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Être aveugle ne l'empêche pas de se présenter

Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes
Sidhartha Banerjee, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Camille St-Laurent, candidate de Québec solidaire dans la circonscription de Marguerite-Bourgeoys, souhaite que les électeurs voient au-delà du fait qu’elle est aveugle.

Selon le parti de gauche souverainiste, Mme St-Laurent, âgée de 23 ans, est la première candidate malvoyante qui tente de se faire élire à l’Assemblée nationale.

La jeune candidate est fière de briguer les suffrages, qu’elle soit oui ou non la première à le faire. Elle se dit à l’aise avec l’idée d’être une source d’inspiration pour les autres.

Toutefois, elle espère bien que les électeurs ne voteront pas pour elle qu’à cause son handicap.

«Je veux que les gens voient au-delà de ça et puissent découvrir ce que je peux leur donner. Les expériences que j’ai vécues, je veux les partager avec eux», a-t-elle dit au cours d’un entretien téléphonique.

La novice en politique a décidé de faire le saut l’hiver dernier après avoir consulté sa famille et des amis.

Il y a quatre ans, se présenter à des élections aurait été une pensée vite oubliée dans l’esprit de la femme native de Granby, en Montérégie. C’est alors que, toute jeune mariée, Mme St-Laurent a perdu la vue à cause d’un décollement des rétines.

Aujourd’hui, la candidate solidaire dit que sa période de deuil est terminée. Selon elle, la politique est un moyen d’avancer dans la vie.

«Je me suis dit: ‘Pourquoi pas? Pourquoi ne pas essayer, raconte-t-elle. Pour moi, c’est une expérience de vie. Oui, je peux le faire. Oui, je suis une non-voyante. Oui, j’ai 23 ans, mais ce sont des forces que je peux utiliser lorsque je rencontre des gens.»

Partisane de Québec solidaire, elle a commencé à s’impliquer au sein de la formation à l’automne dernier. Peu de temps après, le parti l’a approchée pour savoir si elle aimerait présenter sa candidature.

Demeurant dans l’est de Montréal, là où la base politique de Québec solidaire est solide, Mme Saint-Laurent a choisi la circonscription de Marguerite-Bourgeoys, dans l’ouest de Montréal, là où le parti n’a jamais dépassé les 1508 votes lors d’un scrutin.

Aidée par une équipe de bénévoles, elle dit en apprendre toujours davantage sur sa circonscription multiethnique dont une partie de la population est d’origine sikhe. Sa première visite dans le comté s’est déroulée dans un gurdwara, un lieu de culte des sikhs, en compagnie de son mari, un sikh.

Elle souligne que son handicap lui permet de mettre en avant son empathie, son ouverture d’esprit et sa volonté d’écouter les autres.

«Pour moi, c’est beaucoup plus qu’une force d’avoir perdu ma vision que quelque chose de négatif», dit-elle.

Marguerite-Bourgeoys est un château fort libéral. Qui plus est, la candidate libérale est la ministre Hélène David. Il faut être un peu intrépide pour s’y présenter en défendant un parti souverainiste. Mme St-Laurent soutient que sa première semaine de porte-à-porte s’est bien déroulée.

Et c’est ainsi que quatre ans après avoir vécu un drame qui a changé sa vie, la jeune femme est prête à contribuer à la société par l’entremise de la politique.

«Si on veut du changement, vaut mieux l’obtenir soi-même et tenter sa chance.»

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