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Marc Demers: «Les citoyens de Laval peuvent revendiquer les mêmes services que les citoyens de Montréal»

Photo: Chantal Levesque/Métro

Laval ne bénéficie pas du statut particulier qu’ont Montréal et Québec, mais son maire, Marc Demers, espère que le prochain gouvernement provincial donnera plus d’autonomie à la troisième plus grande ville du Québec

Avec les villes de la couronne nord, vous réclamez au futur gouvernement du Québec de nombreux projets de transport. Pourquoi, à Laval, c’est autant un enjeu?
Les Basses-Laurentides et Laval, on représente environ un million de personnes, mais j’ai l’impression qu’on a un poids politique plus grand que notre poids démographique. Cette région peut être déterminante pour décider qui sera le prochain gouvernement.

Alors, ensemble on s’est fait un programme dans un Forum sur la mobilité. Il faut une vision régionale. La congestion à Laval influence les Basses-Laurentides et Montréal, et vice versa.

On demande des voies réservées sur les autoroutes 13, 15 et 19 et de compléter la 19. On a une belle feuille de route d’arriver avec des beaux projets qu’on réalise en partie : la 19, la 13, la 440. On fait des projets et on ne les réalise pas ou juste en partie.

Ces autoroutes ça fait longtemps qu’on les réclame à Laval et dans la couronne nord. Mais maintenant vous demandez aussi un tramway qui passe d’est en ouest, un prolongement de la ligne orange. Qu’est-ce qui a changé?
Aujourd’hui, avec les alertes au smog, la pollution, on veut s’inspirer de ce qui s’est fait dans d’autres grandes villes, notamment dans les pays scandinaves. Est-ce qu’on peut rendre ce transport alléchant à un tel point que des gens pourrait choisir le transport en commun plutôt que l’automobile?

La ligne orange, c’est aussi un projet non-complété qui devait faire un cercle. Le matin, les gens de la couronne nord et de Laval, embarquent dans le métro et ça embarrasse même les gens d’Ahuntsic, qui se plaignent que c’est plein. Au lieu de faire la boucle, qui coûterait très cher, on peut prolonger à Laval la ligne qui est actuellement à Saint-Laurent. Donc, le matin, il y aurait deux portes d’entrée. Ça décongestionnerait le métro pour Montréal, pour Laval, et ça offrirait une multitude d’options pour les gens des Basses-Laurentides qui veulent utiliser le transport en commun.

C’est votre demande qui inclut le plus Montréal. Qu’est-ce qui explique que vous n’ayez pas fait aussi front commun avec les maires de l’île de Montréal et Valérie Plante? On dirait que tout le monde tire la couverture de son côté.
C’est une façon de voir ça. Quand je parle avec Mme Plante ou la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, on est tous fiers que la mobilité soit devenue un des principaux enjeux de la campagne électorale. On a tous la même vision qu’il faut bonifier la mobilité active, bonifier le transport en commun. On est comme une équipe de hockey, on vise tous la Coupe Stanley, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de compétition sur les trios. Les trois trios veulent être le premier trio de l’équipe.

La vraie solution est peut-être de sensibiliser le gouvernement pour dire qu’il ne serait pas gagnant pour la population du Québec que le gouvernement du Québec investisse davantage dans le transport en commun. Là-dessus on est unis et on a la même vision. Oui on va défendre nos dossiers, mais le fait de défendre nos dossiers permet à notre idée globale d’avancer.

Vous demandez à Québec plus de pouvoir au niveau du logement social. Pourquoi?
Laval met 7 M$ dans le logement social par année à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Et parce qu’on n’est pas reconnu comme une ville mandataire, il y a plusieurs projets qui ne lèvent jamais. Donc, on se trouve depuis des années à subventionner les logements ailleurs. On a 15% de notre population qui vit sous le seuil de la pauvreté, les listes d’attente sont énormes. On a un manque de logement social. La ville de Gatineau, de Québec et de Montréal ont le statut de mandataire qui leur permet de réserver leurs sommes. Nous on veut avoir ce statut. On veut que l’argent des Lavallois serve pour les Lavallois dans le besoin.

Donc, toutes les grandes villes du Québec devraient gagner plus de pouvoirs comme ceux qui ont été délégués à Québec et Montréal par la Loi sur le statut de métropole et le statut de capitale?
Définitivement. Est-ce que le gouvernement peut arrêter de nous traiter comme des enfants et qu’on ait à demander la permission sur tout? Qu’il nous donne des pouvoirs, respecte l’autonomie des municipalités et nous tienne imputable de ce qu’on va faire. Il y a des sujets plus sensibles, comme l’environnement, où il y a peut-être des dommages irréversibles qui peuvent être faits, mais pour d’autres sujets comme l’habitation, arrêtons de devoir demander des permissions, qui souvent restent sans réponse pendant des mois.

Laval étant une région qui est aussi une île et une seule ville, est-ce que vous êtes parfois isolé quand vient le temps de plaider face au gouvernement?
C’est sûr que Montréal a un poids beaucoup plus considérable, c’est un fait. Ceci étant dit, il y a des endroits où on ne se sent pas traité d’une façon équitable. En culture, Laval est depuis 20 ans la région la moins bien subventionnée. La culture est pourtant un levier économique formidable et aussi un élément qui influe sur la qualité de vie des citoyens.

Est-ce que c’est parce que le gouvernement pense que les citoyens de Laval iront de toute façon profiter de la culture à Montréal?
Ils peuvent se dire ça avec tout ce que ça implique au niveau des coûts et de la pollution. On est dans une ère où on parle de mobilité active et de services de proximité. Est-ce que Laval peut revendiquer les mêmes leviers économiques que d’autres villes? Est-ce que les citoyens de Laval peuvent revendiquer les mêmes services que les citoyens de Montréal? Je pense que oui.

Avez-vous choisi pour qui vous allez voter?
Je me garde un droit de réserve là-dessus. Évidemment, j’ai un passé politique [NDLR: Marc Demers a été candidat pour le Parti québécois en 2007 et en 2008], mais quand j’ai pris un mandat à la mairie, j’ai aussi pris le mandat de travailler avec les partis politiques qui sont choisis par la population. Je ne prendrai pas parti publiquement. Que ce soit la CAQ, le PLQ, le PQ ou QS, je vais travailler avec eux et je ne partirai pas avec une prise.

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