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Manon Massé: «Toute avancée [pour Québec solidaire] va être une victoire»

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot
Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Québec solidaire (QS) ne se fait pas d’illusion: pour le parti de gauche, le grand soir ne surviendra pas le 1er octobre.

Qu’importe. L’important aux yeux de la porte-parole du parti, Manon Massé, qui fait office de «chef» durant la campagne électorale, consiste à agir «avec constance, persistance et persévérance» pour faire avancer ses idées, avec l’espoir, qu’un jour, les électeurs québécois y adhéreront.

Le parti — qui n’a pas de chef, selon ses statuts — compte actuellement trois sièges à l’Assemblée nationale. Le soir du 1er octobre, «toute avancée va être une victoire», commente la leader politique du parti le plus marginal des quatre partis représentés au parlement, modeste dans ses attentes, au cours d’une longue entrevue à La Presse canadienne faite récemment en prévision de la campagne électorale, autour d’un café, sur une terrasse de la rue Cartier.

«C’est quoi notre idéal? Que le peuple comprenne qu’il a le droit de rêver en dehors de la case que lui proposent les vieux partis», dit Mme Massé, qui en est à ses premières armes dans un rôle de chef de parti en campagne électorale.

Est-ce que cela lui fait peur d’en découdre quotidiennement sur le terrain avec Philippe Couillard, François Legault et Jean-François Lisée, plus aguerris qu’elle et rompus aux aléas des campagnes électorales?

«C’est sûr que j’ai des appréhensions, c’est sûr que j’ai certaines craintes», admet la députée de Sainte-Marie – Saint-Jacques qui a dû s’y prendre à cinq reprises avant d’être élue députée.

Les trois débats des chefs qui sont au programme lui permettront de se faire valoir, même si elle ne demeure pas convaincue que la formule soit un atout pour la démocratie.

«Je vais avoir du plaisir. Je ne me prendrai pas trop au sérieux», promet celle qui sera la seule femme à y prendre part, une élue au style inclassable, allergique au formatage politique, et qui entend bien se présenter aux téléspectateurs «au naturel», comme d’habitude.

«On est en train de tuer la planète»

Québec solidaire veut faire de la lutte aux changements climatiques un enjeu central de la prochaine campagne électorale.

«On achète des VUS (véhicules utilitaires sport) plus que jamais. Il y a un problème!», selon la politicienne, convaincue «qu’on est en train de tuer la planète» avec les gaz à effet de serre produits par de gros véhicules polluants.

Il est donc «urgent» d’intervenir, selon celle qui juge que libéraux et caquistes n’ont aucune crédibilité à ce chapitre, en pleine contradiction en faisant la promotion des hydrocarbures ou d’un troisième lien entre Québec et Lévis, tout en se disant en faveur de la lutte aux changements climatiques.

«Heille man, la transition elle passe pas par ça!», proclame la députée, selon laquelle le Québec «s’en va dans le mur» avec le PLQ ou la CAQ, «du pareil au même».

Dans les prochains jours, QS présentera son plan de transition énergétique qui comprendra des «cibles extrêmement ambitieuses» de réduction des gaz à effet de serre (GES).

Le plan portera sur l’énergie, mais mettra surtout l’accent sur un recours massif au transport en commun, pour diminuer la production de GES. On sait déjà, par ailleurs, que le programme de QS promet la gratuité des transports publics.

Le parti veut «collectiviser les déplacements» et faire en sorte de diminuer progressivement l’usage de la voiture individuelle.

«On n’est pas nés pour travailler»

Au-delà de l’enjeu climatique, il y a un enjeu social relié à la gestion du transport des personnes, aux yeux de Mme Massé.

Dans la situation actuelle, les gens n’ont plus de qualité de vie, selon elle, endettés jusqu’aux oreilles et obligés de passer des heures dans le trafic pour se déplacer tous les jours.

«On n’est pas nés pour travailler, les humains, on est nés pour vivre!», dit la députée, clamant assumer totalement le programme de son parti.

Ce programme, bâti au cours des 12 dernières années, il lui «ressemble profondément», avec son objectif de «dépasser le capitalisme», s’attaquer à la surconsommation, nationaliser les banques et l’usage des ressources naturelles, faire passer la semaine de travail de 35 à 32 heures et offrir des services de garde universels gratuits, notamment.

Mais combien coûtera tout cela? Et qui payera la facture? À quoi s’attendre en termes de hausses de taxes et d’impôts?

Mme Massé n’élabore pas sur le sujet, mais s’engage à présenter durant la campagne un cadre financier crédible. «On a des économistes à QS», dit celle qui veut diriger un parti dont la priorité ne sera pas d’«équilibrer des colonnes de chiffres».

Il faut toujours garder à l’esprit que Québec solidaire, ce n’est pas un parti comme les autres, «c’est un projet de société», rappelle Manon Massé.

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