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David Saint-Jacques était remplaçant du vol raté

Photo: Dmitry Lovetsky / The Associated Pressetsky
Sidhartha Banerjee et Giuseppe Valiante - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le voyage spatial de l’astronaute canadien David Saint-Jacques, prévu en décembre, est désormais incertain, à la suite d’une défaillance qui a forcé une capsule Soyouz, transportant deux astronautes, à effectuer un atterrissage d’urgence jeudi.

La Russie a annoncé qu’elle suspendait les voyages spatiaux habités jusqu’à la conclusion de l’enquête sur ce qui s’est passé lorsque la capsule Soyouz, qui transportait l’astronaute américain Nick Hague et le cosmonaute russe Alexei Ovchinin, a été larguée par sa fusée.

Des responsables des programmes spatiaux américains et russes ont assuré que MM. Hague et Ovchinin étaient en sécurité. Ils ont expliqué qu’une fusée était tombée en panne deux minutes après le décollage de la capsule à destination de la Station spatiale internationale, forçant un atterrissage d’urgence dans les steppes du centre du Kazakhstan.

David Saint-Jacques, 48 ans, de Saint-Lambert, faisait partie de l’équipe de remplacement pour le vol raté de jeudi et il était sur place pour assister au lancement.

Le Québécois doit théoriquement être à bord de la capsule pour un lancement prévu le 20 décembre à partir du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan. Il s’agira du premier voyage de M. Saint-Jacques à la Station spatiale internationale.

Selon l’astronaute canadien à la retraite Chris Hadfield, si le problème de la fusée se révèle plutôt simple et facile à diagnostiquer, il est possible que David Saint-Jacques puisse s’envoler dans l’espace «pas trop loin du moment prévu».

«Mais si c’est un problème compliqué — et les défaillances de fusées sont presque toujours des problèmes compliqués —, il leur faudra plus de temps pour trouver la source, alors il pourrait devoir attendre plusieurs mois», a commenté M. Hadfield lors d’une session de questions-réponses qu’il a animée sur Twitter, jeudi.

Les astronautes coincés dans l’espace
Chris Hadfield a souligné que les trois astronautes qui se trouvent actuellement dans la Station spatiale internationale «sont pratiquement coincés là-bas — indéfiniment à ce stade, jusqu’à ce que l’on puisse envoyer un autre appareil».

Un autre ancien astronaute canadien, Robert Thirsk, qui a été le premier Canadien à bord d’une capsule Soyouz lorsqu’il s’est rendu à la Station spatiale internationale en 2009, croit que selon la nature du problème, une solution pourrait être apportée en quelques jours.

Sauf que la capsule Soyouz destinée à transporter David Saint-Jacques en décembre est en cours d’assemblage, a révélé M. Thirsk. Si cet appareil est touché par le même problème que celui qui a fait défaut jeudi, «il n’y aura pas de lancement dans deux mois», prévient-il.

«Il faudra attendre des mois après que les correctifs auront été mis en place», avance l’ex-astronaute.

Gilles Leclerc, directeur général de l’exploration spatiale à l’Agence spatiale canadienne, affirme que les Russes ont fait leurs preuves en matière d’identification et de résolution rapide de problèmes.

«Nous verrons s’il y a un impact sur le calendrier de lancement vers la station spatiale», a réagi M. Leclerc depuis le siège social de l’agence à Longueuil. «En ce moment, l’Agence spatiale canadienne est en mode attente.»

Selon M. Leclerc, le plan demeure «d’envoyer David Saint-Jacques le plus tôt possible à la Station spatiale: pour mener des expériences, faire de la science et être la figure de proue du Canada pour le programme de vols spatiaux habités».

Il a ajouté que l’astronaute québécois, qui se rendait à Moscou, jeudi, avant de rentrer chez lui à Houston, ne perdrait pas sa place sur un prochain lancement en cas de retard. David Saint-Jacques n’était pas disponible dans l’immédiat afin de commenter l’événement.

«Le Canada détient une place d’équipage à la Station spatiale internationale — pour des vols tous les quatre ou cinq ans», a expliqué Gilles Leclerc. «Un Canadien rejoindra très bientôt la Station spatiale.»

Les astronautes préparés à toute éventualité
D’après Robert Thirsk, les membres de l’équipage à l’intérieur de la capsule Soyouz n’ont probablement jamais ressenti la peur lorsqu’ils ont constaté la défaillance d’une fusée.

«La peur serait reléguée bien loin dans votre tête», a-t-il expliqué. «Nous sommes entraînés à compartimenter. Si vous effectuez une mission exigeante, vous devez vraiment vous concentrer sur la tâche à accomplir et vous n’avez pas le temps de penser à des blessures, à la mort ou à votre famille».

Gilles Leclerc ajoute que les astronautes sont préparés à toutes les éventualités, y compris les atterrissages d’urgence comme celui de jeudi où les astronautes sont soumis à de lourdes forces de gravitation.

«C’était une expérience de haute force g. Les gens qui ont vécu ce type d’incident rapportent que c’est comme un accident de voiture», a-t-il décrit. «Mais ils semblent être en bonne forme physique.»

Les agences spatiales ont confirmé que les deux astronautes étaient en bon état après que leur capsule eut atterri à environ 20 kilomètres à l’est de la ville de Dzhezkazgan, au Kazakhstan.

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