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SAQ: pas de privatisation, mais une libéralisation

Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Bien qu’il ferme la porte à une privatisation de la Société des alcools du Québec (SAQ), le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) souhaite libéraliser davantage le commerce des boissons alcooliques au moment où un rapport prévient qu’un changement au statu quo serait risqué.

Toutefois, Philippe Couillard a estimé samedi que sa position n’était pas contradictoire avec les conclusions du rapport commandé par Québec au printemps et rendu public vendredi après-midi.

«Par exemple, certains produits de niche spécifiques importés par les agences pourraient être offerts chez un détaillant privé, ce qui est un pourcentage microscopique des ventes de la SAQ», a-t-il expliqué, en point de presse à Montréal après s’être rendu sur les lieux de la tornade ayant ravagé un secteur de Gatineau plus tôt dans la journée.

Intitulé «Évolution du modèle d’affaires de la SAQ», le rapport de la firme PricewaterhouseCoopers avait été commandé par le gouvernement Couillard afin de brosser un tableau des répercussions d’une privatisation de la société d’État.

Ce document de 98 pages relève que «tous les scénarios de privatisation et d’augmentation de la concurrence» présentent une «proposition significative d’impacts négatifs lorsqu’ils sont comparés au statu quo».

Des trois degrés de privatisation analysés, le rapport a conclu qu’aucun scénario n’était favorable à l’heure actuelle. Le rapport conclut donc que «la prudence est donc de mise avant de procéder avec des changements importants dans le modèle d’affaires de la SAQ».

La libéralisation du modèle d’affaires de la société d’État est revendiquée depuis plusieurs années par la Coalition avenir Québec, qui veut carrément mettre fin à son monopole.

Réitérant son opposition à la privatisation de la SAQ, le chef libéral a expliqué qu’il ne voyait pas d’inconvénients à la vente de produits spécifiques dans le secteur privé, évoquant le nombre grandissant de microbrasseries et de distillateurs — dont les produits ne se rendent pas tous sur les tablettes des succursales de la société d’État.

«Il y a des produits qu’on ne trouve pas à la SAQ comme des produits québécois, a dit M. Couillard. Il y a plus de distillateurs, de plus en plus de microbrasseries et de vignobles. Est-ce que ce marché, cette niche, pourrait être une option?»

En ce qui a trait à l’exercice 2017-2018, le chiffre d’affaires de la société d’État a été de 3,5 milliards $. Le bénéfice net, qui correspond au dividende versé à l’État québécois, a été de 1,1 milliard $.

Par ailleurs, si son gouvernement a commandé une étude ayant coûté entre 175 000 $ et 225 000 $ selon l’appel d’offres afin de se pencher sur l’avenir de la SAQ, le chef libéral a semblé indiquer que son idée était déjà faite.

«Le scénario qui était dans ma tête est celui que je viens de vous dire, a répondu le chef libéral, invité à préciser ses intentions. Je n’ai jamais eu l’intention de vendre des succursales ou privatiser la vente au détail. C’était très niché et ciblé ce que je voulais faire.»

Il a ajouté qu’il y aurait également une autre analyse qui serait effectuée lorsque le PLQ, s’il forme le prochain gouvernement, aura fait son choix.

Le rapport de PricewaterhouseCoopers évoque 14 scénarios, mais n’en analyse que trois ayant un volet de privatisation ou d’accroissement de la concurrence. M. Couillard n’est pas allé jusqu’à qualifier le rapport d’incomplet.

«Il n’y a jamais de rapport parfait et de rapport qu’on ne peut pas doubler d’un sous-rapport ou d’un autre rapport», a-t-il dit.

Au cours d’un deuxième mandat, le PLQ voudrait également élargir l’éventail de produits disponibles en épicerie, tout en excluant les spiritueux. Le parti veut également faciliter la distribution des produits artisanaux et assouplir les règles sur l’embouteillage afin que plus de travail soit effectué dans la province.

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La SAQ en quelques chiffres:

— 6884 employés

— 407 succursales

— 432 agences

— 13 300 produits offerts dans le réseau et 12 000 autres en importation privée

(Source: rapport «Évolution du modèle d’affaires de la SAQ»)

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