréalais soit solide, le nombre de surenchères est faible par rapport à Toronto et à Vancouver, où certaines maisons ont attiré de nombreuses offres au cours de leur période faste et ont été vendues pour 100 000 $ de plus que ce qui était demandé.

Cette dynamique a ajouté à la frénésie des acheteurs et a encouragé les enchérisseurs perdants à payer plus lors des ventes ultérieures, a souligné Brad Henderson, chef de la direction de Sotheby’s International.

«À la guerre d’enchères suivante, ils étaient beaucoup plus déterminés et c’est l’une des causes de la hausse des prix», a-t-il affirmé en entrevue.

M. Henderson croit également qu’il y a plus de marge de manoeuvre pour les guerres d’enchères pour les maisons dont le prix est inférieur à 1 million $, en raison des prix plus bas des maisons à Montréal.

Des agents immobiliers de Montréal affirment que l’afflux d’acheteurs étrangers ayant suivi l’imposition de taxes à Toronto et à Vancouver a fait une différence même si leur nombre est relativement faible.

L’absence d’options de logement pour les personnes âgées est un autre facteur dans l’Ouest de l’Île. Cela a convaincu les baby-boomers de s’accrocher à leurs grandes maisons, a déclaré Jay Deakin, propriétaire de Deakin Realty.

La volatilité a rendu difficile la tarification des maisons et crée des incertitudes pour les mois à venir, a-t-il indiqué.

«Je voudrais dire que nous avons tous vu cela arriver, mais la plupart des courtiers à qui j’ai parlé n’ont pas vu les 18 derniers mois arriver. Nous ne nous attendions pas à ce type d’augmentation», a-t-il ajouté.

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