Soutenez

Des frais remboursés pour les proches des victimes

Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Il est déjà horriblement difficile de vivre la perte d’un proche assassiné. Mais de devoir en plus subir des pertes financières pour assister au procès du meurtrier ajoute du stress à la douleur. C’est pour cette raison que le gouvernement du Québec permettra désormais de rembourser aux proches des victimes certains frais de déplacement, d’hébergement et de repas.

Il sera possible à deux proches — parents, enfants, conjoint ou personne significative, par exemple un ami — de réclamer ces frais, sur présentation de pièces justificatives.

Deux proches d’une victime y auront droit, pour un maximum de 2000 $ chacun. Ils pourront réclamer leurs frais dans le cadre du «Programme de soutien pour les proches des personnes décédées à la suite d’une infraction criminelle».

«Ça vient juste remettre un petit peu de justice», a dit Nathalie Beaulieu, la mère de Clémence Beaulieu-Patry, assassinée dans un supermarché Maxi de Montréal en avril 2017. La femme a assisté avec son mari au procès de l’homme accusé du meurtre de leur fille. Son conjoint n’a reçu aucun salaire durant le procès, a-t-elle confié.

La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a annoncé ce nouveau programme mardi au palais de justice de Montréal, en compagnie de la directrice générale du CAVAC (Centre d’aide aux victimes d’actes criminels) de Montréal, Jenny Charest, et de quelques parents d’enfants assassinés.

«Cela vise à amoindrir les soucis pécuniaires des proches», a expliqué la ministre.

Mme Vallée a souligné qu’on lui a rapporté que les familles n’ont pas forcément les capacités financières pour assister au procès criminel, alors qu’il peut s’agir d’un moment crucial pour elles dans le processus de deuil, pour comprendre ce qui s’est passé ou encore pour honorer la mémoire de la personne disparue. Parfois, le procès se déroule dans une autre ville que celle où ils demeurent, et certains peuvent durer quelques mois. Les coûts s’additionnent alors.

Il ne s’agit pas d’une question politique, mais humaine, a-t-elle souligné.

Elle a rappelé que ceux qui travaillent avec les proches des victimes, et les proches eux-mêmes, lui ont expliqué ce qu’ils ont vécu, notamment «à quel point il était humiliant de traîner sa boite à lunch au palais de justice» pour assister au procès de l’assassin de son enfant. «Il faut faire preuve de plus de compassion», a dit la ministre.

Mme Beaulieu, présente lors de l’annonce mardi, a quant à elle rappelé que les témoins, incluant ceux de la défense, reçoivent un dédommagement pour leurs déplacements et leurs repas, entre autres.

«Mais pas nous», a-t-elle dit, ajoutant qu’elle avait trouvé le procès très difficile.

«Ça te replonge dans le drame que tu as vécu, alors la portion financière, c’est encore plus un poids.»

Elle dit avoir demandé à Mme Vallée de penser à une façon d’aider les proches des victimes. Et elle espère que le résultat de l’élection prochaine ne viendra pas anéantir ce nouveau programme d’aide financière.

Il sera administré par le réseau des CAVAC et les proches pourront en bénéficier d’ici la fin de l’année.

Une enveloppe de 480 000 $ sera disponible annuellement, et la somme pourra être adaptée selon les besoins. Sur la base des statistiques des années passées, le gouvernement anticipe quelque 120 demandes. Cet argent provient des contributions pénales payées par les contrevenants au Québec.

Le réseau des CAVAC offrait déjà du soutien aux familles, notamment de l’aide psychologique.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.